1.31.2008
1.29.2008
coincer les coïncidences
Hier soir, en préparant mon sac en prévision de ma journée de travail d'aujourd'hui, j'ai y fourré les deux livres du sage Rumi que je veux rapporter à la bibliothèque après les avoir parcourus sommairement et décrété que de les avoir parcourus sommairement me suffisait. Hier matin, en feuilletant mon scrapbook, dans lequel je colle toutes sortes de références qui ont attiré mon attention, à la recherche de l'adresse d'un petit comptoir à sandwiches au centre-ville, qui finalement m'a déçu lorsque j'y ai pénétré, assez pour traverser la rue et aboutir au MBCo - voir liens - où j'ai dîné comme une reine, je suis tombée sur une référence d'un livre qui me semblait intéressant il y a quelques mois, assez du moins pour que je décide de coller sa référence dans ma petite bible. C'est l'histoire de l'homme d'affaires fondateur de Patagonia Yvon Michaud. Après quelques clics de souris qui m'amènent dans le Catalogue Iris de la Grande Bibliothèque, je vois que l'ouvrage est disponible dans sa version originale. Ma mission de ce midi: aller à la Grande Bibliothèque.
Arrivée là, je réussis à mettre la main sur la copie en moins cinq minutes et je redescends les deux paliers qu'il m'a fallu grimper pour aller le dégoter sur son rayon. Presque parvenue au guichet de location automatique, je reconnais Mx., l'amoureux de Sr. Je le suis depuis quelques mètres déjà, mais c'est seulement lorsqu'il se tourne un peu de côté que je le reconnais. Je l'interpelle vu qu'il n'est pas loin. Nous nous saluons après une bise échangée. Un employé nous fait signe de baisser le ton. Nous poursuivons notre petite conversation en brassant moins d'énergie. Il me dit qu'il loue La dolce Vita de Fellini pour sa douce qui ne l'a jamais vu. Je lui dis que je ne l'ai jamais vu non plus. Parle, parle, jase, jase, salue, salue. Me voilà rendue à nouveau sur le quai du métro.
Combien de gens y-a-t-il dans cette immense agglomération montréalaise? Plus de deux millions maintenant, c'est certain. Et puis voilà, je tombe sur Mx., comme ça, parce que nos lignes de temps ont décidé de se croiser. Moi, c'est ce que j'aime de cette ville, cette magie des rencontres spontanées. Habitant maintenant sur la rive-sud, j'ai moins souvent l'occasion d'écumer les coïncidences au coin des rues en les provoquant à force de me jeter dans le bonheur d'un trajet à pied. Maintenant, je marche sur mes heures de dîner surtout, en faisant les mêmes trajets avec un élastique invisible qui me relient à mon point de départ et de retour, l'immeuble où je bosse. Avant, c'est avant. C'est ce temps où je bifurquais au marché Jean-Talon pour aller chercher un ingrédient ou deux, juste pour le plaisir d'emprunter les trottoirs aux nombreux petits miracles pour rentrer.
Malgré cela, il y a encore des évidences de synchronicité. La preuve, après cette rencontre fortuite, des heures plus tard dans la journée, à ce moment où je me retrouve installée dans l'autobus qui me mène au paradis, je lis ce fameux livre que je voulais pour les jours qui viennent et je tourne une page et puis une autre. À un moment, l'auteur cite Antoine de Saint-Exupéry et je ne peux m'empêcher de sourire parce que le deuxième bouquin que j'ai décidé de prendre juste au cas où je terminerais l'autre plus vite que prévu ou qu'il ne soit pas intéressant, ce qui n'est pas le cas, c'est un livre de - eh oui - Antoine de Saint-Exupéry, son Vol de nuit que je n'ai jamais lu. J'ai choisi ce petit livre parce qu'en arrivant au premier niveau de la bibliothèque, là où les romans s'alignent presqu'à l'infini, je me suis laissée tenter par l'idée de mettre la main sur un titre du Marquis de Sade, par plaisir. Dans la rangée des S, je me rapprochais de mon but quand mon oeil a été accroché par le nom de l'auteur du Petit Prince. Sans plus réfléchir, je l'ai glissé de sa tablette et maintenu coincé contre l'autre choisi, heureuse d'avoir enfin l'occasion de parcourir cette oeuvre dont j'ai beaucoup entendue parler au travers d'autres lectures.
En rentrant au paradis, juste pour mettre une cerise sur le sundae des liens évidents, Nc., notre conseillère à la Caisse le Chaînon, nous avait laissé un message parce que c'est le temps des REER et que nous lui avions confirmé notre intention de cotiser cette année. Quand je la rappelle, je lui dis que tiens justement, j'avais l'intention de l'appeler pas plus tard que ce matin pendant ma pause, mais que les choses étant ainsi faites, un collègue, Al., m'a invité à me rendre avec lui au café et que j'ai accepté pour me dégourdir les pattes en bonne compagnie. Non, je ne lui parle pas du collègue, mais plutôt d'un empêchement parce que c'est une boîte vocale et que j'ai tendance à lui laisser de très longs messages, bien qu'elle ne m'en ait jamais fait le commentaire. Nc. et moi, lorsque nous nous parlons, il faut avoir beaucoup de temps devant nous, c'est comme ça et c'est tant mieux.
Deux autres choses à propos de cette journée truffée de petits glitchs amusants. D'abord, deux personnes m'ont parlé de mon orthèse au poignet que je porte depuis maintenant des mois. Mes collègues ne m'en parle plus depuis justement des mois. Aussi, ce soir, en passant la balayeuse en rentrant, je remarque une marque sur le mur et je pense au moment où il faudra tout repeinturer. Et puis, à l'heure du souper, M. me demande si je me souviens de nous deux en train de peinturer la cuisine, de rouler tous les murs de la maison. Hmm... oui. Encore un sourire.
Finalement, j'ai enfin reçu une première lettre d'une des trois maisons d'édition auxquelles j'ai envoyé mon manuscrit. Refusé. Voilà. Au moins, je sais maintenant que mes textes cachetés ont bel et bien traversé l'océan, moi qui m'inquiétais à ce sujet vu que c'est une employée de la poste qui avait complété les adresses lorsque je les ai envoyés parce que j'étais en retard pour le onzième. Il m'en reste deux à recevoir. C'est la maison d'édition dont j'espérais le plus une réponse positive, mais il m'en reste deux. Et ma prière ne cesse de réverbérer partout dans le cours des choses. Je suis publiée, je suis publiée, d'ici le 18 février 2008, je reçois une lettre d'une maison d'édition qui m'annonce que mon manuscrit Unis est publié chez eux. Et la coïncidence là-dedans, où se trouve-t-elle? Je ne sais pas. Peut-être dans le fait que papa vient de tomber ou s'apprête à tomber de l'échafaudage, il y a 19 ans et que le 18 février, il mourra encore, pour la 19e fois et que c'est lui qui passe le mot à Dieu que sa fille veut absolument être publiée s'il-vous-plaît monsieur le patron, elle travaille fort ma petite, vous le savez bien pourtant?
