orphelins de l'Éden

1.30.2011

pour en finir

Petit update sur mon mal de dos. Il est 22 h 22 au moment où je couche ces mots. M. est monté se mettre au lit juste après que nous ayons terminé le visionnement d'un autre film, (500) Days of Summer, adorable soit dit en passant. Moi, j'aurais bien aimé en faire tout autant, aller me glisser entre les draps moelleux, laisser mon corps se détendre et s'oublier pour toute la nuit, mais voilà, je suis encore soumise à ce régime de rationnement de mes heures de sommeil.

Maintenant, quand garçon s'endort autour de 20 h, je me tire du lit pour aller rejoindre M. dans le bureau au sous-sol. La plupart du temps, nous regardons un film, mais parfois, j'écris pendant qu'il surfe le net et quand il monte, je lis. Vers 23 h 30, ma journée se termine enfin et le lendemain, la douleur me réveille environ au même moment où garçon s'étire en pétant avant de pleurnicher un peu pour appeler le sein du matin.

Honnêtement, je m'y suis habituée. Je récupère ce que je peux quand je le peux et mon énergie s'ajuste en fonction de cette adaptation forcée. Cependant, force est d'admettre que la fatigue ne me guette pas à journée longue de sa charge oppressante, loin de là. Un rythme s'est imposé en douce et je continue à fonctionner tout à fait normalement.

La machinerie humaine est fascinante de cette façon-là. Je vous ai déjà dit qu'au moment où j'ai choisi de couper le café juste un peu avant ma vingtaine, mes brûlures d'estomac et mes maux de tête ont complètement disparus. Ce n'est qu'après le sevrage que j'ai réalisé à quel point j'étais mal en point. Avant de ne plus nourrir mon caféisme, je vivais avec ces inconforts physiques parce que je m'étais adapté à eux, tout bêtement.

Aujourd'hui, ce n'est pas bêtement que je me suis adaptée à ce mal nocturne, c'est par manque de veine. Les circonstances ont fait que mes rendez-vous avec mon ostéo adorée qui va accoucher ces jours-ci aient été espacés ou consacrés à Bo. plutôt qu'à moi, parce que mon coeur de mère suspectait un blocage à l'origine de son incapacité à ramper à quatre pattes, ce qui s'est avéré.

L'hourra de tout ça, c'est que mardi, je m'en remets aux mains d'un massothérapeute holistique qui m'a été référé par mon amie d'enfance retrouvée depuis plus d'un an, Ct. Il l'a beaucoup aidée à récupérer sa forme physique lorsqu'elle a été impliquée gravement dans un accident d'automobile. Je n'ai pas renoncé aux visites chez cette ostéopathe que mon ostéo m'a recommandée, bien au contraire, je les attends avec impatience. Seulement, elles auront lieu à partir de la mi-février. D'ici là, peut-être que ce délieur de tensions pourra apaiser le nid de pierre qui me pétrifie la mobilité chaque nuit.

1.29.2011

qui êtes-vous

Il paraît que toutes nos vies ne sont pas vraiment celles que nous pensions qu'elles étaient. Nos vies basées sur l'astrologie c'est-à-dire. Bon évidemment que personne d'entre nous ne mènent son existence en fonction de son signe astrologique, mais tout à la fois, chacun de nous connaît son signe et peut même résumer les traits de personnalité qui correspondent à cette étiquette. Eh bien voilà, aux douze signes répartis sur les douze mois de l'année se joint un treizième, le serpentaire.

Imaginez-vous que c'est Jean-René Dufort qui me l'a appris hier matin, par sa capsule à l'émission C'est bien meilleur le matin sur la Première Chaîne de Radio-Canada. Avec toute son impertinence si intelligente, il a annoncé aux auditeurs qu'un astronome avait remis les étoiles à la bonne place si l'on peut dire en procédant à des calculs qui positionnaient la Terre par rapport au Soleil. Du coup, toutes les tranches que nous connaissions ont été décalées et votre signe n'est sans doute plus le vôtre, à moins que vous ne soyez comme moi, une Vierge sur la limite du passage à la Balance.

