orphelins de l'Éden

1.29.2008

coincer les coïncidences

Hier soir, en préparant mon sac en prévision de ma journée de travail d'aujourd'hui, j'ai y fourré les deux livres du sage Rumi que je veux rapporter à la bibliothèque après les avoir parcourus sommairement et décrété que de les avoir parcourus sommairement me suffisait. Hier matin, en feuilletant mon scrapbook, dans lequel je colle toutes sortes de références qui ont attiré mon attention, à la recherche de l'adresse d'un petit comptoir à sandwiches au centre-ville, qui finalement m'a déçu lorsque j'y ai pénétré, assez pour traverser la rue et aboutir au MBCo - voir liens - où j'ai dîné comme une reine, je suis tombée sur une référence d'un livre qui me semblait intéressant il y a quelques mois, assez du moins pour que je décide de coller sa référence dans ma petite bible. C'est l'histoire de l'homme d'affaires fondateur de Patagonia Yvon Michaud. Après quelques clics de souris qui m'amènent dans le Catalogue Iris de la Grande Bibliothèque, je vois que l'ouvrage est disponible dans sa version originale. Ma mission de ce midi: aller à la Grande Bibliothèque.

Arrivée là, je réussis à mettre la main sur la copie en moins cinq minutes et je redescends les deux paliers qu'il m'a fallu grimper pour aller le dégoter sur son rayon. Presque parvenue au guichet de location automatique, je reconnais Mx., l'amoureux de Sr. Je le suis depuis quelques mètres déjà, mais c'est seulement lorsqu'il se tourne un peu de côté que je le reconnais. Je l'interpelle vu qu'il n'est pas loin. Nous nous saluons après une bise échangée. Un employé nous fait signe de baisser le ton. Nous poursuivons notre petite conversation en brassant moins d'énergie. Il me dit qu'il loue La dolce Vita de Fellini pour sa douce qui ne l'a jamais vu. Je lui dis que je ne l'ai jamais vu non plus. Parle, parle, jase, jase, salue, salue. Me voilà rendue à nouveau sur le quai du métro.

Combien de gens y-a-t-il dans cette immense agglomération montréalaise? Plus de deux millions maintenant, c'est certain. Et puis voilà, je tombe sur Mx., comme ça, parce que nos lignes de temps ont décidé de se croiser. Moi, c'est ce que j'aime de cette ville, cette magie des rencontres spontanées. Habitant maintenant sur la rive-sud, j'ai moins souvent l'occasion d'écumer les coïncidences au coin des rues en les provoquant à force de me jeter dans le bonheur d'un trajet à pied. Maintenant, je marche sur mes heures de dîner surtout, en faisant les mêmes trajets avec un élastique invisible qui me relient à mon point de départ et de retour, l'immeuble où je bosse. Avant, c'est avant. C'est ce temps où je bifurquais au marché Jean-Talon pour aller chercher un ingrédient ou deux, juste pour le plaisir d'emprunter les trottoirs aux nombreux petits miracles pour rentrer.

Malgré cela, il y a encore des évidences de synchronicité. La preuve, après cette rencontre fortuite, des heures plus tard dans la journée, à ce moment où je me retrouve installée dans l'autobus qui me mène au paradis, je lis ce fameux livre que je voulais pour les jours qui viennent et je tourne une page et puis une autre. À un moment, l'auteur cite Antoine de Saint-Exupéry et je ne peux m'empêcher de sourire parce que le deuxième bouquin que j'ai décidé de prendre juste au cas où je terminerais l'autre plus vite que prévu ou qu'il ne soit pas intéressant, ce qui n'est pas le cas, c'est un livre de - eh oui - Antoine de Saint-Exupéry, son Vol de nuit que je n'ai jamais lu. J'ai choisi ce petit livre parce qu'en arrivant au premier niveau de la bibliothèque, là où les romans s'alignent presqu'à l'infini, je me suis laissée tenter par l'idée de mettre la main sur un titre du Marquis de Sade, par plaisir. Dans la rangée des S, je me rapprochais de mon but quand mon oeil a été accroché par le nom de l'auteur du Petit Prince. Sans plus réfléchir, je l'ai glissé de sa tablette et maintenu coincé contre l'autre choisi, heureuse d'avoir enfin l'occasion de parcourir cette oeuvre dont j'ai beaucoup entendue parler au travers d'autres lectures.