1.27.2008
jour de clocher
Dimanche au travail. Mais peu importe, dimanche tout de même. Rythme lent, heures paresseuses. Même l'épaule brûlante à taper devant l'écran pour gagner mon pain, j'ai l'impression de sentir la chaleur de mon lit qui m'englobe, la détente du soleil blanc. D'ailleurs, quand j'appelle M. sur mon heure de dîner, je le surprends le verre de vin à la main, à profiter du midi éblouissant dans la cuisine. Monsieur a terminé de nettoyer la salle de bain et les draps tournent dans la sécheuse. Oui, il peut bien siroter son rouge tranquillement.
Je sors marcher un peu. Ma mission est de trouver une palette de hockey pour mon amoureux. À force de jouer avec les boys à toutes ses heures de lunch au travail, le plastique s'use sur l'asphalte pour disparaître millimètre par millimètre. Devant les bacs contenant des palettes rouges d'un côté, noires de l'autre, j'opte pour la couleur la plus voyante en me mettant dans la peau d'un collègue qui veut viser son bâton à quelques mètres du but. Le rouge, la corrida, classique.
En me rendant à la caisse, j'aperçois du coin de l'oeil une cloche à gâteau. Sachez que j'en cherche une depuis quelques mois de façon passive. Une cloche à gâteau pour mettre ma tarte banane-chocolat sous le dôme, mes cupcakes aussi. Une cloche à gâteau. Parce que c'est un contenant dont l'utilité n'est pas constante, mais tout de même ponctuelle. Une cloche à gâteau. Parce que j'habite maintenant une maison, le paradis de surcroît, où une des nombreuses armoires de la cuisine peut accueillir ses formes rondes sans embarras. Alors cette cloche, ce qui la différencie des autres et qui me l'a fait acheter, c'est que sa conception ingénieuse me permet de la transformer en bol à punch ou en plateau à crudité, bol à trempette inclus, en manipulant les deux pièces qui la constitue. L'univers connaît mon côté pratico-pratique. Il savait bien que je serais séduite par l'aspect multifonctions de cet objet. Une petite joie pour la ménagère en moi. Un grand merci pour cette attention bien appréciée. Pensez et vous recevrez. Imaginez toutes les possiblités.
1.25.2008
pêle-mêle
+ Tout d'abord, je dois vous dire que je retire le lien "va-et-vient, bistro culturel" parce qu'en lisant un article parlant du quartier Saint-Henri, j'ai appris que le dit endroit a fermé ses portes au mois d'avril dernier.
= Ensuite, je veux vous inviter à vous rendre sur le site internet www.starfrit.com pour découvrir leur nouvelle gamme d'outils de cuisson écologiques, sous le titre "Revêtement Ceram-Eco". Avec leur surface antiadhésive en poudre de céramique, leur aluminium recyclé à 99% et leur manche en bambou, ces poêles et marmites vous permettent d'enfin dire au revoir à la toxicité du Teflon sans hypothéquer le plaisir de cuisiner simplement et sainement.
* Aussi, je vous invite à parcourir un autre site internet que vous pourrez explorer selon vos intérêts culturels puisqu'il regroupe beaucoup de courts vidéos d'artistes en prestation, d'événements dansants de la belle métropole ou encore des topos: www.33mag.com. Bon épluchage.
- En plus, si vous avez la chance de mettre la main sur une copie du Voir de cette semaine (avec en page couverture Kain), filez à la page 1 du cahier "Voir la vie" et réglez-vous de cette initiative incroyablement altruiste de l'agence de publicité TAXI. Pour ceux et celles qui ne peuvent croiser un présentoir bourré du journal culturel dans la semaine qui suit, rendez-vous au www.15belowproject.com, mais sachez que le site est rédigé en anglais exclusivement.
# Finalement, si jamais vous entendez quelque chose de nouveau sur les airs de CISM (par exemple la chanson Tymer du groupe de rap acadien nommé Radio Radio) et qu'après vous être informés, vous ne pouvez pas trouver le mini-album ni chez HMV ni chez Archambault, il existe un endroit fantastique à deux pas du métro Mont-Royal sur la rue Rivard qui s'appelle L'Oblique où, si le dit mini-album recherché est toujours introuvable, l'on notera votre nom et votre numéro de téléphone dans un cahier spirale afin de communiquer avec vous lorsque la galette underground sur laquelle se trouve encryptée la chanson que vous voulez posséder pour la faire rouler aussi souvent que vous le désirez est arrivée.
1.24.2008
l'intimité
Je reviens tout juste du travail. Je rentre toujours à quelques minutes près du 4 h 30 sur mon horloge numérique affiché sur le four dans la cuisine. Je dépose ma boîte à lunch sur l'îlot et je lève les yeux comme pour me rassurer à tout coup en me disant "ça y est, il me reste un bon 45 minutes avant de commencer le souper". Ainsi, nous mangeons au plus tôt à 18 h, au plus tard à 19 h, à part pour des journées exceptionnelles comme dimanche dernier où nous cuisinons notre premier poulet à vie. Nous nous sommes alors attablés à 20 h 30. Heureusement, les deux autres repas de la journée avaient été repoussés eux aussi sur la grille horaire.
Dans l'autobus en rentrant, j'ai beaucoup avancé dans ma lecture. Depuis ce matin, je suis plongée dans une plaquette d'une centaine de pages écrite par Guillaume Apollinaire au début du 20e siècle. C'est mon amie Jl. qui me l'a refilé. Le livre s'intitule Les exploits d'un jeune Don Juan. Pour ne pas faire rougir mon beau-frère à Hong Kong, je dirai simplement que c'est le genre de lecture qui plonge dans la volupté. Losrqu'elle a parcouru mon manuscrit érotique, mon amie, qui est, soit dit en passant, professeure de littérature au Cégep, m'a recommandé de travailler un peu plus sur le raffinement de mes mises en scène parce que le tout est apporté de façon un peu trop crû selon elle. Jl. dit que mon récit se rapproche plus de la pornographie que de l'érotisme. J'ai presque pris cela pour un compliment.
Oui, je dis que j'ai écrit un livre érotique. Mais je sais aussi que ce que j'y décrit et la façon que je le fais est très direct, presque comme allumer des phares en plein ébat. Je veux que mon manuscrit fasse l'effet d'une loupe grossissante, pas pour déformer la réalité, mais plutôt pour la mettre en avant plan de façon crédible, en synchronisme avec la libération supposée des moeurs, sans histoire d'inceste innocent ni d'attouchements non assumés. Je veux mettre en scène la rencontre sexuelle entre deux individus, entre deux êtres portant chacun leur bagage érotique, leur histoire personnelle, leurs expériences intimes les ayant amenés à ce point de jouissance échangée.
Pour ceux et celles qui n'ont pas lu Unis, je peux vous dire que le fil conducteur est assez simple. Le manuscrit débute avec les révélations intimes d'une femme de 35 ans qui se remémore, entre autres, les fois où elle s'est exhibée à son voisin d'à côté, spectateur dans la mansarde. Le chapitre suivant, nous passons aux révélations intimes du dit voisin qui mentionne en passant la frigidité de sa femme. Dans le chapitre qui suit, nous apprenons que la femme en question n'est pas frigide, seulement lesbienne. Et ainsi de suite. Au suivant pour ainsi dire. Chaque chapitre est assez court. Aucun attachement aux personnages n'est vraiment possible parce que dès qu'il commence à se créer, nous découvrons un nouvel univers pour pratiquement oublier le précédent. Ce livre érotique est à feuilleter comme un album photo. Chaque chapitre est un condensé de détails parfois très crus, oui, mais parfois presque tendres.
