orphelins de l'Éden

6.29.2011

jusqu'à la mi-saison

Après six semaines, mon amie-voisine An. et son fils Er. reviennent aujourd'hui du Brésil. Avant qu'ils ne quittent, nous nous voyions souvent deux fois par jour avec les garçons qui, bien sûr, s'amusaient ensemble. C'était la fin d'un printemps très pluvieux et nous avions compris que les playdates faisaient passer nos journées de manière agréable. Maintenant que l'été nous apporte son lot de journées ensoleillées, parions que nos fréquentations auront plus des airs de sorties, un peu comme la routine des semaines sans eux. Sorties aux petits parcs à distance de vélo - nos voisins Brésiliens veulent également se procurer une remorque -, sorties improvisées en voiture - crème glacée à St-Lambert, virée matinale au marché Atwater, autocueillette dans un champ de notre région.

Et puis, M. compte les jours avant ses vacances dans un peu moins de deux semaines. Notre année sans solde nous motive à tirer profit des activités simples et peu coûteuses. Avec tout ce qu'il y a comme possibilités, je suis certaine que nous arriverons à avoir du plaisir à petit budget. L'important, c'est d'être ensemble pendant un paquet de jours.

Prochaine chose que nous saurons, le mois de juillet tirera à sa fin et dès le premier jour du prochain mois, soit le 1er août, nous apprendrons si tu es une fille ou un garçon. Dès lors, je pourrai enfin m'adresser à toi comme il se doit.

6.27.2011

re-bondir

Dans la salle de bain ce matin, M. ne peut se retenir de me faire remarquer à quel point mon ventre est rond. Il me dit: "Tu sais, habituellement, il l'est comme ça en fin de journée, mais qu'il le soit à ce moment-ci de la journée, c'est nouveau..." Par lui-même il conclut son commentaire: "Mais c'est normal, tu es enceinte." Élémentaire, mon cher Watson.

Et puis quand je rencontre Ct. - une maman dont la petite famille s'est intégrée lentement mais sûrement à notre groupe de voisins depuis deux mois maintenant - au petit parc quelques heures plus tard, elle me le remarquer elle aussi à quel point mon ventre est rond.

Les deux l'ont vu comme moi. Mais moi, c'était hier soir en me dévêtant pour sauter dans la douche que ça m'a surprise. Pouf. C'est comme si tu avais décidé de pousser du jour au lendemain sur mon nombril pour que ça devienne évident et que même mes t-shirts détendus n'arrivent plus à te dissimuler.

Malgré tout, ma mère me dit au téléphone en matinée qu'elle et Jc., son mari, trouvent que j'ai maigri pour m'avoir vue vendredi chez ma soeur, pas du ventre de toute évidence, mais que mon visage lui s'est affiné. Deux choses l'une, c'est l'été ou il faut bien que tu prennes dans moi tout ce dont tu as besoin.

Hier soir, en me regardant dans le miroir, je me suis trouvée belle. Je suis enceinte que je me suis dit. Peut-être pour la dernière fois de ma vie.

Pendant ce temps, ton grand frère a franchi une étape ou plutôt nous en avons franchi une avec lui. La semaine dernière, les attaches qui retenaient la barrière de sécurité bloquant l'escalier vers le sous-sol au poteau de la rambarde se sont défaites et avant que M. n'ait une minute pour les replacer, toute une journée avait passé, et finalement, nous avons décidé de ne pas la réinstaller cette clôture qui était là depuis un peu avant que tu ne marches pour de bon. Quelques jours se sont écoulés sans que nous ne regrettions notre décision. Décidément, garçon pousse aussi.

6.23.2011

m'éloigner du clavier

Voyons cela comme une pause. Je ne suis pas venue ici depuis trois jours et je ne reviendrai pas avant autant si je me fie à mon horaire du temps de ce week-end festif. Voyage d'une nuitée chez ma soeur B. en Ontario, brunch à préparer pour la bande d'anciens voisins qui se réunit au paradis dimanche matin. Horaire chargé en perspective. Je vous souhaite donc une longue fin de semaine réjouissante. C'est l'été après tout. Il faut en profiter.