En rentrant au paradis, juste pour mettre une cerise sur le sundae des liens évidents, Nc., notre conseillère à la Caisse le Chaînon, nous avait laissé un message parce que c'est le temps des REER et que nous lui avions confirmé notre intention de cotiser cette année. Quand je la rappelle, je lui dis que tiens justement, j'avais l'intention de l'appeler pas plus tard que ce matin pendant ma pause, mais que les choses étant ainsi faites, un collègue, Al., m'a invité à me rendre avec lui au café et que j'ai accepté pour me dégourdir les pattes en bonne compagnie. Non, je ne lui parle pas du collègue, mais plutôt d'un empêchement parce que c'est une boîte vocale et que j'ai tendance à lui laisser de très longs messages, bien qu'elle ne m'en ait jamais fait le commentaire. Nc. et moi, lorsque nous nous parlons, il faut avoir beaucoup de temps devant nous, c'est comme ça et c'est tant mieux.

Deux autres choses à propos de cette journée truffée de petits glitchs amusants. D'abord, deux personnes m'ont parlé de mon orthèse au poignet que je porte depuis maintenant des mois. Mes collègues ne m'en parle plus depuis justement des mois. Aussi, ce soir, en passant la balayeuse en rentrant, je remarque une marque sur le mur et je pense au moment où il faudra tout repeinturer. Et puis, à l'heure du souper, M. me demande si je me souviens de nous deux en train de peinturer la cuisine, de rouler tous les murs de la maison. Hmm... oui. Encore un sourire.

Finalement, j'ai enfin reçu une première lettre d'une des trois maisons d'édition auxquelles j'ai envoyé mon manuscrit. Refusé. Voilà. Au moins, je sais maintenant que mes textes cachetés ont bel et bien traversé l'océan, moi qui m'inquiétais à ce sujet vu que c'est une employée de la poste qui avait complété les adresses lorsque je les ai envoyés parce que j'étais en retard pour le onzième. Il m'en reste deux à recevoir. C'est la maison d'édition dont j'espérais le plus une réponse positive, mais il m'en reste deux. Et ma prière ne cesse de réverbérer partout dans le cours des choses. Je suis publiée, je suis publiée, d'ici le 18 février 2008, je reçois une lettre d'une maison d'édition qui m'annonce que mon manuscrit Unis est publié chez eux. Et la coïncidence là-dedans, où se trouve-t-elle? Je ne sais pas. Peut-être dans le fait que papa vient de tomber ou s'apprête à tomber de l'échafaudage, il y a 19 ans et que le 18 février, il mourra encore, pour la 19e fois et que c'est lui qui passe le mot à Dieu que sa fille veut absolument être publiée s'il-vous-plaît monsieur le patron, elle travaille fort ma petite, vous le savez bien pourtant?

1 Comments:

At 10:03 p.m., Anonymous Anonyme said...

En effet il y a de ses hasards... il y a plusieurs jours sinon semaines que je n'ai pas visité ton site... manque d'énergie pour m'assoeir à l'ordi... et aujourd'hui j'y vais.. quelle surprise!!!Ca me rassure de savoir que j'ai encore de l'intuition....je croyais l'avoir perdu entre le bureau et la maison... ca me rassure aussi de te savoir là, que tu continues ton merveilleux travail, a nous conter tes anecdotes, tes rires,tes tourments... Au plaisir de te voir et de te jaser un brin !!!!nc

 

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