Quoi qu'il en soit, j'aime bien lire des récits érotiques en plein autobus, surtout lorsqu'ils n'ont pas de titres trop révélateurs. Ça me permet de constater l'intimité de lire. Lire implique une coupure d'avec tout ce qui nous entoure, peut importe le contenu. D'ailleurs, quand je m'installe dans l'autobus, je m'accoutume aux bruits environnants assez rapidement pour ne plus qu'immerger qu'à quelques arrêts du mien. Si des voix brisent mon fond sonore, je suis déconcentrée et je perds le fil. Comme ce soir quand deux habitués qui descendent à mon arrêt ont engagé une conversation presque parvenus à destination. Désirant garder un peu de lecture pour mon voyage de demain matin, j'ai donc rangé bien sagement mon livre mince dans mon sac à ce moment. Je le rendrai à Jl. lorsque j'arriverai dans leur nouvelle demeure, demeure que j'ai bien hâte de voir puisque la première fois, l'endroit était un véritable chantier.
Jl. m'assure que ce lieu est celui de leur famille pour les années à venir. Tl., sa fille, claironne dans toute la garderie sa joie d'y habiter. J'ai rêvé que je visitais leur maison. Dans mon rêve, l'endroit était empreint d'une âme nomade et créative. Je reconnais là mes deux amis, Jl. et Tv. Vivement leur enracinement.
1.22.2008
mes gènes sont tes gènes
Nous revenons tout juste d'une visite chez ma soeur G. et Rb, son amoureux. Ils ont adopté un nouveau chien, un beau Labrador haut sur pattes au pelage aussi noir que la nuit des temps. Pendant que nous sommes tous debout dans le salon à regarder mon beau-frère lui apprendre à ne pas prendre les objets des mains et à ne pas happer la surprise du bout des dents, B. appelle de Hong Kong. G. et moi prenons chacun un appareil. Nous sommes heureuses de l'entendre à l'autre bout du fil. Bb., son mari, mon autre beau-frère, revient d'un voyage d'une semaine en Inde. Il a ramené des pashminas en soie et une lourde couverture en laine bouillie aux motifs si beaux que B. veut nous la montrer sur la webcam, alors nous descendons tous au bureau pour essayer de voir les teintes de cette pièce de tissu qui enchante B. Le manque de lumière nous empêche d'admirer cette oeuvre artisanale réalisée de main de maître. Mais parce que B. nous assure qu'elle est de toute beauté, nous savons qu'elle l'est. B. a le sens de l'esthétisme très développé. Elle aime les beaux objets, les beaux vêtements. Tout à la fois, elle est la reine des aubaines et des petits prix. Bb. lui a aussi rapporté deux aigue-marine, bien qu'elle n'en voulait qu'une pour se faire faire une bague éventuellement. Maman a une bague avec une aigue-marine. C'est de là que B. tient son idée. Telle mère, telle fille.
De parler de mes soeurs B. et G. me fait penser que je les ai mentionnées ce matin à mon voisin d'en face que j'ai rencontré à l'arrêt d'autobus. Sur le coup, arrivé à l'abribus, je ne l'ai pas replacé. Et puis, j'ai remarqué ses traits latins, sa tuque des hauts plateaux, ses baskets Nike blancs, ses jeans bas, son manteau dans l'air du temps. Je me suis souvenu de l'avoir vu sortir de la maison de la nombreuse famille guatémaltèque et traverser la pelouse en diagonale, chaussé de ses baskets blancs, vêtu de ses jeans bas. J'ai attendu d'être arrivée au quai à Bonaventure pour l'aborder et puis, nous nous sommes serrés la pince. Il s'appelle Jn. Il n'est pas le plus jeune des quatre frères bien qu'il soit le plus petit qu'il me dit. Il a commencé une formation d'un an au Collège Aviron, une école privée où il apprend le métier d'électricien. Ses cours débutent à 7 h. Il est en retard, mais bon, 7 h, c'est terriblement tôt. Je lui avoue qu'il est le deuxième des quatre que je rencontre officiellement et que c'est fou comme ils se ressemblent. Je lui dis que chez moi, nous sommes trois soeurs. Nous nous ressemblons aussi. Les frères et soeurs, ils viennent du même amour, alors c'est normal, non?
1.20.2008
popote au paradis
Pour dîner, un bon bol de minestrone, façon M.
Notre souper n'a rien à envier au meilleures adresses bistro en ville: poulet bio rôti exquis, frites maison croustillantes et rouge alliant grenache et syrah.
Comme dessert, cupcakes coco-bananes, glaçage à la limette, gracieuseté Jasmine Cuisine.
1.19.2008
hommage en deuil majeur
Pendant que le jour s'installe dehors et que Nougat le gros chat qui s'est fait détartrer les crocs pour la première fois de sa vie en douze ans mardi dernier pour nous revenir en top forme, ronronnant plus fort que jamais, fait la galette, en cillant paisiblement, sur le fauteuil de cuir beige près de moi, je me dis que cette semaine, ces derniers jours, une digue s'est ouverte et les mots coulent, coulent. J'ai envie d'écrire, beaucoup.
Mais cette semaine aussi, le sourire est revenu et avec lui, le rire, et la seule fois où j'ai un peu pleuré, c'était par débordement d'amour pour mon amoureux solide comme un chêne, qui a ployé sous la tempête qui m'a happée, après de longs mois de gestation insidieuse, mais sans jamais ne fendre ou céder. Ces derniers jours, il m'a démontré que Ludivine-la-superwoman peut s'appuyer sur lui et délester le rythme incessant. Tout est pris en charge. Monsieur est aux commandes. Dimanche dernier, par exemple, il m'a installée dans une strie de lumière jaune et vive, dose directe de vitamine D, et m'a obligée à demeurer assise là, appuyée au lave-vaisselle, où le Soleil plombait, pour vingt minutes ferme, en pleine corvée de ménage. Je suis restée assise, à gober ma pilule comme me l'avait prescrit mon docteur particulier, celui qui m'aime et me chérit.
Écrire. Pour vous dire aussi que cette digue, imaginez-vous, ce rempart invisible qui s'élevait entre moi et le onzième, là où j'ai craqué, mon milieu de travail, là où je passe plus de temps qu'au paradis, ce mur qui était devenu une pièce étouffante dans lequel il me prenait de plus en plus de temps pour trouver la lumière intérieure lorsque j'y pénétrais, là, se trouvait et se trouve encore la relation principale qui est à la source de mon malaise profond qui a enflé en catastrophe. Cette semaine, j'ai parlé avec Vr., mon amie, ma collègue. Enfin.
Vr. et moi, nous travaillons ensemble depuis environ deux ans et demi. Au début, je me souviens, nous étions dans le même équipe. À cette époque-là, nous ne nous parlions pas beaucoup à part pour nous saluer mutuellement et parfois pour se questionner l'une et l'autre poliment sur le travail à faire. Et puis, Gr. est arrivé. Ce clown extraverti à la puissance dix mille nous a réuni en quelques mois et nous sommes devenus un trio. Et puis, Gr. est parti et nous sommes restées elle et moi, liées maintenant par amitié. Les circonstances nous ont encore réunies dans la même salle de travail et notre complicité s'est développée, mais malheureusement, cette complicité nous a aussi mené à l'échange de pointes d'agressivité passive quand venait le temps du travail.