Pour déterminer votre vrai profil selon les Astres, allez jeter un coup d'oeil à cet article expliquant le pourquoi du comment de ce changement énorme et anodin à la fois incluant un tableau comparatif entre l'ancien découpage et le nouveau. Bonne découverte d'une part de vous-mêmes que vous pensiez connaître.

1.25.2011

cocon pour la chrysalide qui devient papillon

Tu as quinze mois aujourd'hui et comme ça, à l'heure du dodo, tu as grimpé dans le lit tout seul pour venir t'installer sur l'oreiller sans que papa ne t'y dépose, comme il l'a fait à tous les soirs qui ont passé depuis que tu es né, à quelques exceptions prêt.

C'est à des petites choses comme celle-là que l'on en vient à oublier combien tu étais dépendant de nous pour tout.

Maintenant, tu tends chacune de tes mains pour que j'y enfile tes mitaines lorsque nous sortons ou chacun de tes pieds au moment où je les vêts de tes chaussettes le matin, tu nous indiques quand tu as faim ou soif, tu te rends à ta chaise haute quand viennent les repas pour t'y hisser avec de plus en plus de facilité parce que ton papa a eu la bonne idée de retirer le plateau une fois afin de te permettre cet exercice d'autonomie. Depuis, ce rituel amusant de grimper sur la marche de la chaise est bien établi et bientôt, tu pourras compléter le mouvement de te tourner par toi-même pour t'asseoir sur le siège.

Je réalise que nos journées sont tricotées de petits rituels de la sorte que nous répétons à tous les soleils qui montent et redescendent. Ils régularisent notre vie commune subtilement jusqu'à ce que tu nous mènes à la prochaine étape par ton développement constant et fulgurant qui appelle un remaniement de la routine. Nos gestes de parents se mettent au diapason avec les tiens qui se précisent et se raffinent, mais toujours cette stabilité pulse le beat du paradis. Quand les gens te rencontrent, ils te trouvent détendu. Sûrement que cet enveloppement des petits rituels fait son effet.

1.24.2011

wow

Le coup de téléphone a retenti. Nous l'attendions. J'avais un plan. Par miracle, tout est tombé en place. Je vous explique comment encore une fois, je me suis retrouvée à remercier Dieu de tout mon coeur.

Bien avant de faire la rencontre de Cr., la future éducatrice de garçon, mon objectif garderie pour lui s'était beaucoup concentré sur la CPE à vocation Montessori à proximité du paradis. Bien sûr, j'avais contacté environ une vingtaine d'autres installations des environs pour l'inscrire sur leur liste maison dès que j'avais appris ma grossesse, mais vraiment, je misais énormément sur cette institution de la petite enfance qui laissait place à la créativité tout en inculquant des valeurs de communauté. À la recommandation de ma grande amie Jl., je m'étais rendue à la dite CPE de nos rêves pour rencontrer la directrice des lieux et de sa bouche, j'avais su que si nous revenions souvent la voir pour démontrer notre intérêt, nous pourrions avoir de bonnes chances pour l'admission de garçon en septembre 2011.

La vie a fait en sorte que j'aie également abordé Cr. un beau jour de mai puisque je la voyais passer devant le paradis à tous les jours avec sa ribambelle de petits amis, se rendant au petit parc, et qu'elle me semblait patiente et douce avec les enfants. Elle m'annonce alors qu'elle aurait une ouverture, mais en septembre 2011 seulement. Après avoir peser le pour et le contre d'une telle éventualité, M. et moi avons décidé dès lors de repousser jusqu'à ce moment mon retour au travail afin que Bo. puisse intégrer le milieu familial de Cr.

