houles
Une journée chargée d'émotions s'achèvera après avoir pondu ce qui suit. Émotions éveillées par des évènements divers, donc émotions mixtes.
Une journée chargée d'émotions s'achèvera après avoir pondu ce qui suit. Émotions éveillées par des évènements divers, donc émotions mixtes.
Installé entre ses parents, garçon vivait sa première promenade en autobus public, d'abord avec appréhension - je ne suis pas attaché, le bruit du moteur qui se réveille me surprend, qui sont tous ces gens autour de moi -, puis avec une joie contenue, à l'image de ses deux petites mains, déposées chacune sur nos cuisses respectives. Nous allions à Montréal, direction le resto italien au centre-ville où le maître d'hôtel Ph. nous accueille toujours à bras ouverts, mais surtout où la nourriture nous comble à tout coup. Sur les bancs devant nous, mamie et son amoureux, qui avaient accepté notre invitation à participer à notre sortie gourmande. Près de la station Bonaventure, tu pointais tous les autobus que nous croisions, fier de reconnaître le mode de transport qui nous ballottait. Au retour, ta joie s'est cette fois exprimée en tatas envoyés à certains passagers autour de toi et en sourires coquins pour les autres. La ville t'a beaucoup impressionnée avec ses tours, ses pigeons, ses rangées de motos stationnées sur les coins de rue. À te voir étourdi par tout ce remue-ménage urbain, tu m'as fait pensé à moi lorsque j'ai mis les pieds à Montréal pour y demeurer à l'âge de huit ans et que dès lors, mon amour pour le bitume n'a cessé de fleurir. Et cet amour, je vous le transmettrai mes enfants, à force de sauts de crapaud exploratoires.
Losrque son alarme sonnait, elle ne sonnait pas, contrairement à celle qui était dans ma chambre. Chez Ct., une de mes meilleures amies pendant mon adolescence, nous nous réveillions dans une pièce minuscule où se mettait à résonner des voix d'un coup. Une radio aux accents français. À l'époque, je trouvais ces bavards bien ringards. Il faut dire que pour toute radio, je gobais le vacarme de CKOI, alors cette émission de la CBF - ancêtre de la SRC - avec ses bulletins d'information si proprets malgré la folie de Le Bigot, ça me paraissait aussi étrange et aseptisé que la musique classique. Ct. jouait du piano depuis des années et des années et son papa avait tout de l'intello, alors ce réveil cérébral ne m'étonnait pas vraiment.
Devant moi, ma dernière semaine complète avec Bo. à temps plein. Au-delà, le début de l'adaptation garderie qui devrait bien aller. À chaque fois que nous croisons Cr., son éducatrice pour les prochaines années, je sais que nous sommes chanceux, très chanceux. Comme M. le dit, elle et Fr., son conjoint, ce sont des gens sans prétention, avec le coeur à la bonne place. Sous leur toit, garçon continuera donc d'avancer dans la vie entouré du genre de contacts humains que nous souhaitons pour lui: chaleureux, simples, reconnaissants.
Je ne suis pas du genre foule. Les places des festivals, très peu pour moi. Les couloirs bondés du Biodôme, il m'a fallu tout mon petit change pour les parcourir ce printemps, par amour pour garçon que nous voulions voir s'émerveiller. Alors quand M. m'a fortement suggéré début juin le Zoo de Granby comme activité familiale estivale, je n'ai pas exprimé beaucoup d'enthousiasme. Une ou deux semaines plus tard, ma belle-soeur en a remis avec un "si vous allez au Zoo de Granby cet été, je veux absolument venir avec vous". Histoire de bien enfoncer ce clou, An., mon amie-voisine Brésilienne, en a rajouté avec un "we have to go to Granby Zoo" lorsqu'ils sont revenus de leur patrie peu de temps après la demande spéciale formulée par la marraine de garçon. Une véritable conspiration. Cerise sur la sundae, même au Vermont, en parcourant les pages d'un journal local, je suis tombée sur une publicité pleine page de cette attraction touristique estrienne. We have to go.
À force de fréquenter les petits parcs dans notre coin, je finis par revoir des visages et à retenir des prénoms. Par exemple, hier, pendant notre sortie au petit parc de l'autre côté du grand parc, là où à tous les matins vers 9 h 45, un groupe d'une vingtaine d'enfants d'une CPE débarque pour jouer le temps d'une bonne heure, je recroise Sn. et sa petite El., à mon grand étonnement.
