orphelins de l'Éden

1.06.2008

sol majeur, mi mineur

Que dire?

Que j'ai embrassé mon amoureux cet après-midi et qu'il goûtait l'origan parce qu'il s'est mis une goutte de macérat huileux de cette herbe sous la langue pour faire disparaître son rhume à coup d'immunostimulations?

Que j'ai acheté une nouvelle bouteille de crème de pommes parce que c'est tout simplement exquis cet élixir et que j'ai bien hâte de m'y retremper le bec?

Qu'il y avait un sans-abri, caché derrière un banc de neige moelleux, qui grattait la guitare quand je suis passée dans le sentier du terrain du métro Lionel-Groulx pour me rendre au boulot?

Que j'ai encore dormi comme une bûche ce matin jusqu'à 10 h, contrairement à mon habitude de lève-tôt? Que je lis un bon livre ces jours-ci? Que j'ai vu un bon film avant-hier?

Que la Terre est ronde et que le ciel est bleu? Pourtant aujourd'hui, je n'en ai pas eu la certitude, n'ayant franchi que quelques kilomètres et levé les yeux sur la grisaille.

L'air frais. Je pourrais en parler. Lui que j'ai avalé à grandes goulées. Que dire de lui? Tiens, qu'il goûtait presque le printemps.

Pardonne-moi hiver, je sais bien que ta majesté n'a pas fini de nous éblouir. Il me fallait discourir. Passer les mots, combler le vide. Pardonne-moi cette conversation météo sur ton dos. Je te jure de retrouver mon air d'aller sans plus t'égratigner. Toi, l'unique de mon pays. Mais avoue que même toi, tu as aimé fondre dans le délice de cet air doux comme la dulcinée fond dans le souffle de son promis.

Parfaite synergie qui connaît tout le bonheur du mouvement. Dis-moi.