6.20.2011

tissu social

Les petites familles foisonnent dans notre coin de St-Hubert-on-the-beach. Le petit parc continue à être ce portail propice aux rencontres. Juste ce matin, nous étions six mamans accompagnées de nos enfants à venir profiter de l'aire de jeux sous le soleil. Bon je sais, ce chiffre peut paraître dérisoire comparé au nombre d'individus qui animent les parcs montréalais day in day out, mais pour notre bout du monde, c'est énorme.

Le plus plaisant, c'est que pour la plupart, les parents que je croise sont des gens faciles d'approche, simples, avec qui je tisse parfois des liens qui se fortifient au fil du hasard des rendez-vous non planifiés. Par exemple, il y a Is., déjà maman de L. et enceinte jusqu'aux oreilles comme on dit, qui, de semaine en semaine, me surprend toujours d'arriver à vélo encore pleine de son garçon H.

Quand je l'ai rencontrée pour la première fois, elle en était à sa trente-quatrième semaine et selon elle, elle devait accoucher autour de sa trente-sixième, comme pour sa fille. Je dis selon elle, mais en fait, c'était plutôt une éventualité que lui avait refilée selon son obstétricien. Bref, elle en est à sa trente-neuvième je crois. Aujourd'hui, elle me disait qu'elle avait des contractions, là, debout dans les copeaux de bois. On s'entend, rien de trop rapprocher évidemment, mais quand même, le travail semble vouloir commencer d'une heure à l'autre.

La dernière fois que nous nous étions vues, je lui avais proposé spontanément de profiter du trousseau de vêtements de garçon qui dort présentement dans notre sous-sol. Sur le coup, elle a hésité, ou plutôt, esquivé involontairement ma proposition, ne sachant comment réagir à cette offre surprise j'imagine. Ce n'est qu'aujourd'hui qu'elle m'a relancée en me disant qu'elle avait oublié le crayon et le papier qu'elle avait voulu apporter pour noter mon numéro de téléphone afin que nous puissions reparler de ma proposition. J'ai donc mémorisé le sien et en arrivant à la maison, je l'ai appelée pour lui dire que j'en parlerais ce soir même à M., mais que j'étais certaine qu'il accepterait le prêt. C'est qu'il faut faire vite, petit H. s'en vient d'un jour à l'autre et j'aimerais qu'elle ait le temps de fouiller dans le trousseau et d'organiser les tiroirs de leur garçon.

Is. m'assure que si nous décidons de ne pas leur passer les vêtements, il n'y a pas de problème. Moi, je la rassure en lui disant que si nous attendons également un autre garçon, l'écart entre nos deux bonshommes sera assez grand pour que nous puissions tout le monde en bénéficier de cette montagne de fringues si vite utilisées. Is. est une voisine. J'ai un bon feeling. N'est-ce pas l'avantage de vivre en communauté?

6.18.2011

*intitulé Manufactured Landscapes

Je n'ai pas le temps d'écrire ce soir parce qu'avec mon amoureux, nous allons regarder un documentaire*. Le genre de matériel visuel puissant qui interpelle la conscience, qu'on le veule ou non. Le genre de trame narrative objective au ton neutre qui présente des faits, mais des faits accablants à propos d'une empreinte écologique globale qui semble s'étendre comme tache d'huile. D'ailleurs, dans la progression des éléments reliés présentés, on passe bien sûr par l'or noir, et par l'or bleu, et par l'or tout court.

En gros, il est question de voir - dans le sens de vraiment v-o-i-r - les modifications de certains paysages terrestres au nom des besoins d'une humanité qui gonfle à vue d'oeil tout en augmentant son fulgurant appétit matérialiste. C'est par le travail du photographe Edward Burtynsky que nous voyagerons dans un présent qui, je le sais déjà, me fera prier pour le futur de mes enfants.

6.16.2011

fine pointe

Tu as peut-être voulu imiter ton grand, grand frère cher miracle renouvelé pour être grand, grand comme lui. Quoi qu'il en soit, tu t'es étiré le body de crevette juste au parfait moment vraiment.

