orphelins de l'Éden

8.24.2011

tuyau

Losrque son alarme sonnait, elle ne sonnait pas, contrairement à celle qui était dans ma chambre. Chez Ct., une de mes meilleures amies pendant mon adolescence, nous nous réveillions dans une pièce minuscule où se mettait à résonner des voix d'un coup. Une radio aux accents français. À l'époque, je trouvais ces bavards bien ringards. Il faut dire que pour toute radio, je gobais le vacarme de CKOI, alors cette émission de la CBF - ancêtre de la SRC - avec ses bulletins d'information si proprets malgré la folie de Le Bigot, ça me paraissait aussi étrange et aseptisé que la musique classique. Ct. jouait du piano depuis des années et des années et son papa avait tout de l'intello, alors ce réveil cérébral ne m'étonnait pas vraiment.

Ce n'est que des années plus tard que je compris que cet accent qui m'apparu plus jeune si pointu était celui de ce que l'on appelle le français international, que ce vocabulaire riche, étoffé et spécifique célébrait une langue superbe. J'étais devenue une jeune adulte de plus en plus amoureuse de cette langue superbe, et le matin, j'aimais bien ce radio magazine qui m'informait autant à propos des actualités régionales qu'internationales, tout en passant par la météo et la culture. De semaine en semaine, je me pris au jeu de syntoniser cette fréquence quotidiennement et maintenant, je ne peux presque plus m'en passer de cette compagnie matinale. Alors, ce matin, comme à à peu près tous les matins du lundi au vendredi, j'allumai les voix de l'équipe de C'est bien meilleur le matin.

Il devait être environ 6 h 50 quand la météorologue du groupe pris la parole pour faire mention d'une manchette de journaux qui avait retenu son attention: un avis d'ébullition de l'eau potable a été émis pour les citoyens des villes de Saint-Hubert et de Saint-Bruno. M. et moi, nous dressons l'oreille simultanément et quelques minutes plus tard, nous lisons sur un site Internet qui nous est obscur que des traces d'E. coli ont été décelées dans l'eau de l'aqueduc municipal. Il est encore tôt, mais nous décidons tout de même de commencer à informer les résidents de l'arrondissement longueillois que nous connaissons pour les avertir car il ne faut pas boire l'eau à moins de la faire bouillir quinze minutes au préalable, ni rincer aucun aliment, ni même se brosser les dents avec. Autour de 8 h, je vais avertir mes voisins directs, encore en robe de chambre, qui s'apprêtaient justement à siroter leur café que je leur conseille de jeter pour respecter cette règle du quinze minutes. Décidément, le monde appartient vraiment à ceux qui s'informent tôt.

Drôle de coïncidence, la veille seulement, ma belle-soeur - qui subit une batterie de tests présentement pour cause de problèmes digestifs - nous rappelle, à sa mère et moi, le cas d'une ville ontarienne Walkerton où l'eau de l'aqueduc fut contaminée à E. coli. Les citoyens non conscients de la présence de cette bactérie ont consommé cette eau pendant peut-être des années avant que les services publics ne les en informent. Par ce temps-là, le mal était fait: plus de la moitié des habitants furent infectés par la bactérie et souffriraient toute leur vie du syndrome du côlon irritable, tandis que d'autres en moururent.

Pour les jours à venir, j'ai donc fait le plein d'eau de source - même si dans ces bouteilles, ce doit être du bisphénol-A qui y flotte - dès l'ouverture de l'épicerie où je suis la seule à dévaliser le rayon de ces contenants. En avant-midi, un communiqué est enfin apparu sur le site de la ville pour annoncer que le problème pourrait être résolu ce vendredi. D'ici là, chaque geste dans la cuisine est devenu calculé pour déprogrammer mon cerveau. Eau potable, comme tu nous es précieuse.

1 Comments:

At 6:48 a.m., Anonymous M-H said...

jai pensé à vous, il était 6h00 quand je suis sortie du travail et j'avais l'info.. j'espérais que vous l'ayez eu aussi.. Ouf alors ;-)

 

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