Tout cela, vous le savez déjà. Poursuivons.

Depuis que j'ai rencontré Oa. et Oe. en juin dernier, nous savons qu'ils cherchaient une place en garderie pour Mx., mais pas n'importe laquelle. Oa. insistait pour que le milieu soit stimulant pour son garçon et que la nourriture soit saine surtout, chose rarissime en milieu familial d'après les nombreuses visites qu'ils ont effectuées. Finalement, ils ont trouvé une place pour Mx. dans un endroit où l'éducatrice n'animait ni de bons sentiments ni de mauvais dans le coeur d'Oa., parce qu'elle est comme cela cette chère amie, intuitive dans ses relations humaines. Malheureusement, un mois plus tard, Oa. et Oe. ont pris la décision de retirer Mx. de ce milieu familial où les soins reçus n'étaient pas du tout appropriés selon leurs critères de parents concernés par le bien-être de leur enfant. Angoissée, Oa. s'est donc rendue au début du mois à l'institution Montessori pour y rencontrer la directrice et plaider pour la candidature de Mx.

C'est ainsi que j'ai su que nous étions bien positionnés sur la liste - parce qu'Oa. nous a donnés en référence - et que nous avions de très bonnes chances d'être appelés pour une place pour Bo. en septembre 2011. Après avoir encore pesé le pour et le contre, M. et moi avons réitéré notre intention de laisser Bo. entre les mains de Cr., en milieu familial, là où toutes nos valeurs seront respectées et où la personnalité relax de garçon fleurira au bon rythme.

Mon plan était celui-ci: si la CPE nous appelait, je demandais à la directrice si Mx. avait une place lui aussi. Sinon, je lui laissais celle de Bo., si oui, je proposais la candidature d'E., le fils de nos voisins Brésiliens tout juste déménagés et dans le pétrin côté garderie. Comme par magie, tout a fonctionné comme sur des roulettes et autant Mx. qu'E. se retrouveront dans cette CPE extraordinaire à proximité, dans le même groupe en plus. Nos garçons seront tous entre de bonnes mains et nos coeurs de parents peuvent se réjouir. Tout cela le lendemain de la complétude du triangle. How cool is that.

1.22.2011

vision

C'est demain soir que la rencontre entre nos voisins Ukrainiens et Brésiliens aura lieu. J'ai déjà préparé ma liste d'ingrédients pour mon menu de la semaine, incluant ceux de ce repas dominical plus élaboré. Reste à nettoyer la maison de fond en comble, à faire les courses, à commencer la préparation de certaines étapes du repas pour alléger ma tâche derrière les fourneaux demain. Nous serons neuf adultes et trois petits garçons. Ça bourdonnera d'action sous notre toit tandis que les ponts du troisième segment du triangle se jetteront. Dans ma tête, j'imagine nos garçons grandir ensemble et nous, graviter autour de leur amitié par amitié. Déjà, c'est foutrement bien parti.

1.19.2011

abonnés

Elle s'appelle Raymond-Lévesque en l'honneur du fameux écrivain Québécois qui a pondu l'immense Quand les hommes vivront d'amour, entre autres. C'est la cinquième plus grande de la province. Comparée à la plus grande, elle peut paraître petite. Mais l'important, c'est qu'elle soit à une vingtaine de minutes à pied du paradis, pleine de beaux livres à emprunter pour toi, pour moi. Enfin, la bibliothèque a ouvert ses portes.

1.18.2011

table rase

Comme monsieur L., elle a comparé mon torse a un tonneau. J'ai souri. Elle, c'est S. O., cette ostéopathe qui m'a été recommandée par A-M, mon ostéo en congé de maternité. Après réflexion, j'ai choisi de m'en remettre à elle plutôt que de retourner voir le posturologue pour une troisième fois. Je crois que j'ai bien fait.