Docteur baba cool était à deux doigts de nous renvoyer à la maison pour que nous revenions la semaine prochaine parce que, prétend-il maintenant, nous devons retrancher une grosse semaine et quelques jours à ma grossesse (ce qui veut aussi dire repousser le moment de l'accouchement autour du - eh oui - 3 janvier). Enfin, c'est ce que le logiciel estime. Il estime que je suis dans ma onzième semaine. Onze semaines et un jour à partir de la première mesure de ton mini body que le docteur a saisie avec son curseur. Impossible, que j'ai répondu. J'ai noté mes températures. Je suis dans ma douzième semaine, bien avancée en plus.

Mais ce qui avait semblé le convaincre si facilement à notre première rencontre d'il y a deux semaines n'a pas eu le même poids par rapport à ce que l'ordinateur dicte. Non, il faut revenir... oh mais attendez!, il s'est étiré et hop! nouvelle mesure, 0.3 millimètres de plus et voilà, ça va, nous venons de gagner les poussières qu'il nous fallait pour que le logiciel accepte de procéder au calcul de la clarté nucale. Finalement, vous êtes au quatrième jour de votre onzième semaine.

Oui, oui, c'est ça. Et moi, je l'ai ma courbe et noir sur blanc qui me prouve quand tu as été conçu. Je t'assure que dans ce cas-ci, la sophistication de la science peut blêmir devant la simplicité de la nature et que si tu décides d'arriver après le Jour de l'an, c'est que tu seras trop bien dans moi.

6.14.2011

beau body

J'ai déjà lu quelque part que si nous voulons connaître la grandeur qu'aura garçon une fois adulte, nous devons multiplié par deux celle qu'il atteindra à ses deux ans.

Parce que nous sommes des parents qui nous laissons aller à la procrastination pour certaines choses, nous n'avons toujours pas commencé d'échelle cumulée par coches de plomb sur un bout de mur pour te voir grandir en comparant ton présent au passé, alors les visites chez Dr. Y., ta pédiatre, nous donne à tout coup l'information.

C'est aujourd'hui qu'elle t'a étendu sur la table d'auscultation afin de déterminer ta grandeur pour la dernière fois, m'a-t-elle précisé, de cette manière-là, c'est-à-dire en marquant de deux traits de stylo le papier qui fait crunch-crunch sous ton corps: un à ta tête et l'autre sous ton talon. Ne lui restait plus qu'à étirer le ruban du galon à mesurer pour obtenir le résultat. Bon, un peu approximatif comme technique de mesure, mais disons qu'en l'utilisant, il ne peut y avoir non plus un décalage de plusieurs centimètres avec ta taille réelle.

Quand elle a lu le nombre, elle s'est exclamé: "oh oui, il est très grand!", et en passant de l'autre côté, dans son bureau où ton dossier s'étoffe à chacune de ces rencontres prescrites, elle a inscrit le chiffre sur la courbe de croissance et a pouffé de surprise. Jusqu'à maintenant, tu te maintenais dans le 97ième percentile de la courbe, ce qui te plaçait déjà bien au-dessus de la taille moyenne, mais cette fois-ci, tu flottes carrément en dehors des statistiques notre très, très grand garçon, avec ton 92 centimètres.

En chemin, j'ai calculé rapidement que si je multipliais par deux ce nombre, ça donnerait 184 cm, ce qui veut dire que tu atteindrais déjà 6 pieds à l'âge adulte, comme ton papa et moi. Mais bon, il te reste encore quatre gros mois et depuis que je t'ai vu pour la première fois mon cher poids en extension, mon intuition me dit que tu mesureras 6'4 pieds. Et comme sa mère, ta mère est parfois un peu sorcière.

6.12.2011

je t'm.

Demain, huit ans que la lune était pleine lorsqu'il est arrivé à l'appartement que ma grande amie Jl. m'avait passé le temps d'un long week-end.

De mémoire, son nom de famille m'était revenu, ainsi que le prénom de son père. Par ces précieuses informations, un standardiste avait pu repérer son numéro de téléphone et au bout du fil après l'avoir composé, il avait tout simplement accepté mon invitation à venir me rejoindre là où je me trouvais, même si nous ne nous étions pas parlés ni écrits ni vus depuis plus de six mois. Je crois qu'on appelle ça un leap of faith.

Il faut dire qu'il était mûr pour ce rendez-vous, près à s'échapper de sa solitude de jeune homme au zénith de sa vigueur, réduit à une vie sociale nulle ou presque, mis à part quelques rencontres avec des amis, une fois de temps en temps. Il était mûr pour l'imprévisible amour.