Comprenez-moi bien, ni moi ni Vr. ne sommes des personnes méchantes. Nous sommes respectueuses, sociables. Mais étrangement, entre nous deux, dans notre cas, dans celui de notre relation, quelque chose de très difficile à expliquer s'est installé. Professionnellement du moins. Bon, pour notre défense, je peux ajouter ici que plusieurs facteurs ont mis en scène cette tension insaisissable sur le coup: le départ de notre ami Gr., le concours de la permanence, les nouveaux projets au travail, l'adaptation à une panoplie de nouvelles méthodes de travail, notre équipe réduite, la proximité malsaine que ce dernier facteur a provoqué pendant des mois et j'en passe peut-être.
Quoi qu'il en soit, bien qu'il nous ait fallu des mois pour arriver à crever l'abcès, s'est fait. Nous avons eu plusieurs conversations heavy - dont une, la première à ce sujet, remontant même à septembre. Maintenant, comme par magie, pendant les deux derniers jours au onzième qui viennent de passer, j'ai eu l'impression de retrouver l'énergie qui m'animait dans mes premières années dans ce milieu. Je me sens libérée.
Alors pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant de parler avec Vr., surtout si nous sommes amies? Pour plusieurs raisons, mais je crois que la principale peut se résumer à ceci: parce que nous avons justement développé une amitié et que les tensions survenaient surtout lorsque nous étions en mode professionnel. Alors, nous avons voulu, chacune de notre côté, balayer le problème de notre confrontation sous le tapis. Confrontation parce que Vr. et moi, nous sommes similaires: leader, minutieuse, productive. Deux éléments alpha toujours embarqués l'un sur l'autre, ça fait des flammèches, c'est indéniable. Et flammèches il y a eues, mais deux minutes plus tard, étrangement, nous pouvions parler de recettes de Ricardo sans problème. Pendant des mois. Et non, nous ne sommes pas aveugles, seulement, peut-être avons-nous voulu nous épargner pour préserver notre amitié. Mauvais choix, de toute évidence.
L'important surtout, c'est de dire à quel point j'aime Vr. Et je lui ai dit. Et je lui ai cité Bob Marley (dans la chanson Who the cap fit) qui dit: Your worst enemy could be your best friend, And your best friend your worse enemy. Je lui ai dit parce que jusqu'à aujourd'hui, je n'avais jamais été aussi grugé par une relation amicale qui me donnait autant à la fois. Et c'est pour cela que j'ai cherché partout ailleurs la source de ma souffrance, partout ailleurs. Bien sûr, en me rapprochant du bobo, le onzième, en tant qu'entité, m'est apparu comme un candidat susceptible de pouvoir porter le lot de mon malaise profond, mon pattern, comme un autre. Bien sûr, parce que tout ce temps, le malaise qui m'étouffait était déguisé en amitié. Là se trouve la véritable tristesse.
Sur une toute autre note, je tiens à vous inviter à aller voir le nouveau blog de mon amie M-H: www.clichesurbains.canalblog.com. Le blog (l'ancien) de M-H est mort, vive le blog (le nouveau) de M-H!
Ah oui, une dernière petite chose. Je m'adresse ici à tous les automobilistes de la région métropolitaine. Hier soir, au coin des rues Masson et Papineau, un cycliste est venu se planter devant mon véhicule. Devant. Pas à côté. Devant. Dans le milieu de la voie. Monsieur à deux roues a décidé que la chaussée, la voie surtout, lui appartenait tout autant qu'à moi, le véhicule à quatre roues. Ce que je trouve aberrant surtout, ce que si quelqu'un décide une telle chose - qui en soit est aberrante parce que le code de la route ne stipule aucunement que les vélos ont les mêmes droits de circuler DANS les voies que les automobiles-, ne faudrait-il pas qu'il respecte l'ordre de priorité de chaque véhicule? Pendant que je vous écris, je me souviens de Rd., l'amoureux de Cl., la maman de M., qui nous racontait, à leur retour de France tout récemment, que là-bas, dans certaines régions, les vélos circulent justement dans les voies et que les automobilistes ne font que les dépasser comme ils le feraient avec un conducteur plus pépère.
Sur ce, bon week-end glacial. Préservez le croquant de vos oreilles et je vous donne des nouvelles du poulet que nous allons tenter de dorer aujourd'hui.
1.18.2008
c'est le début d'une belle journée*
Levez tôt ce matin malgré le fait que je travaille de soir cette semaine et que je me mets au lit autour de minuit. Je me suis levée tôt toute la semaine. Le sommeil n'arrivait pas à me retrouver une fois que l'alarme sonnait pour le réveil de mon amoureux.
Aujourd'hui, je me rends dans un endroit merveilleux, un autre, pour 11 h 30. Là, à cette heure précise, Cht. et moi avons rendez-vous pour souligner son anniversaire qui était hier, Cht. que j'apprends à connaître de plus en plus en dehors du contexte du onzième. Son écoute sincère, sa folie douce, sa générosité naturelle et une foule d'autres belles choses qui émanent d'elle me font apprécier sa présence. Chez Byblos aux murs de vitres, au mobilier de bois chaleureux, là où l'on sert une cuisine moyen-orientale, notre rencontre ne peut qu'être parfaite dans la luminosité voilée du matin enneigé.
Pendant que M. se préparait ce matin avant de quitter pour accomplir son dernier quart de travail avant une fin de semaine bien méritée, il s'est mis à chanter. Ça lui prend parfois de déconner sérieusement, en répétant en boucle des mots qu'il se met en bouche et auxquels il colle un air pathétique pour leur donner une poussée rythmique qu'il passe ensuite en boucle. Une forme de mantra obsessif tapant royalement sur les nerfs, mais qui, venant de lui, ne peut que me faire rigoler à tout coup. Ce matin donc monsieur se lance dans un "Seul sur la plage, les yeux dans l'eau..." guttural qu'il pousse à tue-tête de derrière la porte de la salle de bain. Animal des Muppets Show rencontre Roch Voisine et je me bidonne les deux mains dans l'eau chaude de mon évier, lancée dans une vaisselle au petit matin. C'est pour ça que j'aime M., parce qu'il délire parfois, parce qu'il joue, qu'il s'amuse. Comme un gamin. Je craque pour toi et cette fois, je craque parce que tu m'as transformée en fondant au chocolat avec tout ton amour enveloppant de cette semaine. Merci encore et encore et encore.
*Paroles de mon super héros qui, en terminant de déneiger la voiture, prend la peine de venir me les offrir, moi, en pyjama et les cheveux en bataille, debout derrière la fenêtre de la cuisine éclairée un étage au-dessus de lui, lui, emmitouflé jusqu'au cou, le balai à la main, debout sous les flocons fouettés par les courants, dans une noirceur bleue, les yeux rieurs.
1.16.2008
localiser le contentement
J'adore visiter des endroits merveilleux et quand il m'arrive de pénétrer dans un tel lieu, je prends plaisir à chaque regard posé sur chaque objet. Je voyage là où concevoir rime avec recevoir. Les choses bien faites sont autrement plus généreuses.
