orphelins de l'Éden

1.16.2008

localiser le contentement

J'adore visiter des endroits merveilleux et quand il m'arrive de pénétrer dans un tel lieu, je prends plaisir à chaque regard posé sur chaque objet. Je voyage là où concevoir rime avec recevoir. Les choses bien faites sont autrement plus généreuses.

Parfois, c'est une boulangerie parce que la senteur chaude du pain frais m'attire. C'est sûrement ma génétique d'être humain interpellé par le réconfort d'une mie moelleuse depuis la nuit des temps qui opère. Rentrer dans une boulangerie artisanale équivaut pour moi à me blottir contre une personne qui m'aime et qui m'englobe. Sans mentionner que j'en ressors toujours avec quelque chose de doux à me mettre sous la dent. Alors aujourd'hui, je descendrai au métro Vendôme pour me rendre au Fournil sur Victoria. Demain, je prépare un ragoût de lentilles qui a besoin d'un bon pain pour l'accompagner. J'en profiterai pour prendre une de ces petites choses douces, un muffin, un cupcake ou peut-être même un de leur fameux carré aux fruits véritablement péchés tellement ils sont bourrés de babeurre. Médicament pour l'âme même quand l'âme va bien parce qu'il vaut mieux prévenir que guérir.

Hier, c'est un autre endroit fantastique qui m'a accueilli. Souvenez-vous, j'ai mangé un peu de dinde à Noël. Moi, la végétarienne ayant opté pour cette diète il y a neuf ans. Bien sûr, ce n'était pas la première fois que je mangeais un bout de viande depuis, mais ce n'était jamais quelque chose que j'avais cuisiné. Une fois, j'ai accepté des tranches de rôti de porc de ma grand-mère. Une autre, au tout début de mon nouveau mode de vie, je m'étais retrouvée attablée chez le père chasseur de mon amoureux de l'époque devant une portion de ragoût de gibier parce que, disait-il, il n'y avait rien d'autre à manger dans la maison, ce qui, après examen, était bien vrai. De toute façon, pour avoir moi-même chassé la perdrix justement à cette époque, je comprenais que cette viande venait d'une communion entre les différents éléments de la nature. Je me souviens avoir, avant ma première chasse, prié pour dire à Dieu que s'il voulait placer une poule sur mon parcours, libre à lui de le faire, mais, insistais-je, qu'il me donne la dextérité nécessaire pour abattre l'animal ailé de manière à lui apporter une mort rapide, peu douloureuse et propre, c'est-à-dire que sa chair puisse être consommée et non déchiquetée par les plombs de la carabine. Le chasseur n'est pas le braconnier.

Quoi qu'il en soit, l'idée de cuisiner un poulet trotte dans mon esprit depuis cette lecture que j'ai faite au début du mois de décembre, le fameux livre Animal, Vegetable, Miracle de Barbara Kingslover et sa famille. En fait, je dis que c'est à partir de cette lecture quand pourtant je suis à même de savoir que dans les dernières années, l'importance de mon régime repose surtout sur la valeur fondamentale du respect de la nature. Je suis en faveur d'une agriculture biologique, locale, à petite échelle, passionnée. Que ce soit des gens comme ce couple fondateur de la ferme familiale L'Oie Naudière de Saint-Alexis de Montcalm, des cultivateurs de canneberge des Bois-Francs, des artisans chocolatiers de la rue Fabre, je dis oui à tout cela parce qu'ils nourrissent avec amour du cycle de vie.

Alors, étant qui je suis, je me suis mise à la recherche d'une cocotte en terre cuite pour cuire d'éventuelles viandes parce que ce matériau naturel donne un plat naturel, non modifié par la chimie de la chaleur et du téflon ou de l'acier inoxydable qui transfère au repas des substances nocives. Ce type de cuisson permet aussi à la viande de conserver sa souplesse parce qu'elle préserve les jus et la moiteur des pièces mises au feu. Cette idée de cuire ma nourriture dans un objet de terre me ramène à ma génétique d'être humain interpellé par l'expérience de consommer une nourriture conviviale*. J'ai finalement trouvé le plat que je cherchais, dans le format que je voulais surtout, chez Cuisine Gourmet, au coin de Drummond et Maisonneuve. Là, une vendeuse professionnelle et chaleureuse m'a félicité de mon acquisition après que nous en ayons parlé un peu. Elle me dit que les gens qui achètent ces outils de cuisson, bien que peu nombreux, connaissent leurs bienfaits. Elle ajoute que c'est se faire un cadeau pour la vie. J'avais l'impression de quitter ce lieu paradisiaque avec un enfant dans les bras. De fait, je souhaite conserver cette cocotte assez longtemps pour la passer à ma progéniture en héritage. J'aimerais que ce plat soit associé à des repas heureux.

Avant-hier, j'ai aussi visité un endroit de joie. Ce lieu est une papeterie située sur l'avenue Du Parc, au coin nord-ouest de Sherbrooke et s'appelle Nota Bene. Là, l'amoureux du papier à lettre, des cahiers d'écriture, des crayons de plomb sera comblé. Les choix sont sobres, mais élégants. À cette adresse, on a presque l'impression d'être en terre européenne. L'esthétique classique et la qualité impeccable des produits éblouissent l'oeil averti. À la mezzanine, on retrouve même une exposition d'oeuvres d'art. J'y allais pour trouver un cahier dans lequel réunir toutes mes pages volantes sur lesquelles sont gribouillées des recettes. Mission accomplie et après un tri méticuleux effectué hier, je me mets à la tache le temps de dire que la beauté de la simplicité est un baume.

*les plats en terre cuite Romertopf