S. O. est ce genre de professionnelle très compétente, mais aussi très low profile. Elle ne pète pas de la broue à propos de tout ce qu'elle sait et explique ses interventions avec respect du patient qui s'en remet à ses mains. Elle enseigne, supervise des étudiants à la maîtrise, complète elle-même une maîtrise, a été prof de yoga, de tai chi et de respiration, entre autres. Surtout, elle est une femme simple et efficace qui soigne avec assurance.

Elle utilise l'analogie du tonneau pour que je comprenne que mes organes et mes viscères sont collés à mon dos qui lui est pris dans un pain. Elle cible ma L3 et me dit qu'il faudra quelques rencontres pour redonner de la souplesse à ma région lombaire. Combien exactement, tout dépend de la réponse de mon corps au traitement. Combien surtout parce que selon elle, il serait mieux d'attendre avant de commencer une nouvelle grossesse, attendre d'être guérie afin de donner de meilleures chances à une bonne implantation du foetus et éviter d'autres tensions ligamentaires.

Elle me donne un exercice à faire quotidiennement qui est rapide et peu compliqué à réaliser. Elle me recommande aussi des petits trucs pour m'aider: ne pas dormir sur le côté en boule compacte avec les genoux trop repliés vers le haut comme je le fais présentement pour me soulager un peu, ne pas non plus faire de respirations profondes comme je le fais pour tenter de calmer le mal puisque les racines de mon diaphragme se trouvent tout près du bobo et que ça ne fait que l'empirer. Laisser ma respiration aller naturellement au point de l'oublier. Et moi qui croyais tenir là un outil.

1.16.2011

la reprise

Pour ma postérité, il me faut poursuivre sur cette lancée de marquage des hasards qui me visitent si évidemment depuis quelques jours.

Pour conclure sur le sujet du unschooling et pour faire vite - parce que je vous ai vraiment abrutis en étant si longue hier -, j'ai su par nos voisins de l'autre rive que le seul parent que je connaissais qui suivait cette voie éducative avec ses enfants les verra se rendre à l'école en septembre. Une histoire de mésentente - ou d'entente, c'est selon - au sein du couple à ce sujet. J'ai dit "seul parent" parce que moi, c'est la maman que j'ai rencontrée à quelques reprises, toujours accompagnée de ses trois enfants, bien sûr. Mais assez à ce propos. Qui vivra verra comme disait l'autre.

Non, le plus weird suit.

Hier soir, je m'assois ici même où je suis assise à l'instant et j'écris que j'ai fait un test de grossesse qui s'est avéré négatif, décision prise surtout en fonction du fait que je n'étais toujours pas menstruée, presque quinze mois après la naissance de garçon. Mot clef: étais. Je suis. Depuis juste avant le souper. Ça veut dire que je commence à annoter les graphiques sympto-thermique que j'ai en mains. Ça veut dire que l'on peut faire un autre miracle.

1.15.2011

comme un grand

Parce que j'ai une mémoire de poisson rouge et que je dois laisser une trace qui n'a aucun rapport avec les coïncidences du précédant message, je fais un second bloc.

La nuit dernière, garçon a dormi de 19 h 30 à 6 h 30 straight through, sans un réveil. Je crois bien que c'est la première fois de sa vie. Tout ça dans son lit. Toujours collé à l'îlet, son petit corps que j'adore à une longueur de bras de moi.

Et puisqu'il est question de son sommeil, je dois aussi consigner le fait important que Bo. est passé à une sieste par jour. La transition se fait tranquillement depuis les trois derniers jours parce qu'il était mûr. Maintenant, il s'assoupit après le dîner, exténué. Il récupère pour environ deux heures et demie, histoire de faire le plein pour le reste de sa journée. Depuis le début de la nouvelle année, la sieste du matin était longue à le happer et lorsque venait l'heure du dodo de la nuit, il jouait une quarantaine de minutes dans le lit après avoir pris le sein. Donc ses deux blocs-sieste d'une heure et demie ont été réunies et depuis, il s'endort comme un charme, à tout coup. Fascinant comme il suffit d'être à l'écoute.

seulement si

Vous le savez, je suis une fan finie des coïncidences, surtout lorsqu'elles s'alignent à toute vitesse pour me projeter dans l'oeil de leur cyclone, me permettant ainsi d'être aux premières loges.