Huit ans plus tard, celle-là qui a suivi son instinct pour le choisir d'entre ses frères ne regrette rien. Bien sûr, il y a eu des bas, mais toujours, il a su lui rappeler pourquoi elle avait décidé de lui donner un coup de fil ce soir-là et comment il avait eu le courage de venir la rejoindre, cet étrange être si différent de lui.

Depuis, ils accumulent leurs jours à deux et se multiplient en enfants qui les soudent mieux que n'importe quel serment d'éternels amants.

C'est la vie qui compris qu'il fallait nous réunir. Suivre son coeur. Notre histoire sait cela.

6.10.2011

ailleurs, ici

Demain, nous irons visiter la ferme écologique du parc Cap St-Jacques. Bo. craindra le cheval à la robe toffee parce que ce sera la première fois qu'il en voit un d'aussi près et qu'il est toujours un peu impressionnable au moment de nouvelles expériences, mais il rigolera bien d'entendre cacarder les oies à hauteur de son visage, de l'autre côté du grillage.

Ensuite, nous roulerons sur le chemin Senneville au travers le village du même nom et nous capoterons de voir la taille irréelle des splendides demeures gigantesques plantées sur des propriétés de riches et célèbres. Nous roulerons sur ce chemin pour nous rendre sur la rue Sainte-Anne dans la communauté de Sainte-Anne-de-Bellevue où nous irons prendre une délicieuse bouchée au Violet Angel, un restaurant avec terrasse donnant sur le canal baptisé pareil que la petite ville, dans lequel flotteront des embarcations qui feront rêver mon amoureux, pour la première fois de sa vie je crois, d'une retraite à voguer vers les mers turquoises.

Nous compléterons notre joyeux périple de la matinée avec une visite du marché local situé à même la promenade longeant le canal.

Tout ça sur l'île de Montréal.

6.08.2011

lexique syllabique

Un peu passé tes 19 mois, tu arrives à te faire comprendre avec ces quelques mots, la plupart de ton cru.

- L'eau-l'eau: tout ce qui est liquide ou qui se boit (eau (dans un verre ou dans une flaque), jus, ketchup, mélasse, etc.)

- Bye: dès que quelqu'un quitte ou que nous quittons quelqu'un, ou quand tu sens que j'arrive à la fin d'une conversation téléphonique.

- Allo: lorsqu'une porte s'ouvre ou que l'on joue au téléphone.

- Toto, didiii ou tutuuu (accompagnés ces deux derniers du geste que ferait un chauffeur de locomotive pour faire siffler son engin) : tout ce qui sur roues rugit (scooter à papa en tête de liste, autobus scolaire, camion de tous genres, voiture sportive, moto, train)

- Doum: quand quelque chose tombe ou que ton tricycle avec manche passe une grosse fissure sur le trottoir en te secouant par exemple.

- D'auffff (qui jusqu'à la semaine dernière était correctement prononcé "d'autre", mais on ne sait pourquoi, tu as décidé de combiner ce mot avec le ffff que tu émets quand tu souffles sur un aliment très chaud): c'est ton mot clef comme l'était ton signe "encore". D'ailleurs, quand tu veux vraiment, vraiment, vraiment beaucoup quelque chose tu dis ce d'aufff en même temps que tu signes encore.

- Tantôt: seule preuve de la notion du temps que tu maîtrises approximativement.

- Wouawoua: tous les chiens que nous croisons dans la rue ou que tu reconnais dans les livres, les vaches et les cochons aussi que tu vois dans le fond de certaines des assiettes que nous utilisons pour prendre nos repas.

- Tutouououou: le chant du coq, plutôt rarement lancé.

- Maman: pour moi et pour papa, mais sur deux tons différents.

- Papa: quand ça te tente et pas pour désigner papa nécessairement. Il manque définitivement de précision.

- Non: si je te demande ce que tu as envie de manger par exemple, tu me guides avec lui. Quand tu enlèves tes Crocs dans la voiture et que tu sais que tu n'es pas supposé le faire, tu dis "non, non, non!" de façon très mignonne, ce qui te vient d'un livre que nous avions emprunté à la bibliothèque et qui m'avait fait dire ce "non, non, non!" à toutes les fois qu'un animal autre que le petit chiot que nous cherchions se cachait derrière le rabat soulevé.