Parfois, c'est une boulangerie parce que la senteur chaude du pain frais m'attire. C'est sûrement ma génétique d'être humain interpellé par le réconfort d'une mie moelleuse depuis la nuit des temps qui opère. Rentrer dans une boulangerie artisanale équivaut pour moi à me blottir contre une personne qui m'aime et qui m'englobe. Sans mentionner que j'en ressors toujours avec quelque chose de doux à me mettre sous la dent. Alors aujourd'hui, je descendrai au métro Vendôme pour me rendre au Fournil sur Victoria. Demain, je prépare un ragoût de lentilles qui a besoin d'un bon pain pour l'accompagner. J'en profiterai pour prendre une de ces petites choses douces, un muffin, un cupcake ou peut-être même un de leur fameux carré aux fruits véritablement péchés tellement ils sont bourrés de babeurre. Médicament pour l'âme même quand l'âme va bien parce qu'il vaut mieux prévenir que guérir.
Hier, c'est un autre endroit fantastique qui m'a accueilli. Souvenez-vous, j'ai mangé un peu de dinde à Noël. Moi, la végétarienne ayant opté pour cette diète il y a neuf ans. Bien sûr, ce n'était pas la première fois que je mangeais un bout de viande depuis, mais ce n'était jamais quelque chose que j'avais cuisiné. Une fois, j'ai accepté des tranches de rôti de porc de ma grand-mère. Une autre, au tout début de mon nouveau mode de vie, je m'étais retrouvée attablée chez le père chasseur de mon amoureux de l'époque devant une portion de ragoût de gibier parce que, disait-il, il n'y avait rien d'autre à manger dans la maison, ce qui, après examen, était bien vrai. De toute façon, pour avoir moi-même chassé la perdrix justement à cette époque, je comprenais que cette viande venait d'une communion entre les différents éléments de la nature. Je me souviens avoir, avant ma première chasse, prié pour dire à Dieu que s'il voulait placer une poule sur mon parcours, libre à lui de le faire, mais, insistais-je, qu'il me donne la dextérité nécessaire pour abattre l'animal ailé de manière à lui apporter une mort rapide, peu douloureuse et propre, c'est-à-dire que sa chair puisse être consommée et non déchiquetée par les plombs de la carabine. Le chasseur n'est pas le braconnier.
Quoi qu'il en soit, l'idée de cuisiner un poulet trotte dans mon esprit depuis cette lecture que j'ai faite au début du mois de décembre, le fameux livre Animal, Vegetable, Miracle de Barbara Kingslover et sa famille. En fait, je dis que c'est à partir de cette lecture quand pourtant je suis à même de savoir que dans les dernières années, l'importance de mon régime repose surtout sur la valeur fondamentale du respect de la nature. Je suis en faveur d'une agriculture biologique, locale, à petite échelle, passionnée. Que ce soit des gens comme ce couple fondateur de la ferme familiale L'Oie Naudière de Saint-Alexis de Montcalm, des cultivateurs de canneberge des Bois-Francs, des artisans chocolatiers de la rue Fabre, je dis oui à tout cela parce qu'ils nourrissent avec amour du cycle de vie.
Alors, étant qui je suis, je me suis mise à la recherche d'une cocotte en terre cuite pour cuire d'éventuelles viandes parce que ce matériau naturel donne un plat naturel, non modifié par la chimie de la chaleur et du téflon ou de l'acier inoxydable qui transfère au repas des substances nocives. Ce type de cuisson permet aussi à la viande de conserver sa souplesse parce qu'elle préserve les jus et la moiteur des pièces mises au feu. Cette idée de cuire ma nourriture dans un objet de terre me ramène à ma génétique d'être humain interpellé par l'expérience de consommer une nourriture conviviale*. J'ai finalement trouvé le plat que je cherchais, dans le format que je voulais surtout, chez Cuisine Gourmet, au coin de Drummond et Maisonneuve. Là, une vendeuse professionnelle et chaleureuse m'a félicité de mon acquisition après que nous en ayons parlé un peu. Elle me dit que les gens qui achètent ces outils de cuisson, bien que peu nombreux, connaissent leurs bienfaits. Elle ajoute que c'est se faire un cadeau pour la vie. J'avais l'impression de quitter ce lieu paradisiaque avec un enfant dans les bras. De fait, je souhaite conserver cette cocotte assez longtemps pour la passer à ma progéniture en héritage. J'aimerais que ce plat soit associé à des repas heureux.
Avant-hier, j'ai aussi visité un endroit de joie. Ce lieu est une papeterie située sur l'avenue Du Parc, au coin nord-ouest de Sherbrooke et s'appelle Nota Bene. Là, l'amoureux du papier à lettre, des cahiers d'écriture, des crayons de plomb sera comblé. Les choix sont sobres, mais élégants. À cette adresse, on a presque l'impression d'être en terre européenne. L'esthétique classique et la qualité impeccable des produits éblouissent l'oeil averti. À la mezzanine, on retrouve même une exposition d'oeuvres d'art. J'y allais pour trouver un cahier dans lequel réunir toutes mes pages volantes sur lesquelles sont gribouillées des recettes. Mission accomplie et après un tri méticuleux effectué hier, je me mets à la tache le temps de dire que la beauté de la simplicité est un baume.
*les plats en terre cuite Romertopf
1.14.2008
un dernier mot
Bien sûr, ça ne me fait pas plaisir de vous révéler mon côté plus faible. Ça ne me fait pas plaisir de me fragiliser sous votre regard, de montrer la crasse que j'ai sous les ongles. Mais qui de nous est blanc comme neige, qui de nous? Loin de moi l'idée de vouloir me conforter dans l'état de victime en attirant la pitié. Victime de quoi au juste? De mes patterns, peut-être. Des milles et un évenements qui m'ont amené à tomber dans le même panneau pour m'en sortir émotionnellement parce que mon inconscient me prévient que je n'ai pas connu de stabilité assez longtemps pour la reproduire aussi longtemps? Peut-être. Pourtant, chose certaine, je suis faible parce qu'il me faut surmonter cette défaillance et en renaître métamorphosée. Vivre l'épreuve du feu, traverser le désert spirituel. Je suis fragile parce que ma force a besoin de se mesurer à son antagonisme. La voie du milieu vient de la conjugaison des deux extrêmes qui régissent nos vies, n'est-ce pas? Plus les hauts sont hauts, plus les bas seront bas. Mais quand la volonté décide de s'en mêler sérieusement, c'est là que l'équilibre visé peut être atteint et maintenu, c'est là que les ressources sont connues, utilisées et remerciées en temps de chute et remises au centuple en temps de force.
Je vous ai dit que les deux fois où j'ai fait table rase dans ma vie, j'ai tout perdu sauf ma famille. Avec réflexion, c'est encore vrai, cependant qu'à cette cellule béton, il y aussi quelques amis, Jl., Sr., Fr., qui sont restés, qui m'ont laissé exploser en m'épaulant, qui m'ont vu recommencer à nouveau, qui ne m'ont pas dicté ma voie puisqu'ils comprennent que chacun doit parcourir son chemin de croix. Bien sûr, on peut conseiller par amour, bien sûr. Je suis la première à prôner l'action plutôt que la léthargie et l'enlisement par appitoiement. Non, la vie n'est pas toujours facile. Oui, pourtant, la vie est toujours belle.