Avant-hier, quelques minutes à peine après avoir complété et publié mon dernier message, je retourne dans mes écrits hors web, plus précisément à ce manuscrit que j'avais commencé pendant ma grossesse, afin de m'y replonger dans l'espoir de pouvoir retrouver le filon. L'idée de le faire m'avait traversé l'esprit pendant l'après-midi et je me suis dit que tant qu'à ne pas pouvoir profiter de mon lit et à devoir rester éveillée, autant bosser sur mon ambition paresseuse. Mais voilà, j'ai une mémoire de poisson rouge, vous le savez ça aussi, et d'ailleurs, vous savez aussi que c'est un peu beaucoup pour ça que j'ai commencé à prendre goût à écrire il y a toutes ces années. Alors qu'est-ce que je trouve de ces lignes couchées il y a presque deux ans maintenant, je vous le donne en mille:

Si je parle, je m’embrouille. Si je parle de moi je veux dire. Si je me révèle et que je me fragilise. J’ai toujours eu l’impression que les mots dits, articulés, que ces mots-là me vidaient de ma substance ou qu’ils ne traduisaient pas bien ma pensée. Quand je parle de moi je veux dire. Parce que parler pour parler, c’est facile. Déblatérer en s’en remettant à la météo, à l’actualité, aux jugements de valeurs, ça va. Ces mots-là, ils dissimulent, ils remplissent le silence entre les individus qui ne veulent pas s’entendre penser en public. Peut-être ont-ils peur que leurs monstres indomptés qui leur ravagent l’estime crient si forts qu’ils incommodent les bonnes gens? Quel chaos si on pouvait vraiment lire dans les pensées des autres. Quelle paranoïa pas possible.

Quand je parle donc, je m’exprime assez bien pour être comprise. Plus encore, je tente de détourner les idées réchauffées vers des voies d’exploration plus intéressantes. Quand je me retrouve dans une conversation, j’essaie de rehausser le niveau d’échange pour que chacun en ressorte plus paisible. Parce que ça ne paraît pas à l’œil nu, mais toutes ces conversations bidons qui prennent place dans les milieux de travail, entre les membres d’une famille, parmi des amis, souvent elles siphonnent par négativisme. Qui discutent des choses positives de ce monde? Pratiquement personne. Les gens se morfondent, s’apitoient, se coupent la parole pour dominer leurs interlocuteurs ou imposer leurs connaissances. Les gens survolent l’essentiel avec bonne éducation. Bonne éducation qui leur a montré de s’en tenir à la moyenne, ni trop haut ni trop bas. Un citoyen pareil, comparable à l’autre, assimilé à l’ensemble, est un citoyen manipulable. Mais ça, c’est une toute autre histoire.