- Hum avec un signe de la tête: c'est ton oui. Oui, je veux aller marcher. Oui, je veux jouer. Oui, je veux prendre le sein.

Bon, à part ce vocable, il y a une foule d'autres sons égrainés en conversation inintelligible pour nos cerveaux trop structurés. Et bien sûr, tu comprends tout ce que nous te disons. J'ai pour mon dire que quand tu commenceras à parler pour de bon, tu le feras à l'aide des phrases complètes. C'est tout à faire ton genre de petit homme qui fait très bien les choses et surtout, à ton rythme.

6.06.2011

savourer ton passage

Mon ventre ressemble à mon ventre lorsque j'étais très avancé dans mon quatrième mois pendant ma première grossesse et je ne commence que mon troisième mois. On entend toujours que le deuxième paraît plus vite. Oh que oui. Mais bon, la beauté dans tout ça, c'est que quand on est enceinte, on peut porter fièrement la bedaine parce que c'est plus que permis, c'est naturel. Alors tout naturellement, j'arrondis et même mon voisin a osé me flatter le ventre la semaine dernière en me lançant: encore hein? Moi qui ne rougis jamais, j'avoue que la spontanéité de son geste familier m'a un peu surprise.

Peut-être était-ce parce que tu es tellement discret mon cher miracle renouvelé que je m'étonne de voir pousser mon bedon à toute vitesse. Pourtant, tu insistes à prendre ta place dans ma vie dès aujourd'hui, là, maintenant, que je suis maman, pas fin décembre. Et tu as raison bien sûr. Là que tu es maintenant.

Mais il y a la fatigue aussi qui se plante entre mes yeux à l'heure du souper si je n'ai pas réussi à m'étendre assez longtemps dans l'après-midi qui trahit ta présence dans moi. Avec garçon, la fatigue s'était installée plus vers la fin, pas comme ça, dès le début.

Et puis, je fais ce que je ne veux pas faire: vous comparez. Vous êtes tellement différents, c'est évident. Pas deux âmes de pareilles, pas deux corps qui ne se développent selon les mêmes subtilités qui forgent au final leur unicité. Pour toi, je me veux page blanche. De toute manière, par toi, elle s'impose.

6.04.2011

où j'étais

Jeudi

Nous imaginions des ouvertures dans ce mur du salon depuis que nous nous étions installés au paradis il y a bientôt quatre ans. Plus de soleil dans cette pièce toujours un peu trop sombre à notre goût, même en après-midi lorsque l'Astre jette ses rayons directement dans la fenêtre existante donnant sur la façade de la maison. Même à ce moment-là parce le toit pentu de notre chaumière qui recouvre notre balcon avant coupe beaucoup de luminosité. Alors nous imaginions une nouvelle fenestration qui viendrait égayer notre salon.

Au début, nous pensions à une autre fenêtre semblable en forme et dimensions à celle déjà percée, une genre d'écho esthétique. À force de jongler l'idée, nous en avons conclu qu'une telle ouverture nous exposerait à la rue et nous obligerait à installer un rideau pour les soirées d'hiver où la lampe intérieure s'allume tôt.

C'est M. qui a eu le flash en se concentrant sur le but d'avoir plus de soleil dans la pièce. Des fenêtres de type hublots, haut perchées sur le mur, assez pour que nous ne voyions pas à l'extérieur au niveau de la rue ou de l'entrée de notre voisin, assez aussi pour que les regards des passants ne saisissent rien de notre intimité familiale. Restait plus qu'à trouver la forme, la dimension et le nombre de ces fameuses ouvertures en faisant venir des soumissionnaires.

Les deux hommes de métier qui ont fait le bon boulot m'ont raconté que lorsque le premier de trois rectangles a été percé, ils ont tout de suite vu la différence dans la pièce. Tout ça par jour de temps gris. Moi-même quand je suis revenue de chez la mamie de garçon où nous étions allés pour sa sieste, j'ai été enchantée par la transformation de l'aire qui venait de s'agrandir d'un coup, en gagnant une perspective beaucoup plus intéressante, même si la vue donne sur le clabord de la maison voisine. Définitivement plus de profondeur. Définitivement plus de lumière comme nous le voulions. Yé!