De mes deux brisures, il me reste aussi des apprentissages. J'ai déjà écrit:
La sagesse est une semence laissée dans la conscience par le souffle de l'ouverture spirituelle. Elle germe si le soleil de la volonté veille à sa fragile existence. Elle déploie son corps hors l'état embryonnaire pour devenir quelque chose comme un arbre de pierre; la sagesse est un processus définitif. C'était en 2000, je me relevais de ma première embardée. Bien qu'en fait, mon existence n'est que succession de brisures, de pages blanches. Mais avant, j'étais une enfant, j'étais une adolescente. D'autres ont fait des embardées qui m'impliquaient. Nos décisions affectent toujours ceux qui évoluent dans notre noyau. Mais heureusement, nous sommes un noyau en nous-mêmes.
1.13.2008
erratum
Tout d'abord, bien que je l'aie fait lorsque tu m'as appelée, je tiens à m'excuser auprès de toi, maman, pour avoir utiliser des mots qui ont paru te diminuer. Tu n'as pas eu peur. Tu tenais à me le dire alors je transmets ton message. Ma mère n'a pas eu peur, elle me connaît, c'est pour cela qu'elle m'a encouragée à tenir bon et à continuer. Oui, elle m'a offert de venir chez elle me reposer si c'est que je veux. Oui, elle m'a dit qu'elle m'aime. Elle n'a pas eu peur. Il faut dire que recevoir un appel de sa fille de trente ans qui a la voix étranglée par les sanglots, ça n'a rien de rassurant. Surtout quand cette fille a un historique tel que le sien.
Parce que je me bats. Ça y est, c'est dit. Je suis en pleine bataille. Ma thérapie, c'est un moyen. Mais pour passer au travers l'épreuve immense qui m'appartient, je dois faire face à la musique. Parce que cette musique, je la connais. Trop bien. Et ma mère la connaît aussi. Trop bien.
Voyez-vous, j'ai, derrière moi, deux crashs majeurs. Par deux fois, au bout de trois ans environ, j'ai complètement foutu ma vie en l'air. Toute ma vie. Ou presque puisque ma famille, ma mère, mes soeurs, ma grand-mère, elles sont encore là. Sinon, à part elles, tout a pris le bord, amoureux du moment avec qui j'étais en relation depuis trois ans, emploi, habitat. Et les deux fois, je suis revenue au même pattern très rapidement, à une relation, à un travail, à un logis, à un mode de vie casé.
Vu de l'extérieur, ça semble facile de voir que je ne suis peut-être pas faite pour avoir un amoureux, un emploi, un logis, un mode de vis casé. Ou encore de diagnostiquer que j'ai peur de l'engagement et qu'à chaque fois que les choses atteignent une vitesse de croisière, je craque. Mais de l'intérieur, je sais qu'il me faut cette stabilité. Je la veux. Même si parfois je m'imagine seule, dans un loft, à vivre grâce au million gagné à la loto que je ne joue pas et à écrire, sans attendre la lettre de l'éditeur qui me permettra enfin de tenir un de mes livres dans les mains. J'ai besoin de tout ce qui fait partie de ma vie. J'aime mon amoureux, qui tient bon. J'en profite d'ailleurs pour lui faire aussi mes excuses parce qu'il est dans l'oeil de l'ouragan et qu'il réussi à m'éblouir avec sa sagesse innée, ses paroles si terre à terre. Oui, il a peur. Mais il me le dit et nous continuons ensemble.
Je choisis donc de continuer parce que cette bataille est la mienne comme je viens de vous l'avouer. Personne n'est à blâmer pour mes agissements. Personne d'autre ne peut passer au travers pour moi. Je dois choisir de me battre, d'enfin relever mes manches et de me salir l'ego. Douloureuse interaction entre la réalité et mon imaginaire, entre mon passé, mon présent et mon futur. La victoire est assurée. Reste plus qu'à tenir bon et continuer. Sinon à quoi bon toutes les douleurs qui m'ont botté les fesses pour me faire grandir?
1.12.2008
confession
Vous ne le savez peut-être pas, mais cet espace que je remplis, je le veux positif, je le veux scintillant, drôle peut-être, réconfortant. Il y a dans ce monde suffisamment de creux, de difficultés, de peines, de tristesses, de méchanceté aussi, de dollar obtenu sur le dos des autres, par humiliation, par ignorance. Alors, voilà, aujourd'hui, j'enfreins ma règle d'or et je vous l'avoue enfin, les derniers mois ont été durs, très durs.
Jeudi dernier, j'ai craqué. Comme prédit avant mon congé de Noël, j'ai craqué. Au onzième. Pas de façon agressive, zéro cri, zéro bris. J'ai simplement fondu en larmes et passé d'une pièce à l'autre pour m'accrocher au combiné téléphonique pareil qu'à une bouée de sauvetage. Maman, j'ai besoin d'aide, je n'en peux plus, je veux me mettre en boule pour des mois à côté de ton poêle à bois. Maman a eu peur, c'est normal, elle m'aime et habituellement, je n'étale pas mes pleurs pêle-mêle. Je suis, pour la plupart du temps, solide mentalement, raisonnable, disciplinée moralement. Craquer, c'est cracher la faiblesse en pleine face. Craquer quand on a pas l'habitude de baisser les bras, c'est une défaite, surtout pour quelqu'un qui a la volonté de voir le bon côté des choses et pourtant, comme ma soeur B. me l'a si bien rappelé, les émotions, les larmes, le désarroi, c'est ce qui nous différencient des automates et des robots.
Deuxième appel sauvetage, ma patronne. Au onzième, il est possible de contacter les patrons qui ne sont pas au bureau par cellulaire. Je suis si étouffée par les sanglots que je murmure à Nc. que je ne file pas, que j'aimerais partir s'il vous plaît. Elle sait bien que depuis des mois, ça dégénère, mon état empire. C'est elle qui m'a même recommandé le thérapeute que je vais voir. Parce que oui, en passant, mes voyages du lundi à Outremont, c'est pour aller rencontrer un homme aussi petit que je suis grande et parler pendant une heure. Ce n'est pas la première fois que je consulte, à la différence cette fois que j'ai dépassé le fameux trois séances d'apprivoisement d'une part et d'autre pour décider d'y retourner. M. J. m'écoute donc déballer mon existence, un chapitre à la fois. Bon Dieu que mon bagage est lourd. En gros, il dit que j'ai appris très jeune à vivre sur le mode survie afin de passer au travers les coups durs. Survivre, oui peut-être. Mais aujourd'hui, je ne survis plus, je vis. Enfin, ça c'est en mettant de côté le fait que j'ai bâti mon présent sur les fondations de mon passé.