Il a plus souvent qu'autrement un très bon appétit, mais ces jours-ci, c'est encore plus vrai. Sûrement une autre de ces fameuses poussées de croissance. D'ailleurs, sa mamie lui a apporté de beaux vêtements tout neufs s'il vous plaît aujourd'hui même parce que j'avais mentionné que nous devions lui trouver de nouveaux pantalons en prévision de la garderie et de mon boulot qui commençaient bientôt et qui allaient me laisser avec moins de temps pour faire des lessives, donc laps de rotation plus long nécessitant un nombre plus élevé de fripes. Bref, elle arrive avec du 3T et sur le coup, je dis qu'ils seront sûrement trop longs, mais que nous pourrons les tourner au bas le temps qu'il grandisse. Juste pour voir, nous lui enfilons une paire et quel n'est pas mon étonnement de constater que la longueur est parfaite, même avant le lavage qui les fera sans doute refouler un peu. Mon bambou adoré.
Moins d'un mois avant le retour au onzième. Autour de moi, quand il en est question, on me demande surtout si ça me stresse, si je me sens nerveuse. Non, pas du tout ou si peu. Je sais depuis longtemps que lorsque je remettrai les pieds dans mon environnement de travail, je serai au même stade que lorsque j'y ai mis les pieds pour la première fois en janvier 2004, à la différence que je connaîtrai un peu plus de collègues, bien que sur ce point aussi, j'aurai l'impression de nouveauté considérant qu'une dizaine d'employés ont intégré les rangs au cours de ces deux dernières années et que d'autres que je connais sont devenus des patrons. Bref, je me sentirai comme une petite nouvelle, surtout que point de vue technique, j'aurai là aussi beaucoup de rattrapage à faire. Fondamentalement, mon boulot demeure le même, mais les outils pour l'exécuter ont complètement changé. Je passe donc de celle qui formait les nouveaux employés à celle qui devra suivre une formation. Comment ne pas aborder toute cette étape avec humilité.
Je terminais tout juste une longue et belle conversation téléphonique avec ma grande amie Jl. et ta sieste tirait à sa fin. D'ailleurs, si j'étais remontée à l'étage, c'est que je t'avais entendu prononcer un "maman" un peu empâté par voie de baby phone. En ouvrant la porte de ta chambre, j'avais constaté que tu étais encore assoupi. Ces fausses alarmes sont rares, mais habituellement, elles signifient que ton réveil définitif n'est plus très loin.
Une bête d'habitudes comme moi, fatiguée par cumul de surcroît, lancée dans un week-end hyper-chargé qui nous fait même découcher dans un hôtel "basic" par nécessité plus que par plaisir, ne pouvait faire autrement qu'exploser une fois rentrée au paradis. Mais voilà, toutes ces raisons ne sont pas assez bonnes pour expliquer à elles seules le débordement spectaculaire qui a eu lieu. Cette bête d'habitudes que je suis est surtout aussi le genre de personne à en prendre beaucoup sur ses épaules au quotidien à force de vouloir alléger le fardeau de son amoureux, pour ensuite balayer les minimes miettes de ressentiment sous le tapis. Là, elles s'y entassent au fil des mois et deviennent des mottes de débris qui mutent en buttes qui me font finalement m'écrouler sous mon propre poids, tout ça parce que je n'arrive pas à mettre le doigt sur le bobo assez rapidement et que toujours, j'essaie d'épargner à mon couple ces conversations pénibles qui font grandir à coups de masse.
Au moment de servir le repas du soir, je me brûle le bout des doigts de la main gauche. A-yoye. Mon cerveau fatigué n'a pas souvent à me transmettre le message que le wok est bouillant jusqu'au manche parce qu'il a été enfourné. Alors, fatigué, il flanche et je me brûle. Main dans l'eau froide pendant le souper. Garçon croit que c'est un jeu. M. décide de l'amener s'épivarder dans un parc quand les assiettes sont vides, seul avec lui, pour que je me repose un peu. Rarissime initiative qu'il répétera demain soir, mais cette fois pour se rendre dans un immense pet shop, où un perroquet émeraude les impressionnera. Me reposer pour notre fille qu'il m'intime. Oui papa.
J'exulte. Cela ne fait qu'une journée que nous savons un peu plus qui tu es et déjà, c'est comme si les astres s'alignaient pour la suite des choses jusqu'à ton arrivée, suite des choses que je veux douce et naturelle, pour toi et moi.
Deux grands verres de lait de soya au chocolat pour bien remplir ma vessie dès 6 h 30. L'échographie est à 7 h 45. C'est donc aujourd'hui que nous devons nous rendre en radiologie pour rapporter avec nous des gros morceaux de ton identité. Qu'ils nous disent que tu es en santé, que toutes les mesures concordent aux standards qui déterminent la normalité morphologique. Ensuite, que nous sachions enfin comment t'adresser.