Vendredi

Après avoir fait un gros ménage dès le petit matin pour aspirer la poussière de gypse, je décide de sauter dans Jasmine la Fit avec garçon pour aller faire une petite virée au marché Atwater. En faisant quelques emplettes pour le souper, j'achète également un léger goûter que nous allons partager sur un banc sur le bord du canal à l'ombre d'un grand arbre. Garçon se réjouit d'être plongé dans cet univers grouillant. Je me réjouis d'être quelque part dans cette ville que j'aime tant.

Aujourd'hui

Objectif: manger du poisson sur le barbecue. C'est M. qui insiste depuis des semaines maintenant qu'il nous faut réintégrer cette source d'oméga dans notre alimentation si bonne pour le cerveau et pour l'équilibre de l'humeur. Moi, je suis hésitante pour deux raisons: peur de me taper une nouvelle migraine - souvenez-vous, j'avais développé un genre d'allergie au poisson pendant ma grossesse de garçon qui me donnait des méga maux de bloc -, peur surtout que garçon soit allergique puisque tout est parti de lui dans mon ventre. Mais voilà, à l'heure où je tape ces lignes, c'est fait. Garçon ne semble pas avoir réagi - pas de réactions cutanées, pas d'enflure de la trachée. Pour moi, c'est demain que le mal s'installera s'il a toujours emprise sur mon corps. Je touche du bois. Qui sait, peut-être que les menus de la semaine viennent de se simplifier encore un peu.

6.01.2011

lumière qui bat

Mon scepticisme a été confondu. Dr. C. baba cool a calculé ta date de probable naissance en fonction de ma date d'ovulation en me faisant totalement confiance. Résultat: 26 décembre. Il a dit: wow, vous êtes concept. Bébé de Noël. Un petit Jésus.

Ensuite, il a voulu rassuré ton papa qui craint que vous ne soyez deux là-dedans. Eh oui, l'angoisse de la venue de jumeaux s'est installée quelque part dans son esprit il y a une semaine et demie environ, en plus qu'hier une médium m'ait parlé d'une forte possibilité d'une telle éventualité selon ma numérologie comportant beaucoup de doublons de chiffres, pour finalement conclure que je n'attendais qu'un enfant cette fois-ci encore, une fille s'est-elle risqué de prédire. Mais puisque le prénat est prévu pour le 16 juin prochain, soit dans deux petites semaines, nous avons préféré attendre. Alors baba cool m'a palpé le bas du ventre et conclu que selon son expérience, un seul foetus avait élu domicile dans ma matrice.

Comme nous l'espérions, nous avons entendu ton coeur. Baba cool a presque repoussé le moment à notre prochaine rencontre, nous expliquant qu'il était encore tôt pour tenter de le faire, mais après m'avoir fait promettre de ne pas être déçue si nous n'arrivions pas à le repérer, il a fait glisser la sonde pleine de lubrifiant très lentement juste au-dessus de mon pubis. Au bout d'une longue minute pendant laquelle nous avons croisé mon propre pouls à deux ou trois reprises, il est tombé sur le tien en déclarant: c'est un bon bébé. Moi, j'étais surtout heureuse de pouvoir te figurer enroulé sur ma gauche.

Pendant la rencontre, baba cool m'a demandé: on vise un accouchement par voie naturelle. Oui, sûr que sûr que l'on vise un accouchement par voie naturelle - même si cette médium a vu une seconde césarienne. De toute manière, lui ai-je répondu, les probabilités d'avoir un autre bébé en siège doivent être rarissimes. Sans vouloir crever ma bulle, il m'a expliqué à sa manière smooth qu'en fait, un premier siège signifie plus de probabilités pour un deuxième siège puisque la position du bébé peut être la résultante d'une malformation de l'utérus de la porteuse. Quoi qu'il en soit, il s'est fait rassurant et m'a ramenée à l'idée de l'AVAC en un rien de temps, comme pour chasser l'ombre de cette information recueillie par la science.

Ton grand frère m'aura appris cela: que ma volonté ne peut faire bifurquer votre chemin. Vous êtes déjà forts. Dès que vous vous manifestez. Vous êtes déjà en pleine écriture de votre destin. Médium ou pas. Science ou pas. Vous êtes votre voie.