Je quitte le onzième en longeant les murs et en gardant le regard baissé. Mes yeux ont tellement coulé que j'ai sans doute des sillons qui creusent mes joues. Désorientée, je me dirige presque d'instinct dans la maison de Dieu. Cette église aux fresques représentant tous les subordonnés du Fils dans les cieux, anges, apôtres et compagnie, est une des dernières à avoir les portes ouvertes en plein jour alors j'en profite pour me faufiler dans l'aile droite, où Joseph dans un coin tient le bébé Jésus. La sculpture blanche brille des milles teintes des vitraux qui dépeigne le rôle du menuisier dans la vie sainte du messager. Je m'assois dans ce lieu vaste où je suis la seule âme qui frémit. Et je continue à pleurer. Je sanglote, totalement perdue dans cette abysse qui se replie sur moi. Je ne suis plus que douleur et égarement. Parfois, je me calme, je ne pense plus à rien. Je tourne mon regard vers la crèche immense dressée dans le choeur et puis, une nouvelle vague de fond vient râteler ma paix fragile pour la chambouler et la réduire en débris perdus dans le mouvement du désespoir. Je me lève enfin, quarante minutes plus tard, quand une vieille femme titubante se dirige vers Marie dans l'autre coin. Je dois rentrer à la maison.
La veille, M. et moi avons eu une discussion à propos du onzième. Il sait bien que je vis des choses là qui me font y aller à reculons plus souvent qu'autrement. J'aime mon travail. Ça, je le sais. Je fais bien mon travail. Tellement bien que c'est parfois un problème parce que mon travail est pris pour acquis, ma productivité est une valeur sûre, mon assiduité, une assurance. Aussi, je travaille constamment en équipe. Bien que les équipes ne soient pas les mêmes éternellement, il arrive qu'elles durent pour des mois. Sans m'étendre sur des détails, disons seulement qu'il est difficile de travailler avec des gens qui ont perdu la flamme. Ça devient pénible de tirer la charrette pour combler au manque. Et Dieu sait que je suis capable de tirer. Ça aussi c'est un problème. Je suis une machine. C'est comme ça que je me sens depuis ces derniers temps au onzième. Une machine qui tape et accomplit le boulot que plusieurs devraient accomplir et taper. Et bien que j'aie demandé à mes patrons de me donner une opportunité pour respirer un peu plus, je suis toujours là, à compenser. Une machine. Qui maintenant craque.
Arrivée à la maison enfin, après des étapes pénibles - marche de l'église au métro à me répéter ça va bien, ça va bien, ça va bien, métro aux yeux embués, longue attente de l'autobus qui n'arrive qu'une demi-heure plus tard, plexus solaire réduit à un caillot de plomb oppressant - je me mets au lit et je tente de plonger dans le sommeil salvateur, celui qui efface tout le temps de sa venue. Nougat le gros chat se doute de quelque chose parce qu'elle beugle plantée dans le couloir, traduisant la négativité qui vient de pénétrer dans le paradis. Je me fourre la tête sous un oreiller et je pense que je dors un peu. M. arrive. La maison est plongée dans le noir, mais mon sac est dans l'entrée. Il m'aime, mais il a peur lui aussi. Il me trouve au lit et me dit qu'il n'a pas passé une belle journée. L'angoisse. Son amoureuse ne va pas très bien, il est désemparé. J'ai l'impression d'être dans la pub pour la fondation du cancer. Mon abysse souffle sur tous ceux qui m'aiment. Mais j'ai besoin de leur force, de leur amour, de leur non-jugement. Je ne veux pas entendre parler de responsabilités financières, d'engagement hypothécaire, de futur. Il me faut craquer. Il me faut être fragile. C'est là où j'en suis. Je supporte depuis trop longtemps le report de ce moment. Je porte depuis trop longtemps ce désespoir grandissant. Je suis dans la pub de la fondation du cancer parce que ce qui se révèle là, maintenant, a grossi comme une tumeur.
La soirée passe. Je me suis tirée du lit. Continuer. Faire le souper. Réconforter mon amoureux qui est contaminer. Avant de se mettre au lit, M. me pose des questions pour trouver la source. Il ne pense pas que c'est seulement le travail qui m'a réduite à cet état pathétique. Et pourtant, je lui rappelle que tout a commencé il y a bien longtemps maintenant, il y a presque deux ans en fait. Je me souviens du jour exact où le désespoir s'est dit eh bien voilà une niche confortable, pourquoi ne pas m'y installer et attendre d'être nourri. J'ai bien tenté de ne pas l'engraisser, mais malgré toute ma stabilité, les événements se sont enchaînés et j'ai dégringolé dans une spirale siphonnant mon bon vouloir. Petit à petit, ma force s'est élimée et aujourd'hui, enfin, jeudi, elle avait complètement disparu.
Mais heureusement, comme mon thérapeute l'a si bien constaté, je suis résiliente. Terriblement. Alors, le vendredi, je me lève pour aller au onzième. Je suis déterminée à continuer. Ce gouffre passera son chemin et ira creuser ailleurs. Je suis fragile, mais je suis déterminée. Je me bats depuis des mois, le coup de la veille a été très difficile, mais c'est reparti. D'ailleurs, je téléphone à ma B., ma soeur à Hong Kong, celle qui a vécu avec moi le plus longtemps. Elle m'écoute et elle n'a pas peur. Elle m'aime, mais elle n'a pas peur. Elle-même a vécu des choses difficiles ces derniers temps. Je la sens ancrée comme jamais auparavant. Elle me réconforte. Elle connaît le onzième, elle me connaît. Elle m'injecte une dose massive d'antidésespoir et je me dirige au onzième. Elle va me rappeler qu'elle me dit, là-bas, pour continuer à me parler, pour consolider mon processus de guérison.
Arrivée dans ma salle de travail, je suis seule. Tous les autres membres de mon équipe sont absents. Ils arriveront avec une demi-heure de retard, ce qui n'arrive pour ainsi jamais de façon aussi collective. Installée, Sl. rentre et vient me masser les épaules. Elle ne travaille pas dans la salle, elle passait et elle voulait venir me dire - sans savoir ce qui s'est passé la veille - tiens bon, tout ira bien, tiens bon. Ça y est, je sais que Dieu veille et vient de m'envoyer un ange. La journée continue avec l'appel d'une heure de B. qui m'écoute encore et me soigne l'âme. Je me dis qu'à présent, il me faut l'appeler quand le désespoir enflera pour m'en libérer. C'est là qu'elle me dit que je suis humaine. Humaine, ni un robot, ni un être éthéré qui ne vit que d'amour et d'eau fraîche. Humaine.
La journée s'enchaîne tout en douceur. Ma patronne me rencontre et me demande gentiment si je veux aller en arrêt de travail. Non. Continuer. Elle insiste sur le fait qu'il me faudra un jour regarder ce qui me tiraille en face. Comment lui dire que ça fait deux ans que la bête me ronge et gonfle et que maintenant, elle s'est révélée parce qu'elle ne pouvait plus se cacher et que je peux à présent la nommer, la détailler pour mieux la disséquer? Continuer. GM., la fesse gauche de B. et une amie de la famille, qui est maintenant devenue une patronne, me demande de prendre un quinze minutes de pause avec elle. Elle m'écoute lui expliquer la même chose que j'ai expliqué à M. hier soir, à B. ce matin, à Nc. il y a une heure à peine. Elle me suggère aussi un arrêt de travail. Merci, mais non. Continuer. Parce que mon boulot, je l'aime au fond et que les quarante heures qui s'enchaînent finissent par passer et que je suis bénie pour toute l'abondance qui m'est offerte. La preuve, tous ces anges qui ne veulent que mon bien. Ma soeur G. qui me regarde avec son regard pétillant quand elle arrive au onzième, mon collègue et ami Nk. qui a amené une carte mémoire pour mon appareil merdique. Dieu réussi même à faire tomber le système informatique pour une heure et demie, ce qui nous oblige à ne pas produire. À prendre ça cool. Donc continuer. Parce que ce n'est pas si mal que ça au fond. J'ai des ressources humaines qui valent cent fois l'amplitude de ce désespoir que je réduirai en pièces. Continuer parce qu'il y a Cht., St., Vr. Continuer parce qu'il y a tous les autres aussi et que vraiment, tout ira bien.
Tout ira pour le mieux.
1.08.2008
ode
Airs de matin triste où la pluie remplace le soleil, où les corneilles tournoient attirer par les ordures, où mon dos brûle parce qu'à peine réveillée, je me suis recroquevillée sur le divan orange pour me plonger dans un film trop long empreint de spleen presque nauséabond tellement il en était saturé. Silence. Moiteur. Autant d'éléments susceptibles de mettre en scène une belle marche solitaire. Promenade invitante pour découvrir l'esthétique du jour au zénith pâle. Le temps est à la poésie. Assurément que les humeurs battent sourdement et que les muses tapies, prêtes à tout pour plonger dans le premier venu, dans le premier curieux, guettent le rôdeur dans l'atmosphère improvisé des marais. Par un tel jour, il faut être à fleur de peau pour percevoir la brume du battement d'ailes d'un ange et devenir aussi merveilleux.
1.06.2008
sol majeur, mi mineur
Que dire?
Que j'ai embrassé mon amoureux cet après-midi et qu'il goûtait l'origan parce qu'il s'est mis une goutte de macérat huileux de cette herbe sous la langue pour faire disparaître son rhume à coup d'immunostimulations?
Que j'ai acheté une nouvelle bouteille de crème de pommes parce que c'est tout simplement exquis cet élixir et que j'ai bien hâte de m'y retremper le bec?
Qu'il y avait un sans-abri, caché derrière un banc de neige moelleux, qui grattait la guitare quand je suis passée dans le sentier du terrain du métro Lionel-Groulx pour me rendre au boulot?
Que j'ai encore dormi comme une bûche ce matin jusqu'à 10 h, contrairement à mon habitude de lève-tôt? Que je lis un bon livre ces jours-ci? Que j'ai vu un bon film avant-hier?
Que la Terre est ronde et que le ciel est bleu? Pourtant aujourd'hui, je n'en ai pas eu la certitude, n'ayant franchi que quelques kilomètres et levé les yeux sur la grisaille.
L'air frais. Je pourrais en parler. Lui que j'ai avalé à grandes goulées. Que dire de lui? Tiens, qu'il goûtait presque le printemps.
Pardonne-moi hiver, je sais bien que ta majesté n'a pas fini de nous éblouir. Il me fallait discourir. Passer les mots, combler le vide. Pardonne-moi cette conversation météo sur ton dos. Je te jure de retrouver mon air d'aller sans plus t'égratigner. Toi, l'unique de mon pays. Mais avoue que même toi, tu as aimé fondre dans le délice de cet air doux comme la dulcinée fond dans le souffle de son promis.
Parfaite synergie qui connaît tout le bonheur du mouvement. Dis-moi.
1.04.2008
imaginez
Ce midi, en préparant ma sauce pour les gnocchis, je me suis coupée avec le tranchant d'un couvert en métal. La première entaille de l'année. Ne vous en faites pas, ma manie à inventorier les premières de cette année ne durera pas plus longtemps. Déjà, c'est la quatrième journée de ce mois qui bientôt deviendra un vague souvenir que le bye-bye de la fin de l'an remontera à la surface.
Cette année, plusieurs événements secoueront le monde. Bien sûr, la politique américaine se verra enfin libérée de l'ami Georges. Que dis-je? Le monde entier en sera libéré. Souhaitons que le prochain vainqueur du trône ne soit pas aussi atteint du syndrôme du pantin.
Dès que l'on ouvre la télé ou la radio ces jours-ci, il est question du dixième anniversaire du désastre naturel causé par le verglas. Le pire de l'histoire du pays qu'ils disent tous. Ont-ils oublié que la guerre a déjà ravagé nos terres, que le sang a irrigué nos plaines et vallées? L'humain fait des désastres naturels puisqu'il est une chose de la nature. Non?
Parlerons-nous plus du Soudan, mais surtout, agirons-nous? La mode verte se transformera-t-elle davantage en mode de vie pour l'ensemble? Qui de célèbre mourra pour qu'on développe à son sujet dans les journaux, les revues et les émissions spéciales?
Le monde aurait besoin de changements phénoménaux et positifs. Et pourquoi ne pas attendre l'arrivée des Élohims pour cette année? La venue du nouveau messie? Trop prévisibles comme probabilités. Il faudrait que le bon dieu nous en mette plein la vue à l'aide d'effets spéciaux qui nous feraient nous jeter à genoux par frousse monumentale, mais sans trop de dommage. Il faudrait que la race humaine tremble dans son froc pour se réveiller collectivement et revenir à un sens plus simple de l'existence. Un assainissement de ses valeurs par thérapie de choc.
Qui sait? Peut-être que cette année, Paris Hilton ne sera pas la personne la plus médiatisée de la planète? Peut-être que les McDonald's fermeront leurs portes les uns après les autres pour cause de désertion massive de leurs hordes de clients qui auront enfin compris l'équation entre leurs diabètes, infarctus, phlébites et les burgers à petits prix? Peut-être que l'Occidental moyen qui critique tout le temps tout pour un oui pour un non cessera enfin de s'enlever les mousses de nombril pour se retrousser les manches et devenir quelqu'un de productif au sens créatif du terme en s'intéressant à toutes les beautés de l'univers? Déjà là, ce serait un bon début pour ce coup de pied au cul divin. Une maudite belle chaîne de changements phénoménaux et positifs.
1.02.2008
3, 2, 1, prêt, partez!
L'année commence comme ça. Je ne rentre pas au boulot pour mon premier shift de l'an 2008. Je suis encore un peu malade. Ça augure bien. Je me tire du lit à 11 h. J'en avais bien besoin.
L'année a en fait commencé hier comme ceci: le téléphone n'a pas dérougi. J'ai appelé ma maman pour lui souhaiter une bonne année, puis ma grand-mère, pour la même raison. Après, j'ai parlé avec ma soeur G. Quelques minutes plus tard, le téléphone sonne. C'est mon amie Jl. Nos échangeons nos voeux. Un autre ami appelle. Bonne année, santé, amour, succès. Il me dit que cette année nous appartient. De la ligne de départ, je suis d'accord. Je me sens en pleine forme mentale. Prête à enjamber toutes les haies. Je suis à la charnière et bon dieu que le passé est mort et enterré. Seul le présent m'importe, à part pour le futur florissant que je hume parce que tout prêt. La récolte, je la vois à proximité. Les fruits mûrs pendent des arbres chargés, jaillissent de terre par milliers. Le jardinage ardu des derniers temps a ouvert mon appétit. Je mords dans la vie sans scrupule, sans complexe, sans angoisse, sans contradiction. C'est décidé.