Donc quand je parle, je tente de repousser les limites et de faire jaillir un nouvel angle du sujet. J’essaie de transformer les rencontres orales en occasions de progresser en groupe. Autant chacun porte cette éducation de la moyenne en lui, autant je crois à cet éclat de créativité qui identifie tout un chacun. On rabâche souvent dans les maximes collectives que chacun est unique, mais qui s’arrête à penser en quoi il l’est tout particulièrement? Qui prend des moments de solitude pour s’observer d’assez près afin de reconnaître ce qui le stimule véritablement, le fait vibrer, le mène à se dépasser? L’éducation moyenne dit que le citoyen moyen passera au travers une crise d’adolescence. Pour ce que ça veut dire, on devra se croiser les doigts surtout et espérer ne pas trop en souffrir. Mais l’éducation moyenne ne prépare à la vraie vie, la vraie de vraie, celle qui nous souffle des réponses dans le cœur et que l’on voudrait tant suivre, mais qu’on a peur de le faire parce que l’éducation moyenne nous a montré qu’il fallait suivre une ligne droite une fois la crise d’adolescence passée, ne pas se jeter dans l’inconnu comme ça, pour cause de souffles au cœur. Et pourtant, l’individu moyen dit des choses comme : « La maladie grave nous amène à retrouver le sens des priorités dans une vie; il faut saisir le moment présent; qui ne risque n’a rien. » Entre vous et moi, je crois que la moyenne se satisfait de se rabattre les oreilles avec ces axiomes une fois de temps en temps, histoire d’avoir bonne conscience et de croire au fait qu’elle n’est pas trop déconnectée de sa vie.

Sans blague, comment ne pas sourire. Comment ne pas me pincer pour me demander si Dieu ne se fout pas de ma gueule. Et pour en rajouter sur cet unschooling qui me suit partout ces jours-ci, M. et moi nous installons pour visionner Soul Kitchen ce soir et dans les bandes-annonces précédant le long métrage principal, il y a celle du film Score: a hockey musical dans lequel le personnage semble être un surdoué naturel manieur de la puck qui aurait été - et oui je sais bien que c'est de la fiction - "unschooled".

Et puis, aux côtés de ce cyclone roule aussi celui-là.
Test de grossesse ce matin à 5 h, heure de mon lever hâtif devenu habituel pour cause de mal de dos.
Test négatif. J'ai tenté ma chance parce que je ne suis toujours pas menstruée malgré que garçon soit à dix jours de ces quinze mois d'existence.
En matinée, je propose à M. d'aller visiter ma soeur G., son amoureux Rb., Lc. mon filleul et Ar., petit bébé tout neuf. Elle sort les bacs de vêtements de maternité que nous nous refilons entre soeurs d'une grossesse à l'autre, certaine que nous venons leur annoncer que bébé number two est en route. Eh non.
Pour surenchérir, j'appelle chez nos voisins de l'autre rive à l'heure du souper pour savoir si nous pouvons aller faire une visite chez eux demain matin et J. me salue au bout du fil avec quelque chose comme: as-tu quelque chose à nous annoncer? Pas une grossesse en tout cas.

1.13.2011

pas si fou

Lundi qui vient de passer, M. me dit qu'il y a un article sur Cyberpresse à propos du "unschooling" et que ça pourrait m'intéresser. La journaliste, qui utilise plutôt le terme français déscolarisation pour aborder le sujet, terme qui me déplaît personnellement, donne les deux côtés de la médaille par l'entremise de témoignages. Une jeune femme de 19 ans nommée Idzie qui se définit elle-même sur son blogue en une poignée de mots comme étant une végétarienne-animiste-verte-anarchiste-hippie expose les bons aspects de cette philosophie éducative non conventionnelle et incarne à merveille selon moi cet épanouissement visé par un tel engagement parental.

Précisons d'abord que le unschooling n'est pas le homeschooling. Les parents qui choisissent cette voie pour leur progéniture ne suivent pas les objectifs scolaires fixés par le Ministère de l'éducation en dispensant à la maison des contenus standardisés. Plutôt, ils font confiance, au jour le jour, à la soif innée d'apprendre qui anime tout enfant stimulé, respecté et écouté.

D'emblée, j'en entends qui formulent des "ça y est, de véritables enfants-roi en devenir qui vivront en marge d'une société sans jamais pouvoir l'intégrer vraiment puisque totalement désarmés face aux réalités sous-jacentes à la collectivisation". Cette fameuse Idzie déboulonne chacun des mythes relatifs à cette approche underground sous la rubrique "unschooling 101". Allez-y avec l'esprit ouvert, ça vaut le détour. Promis.

1.11.2011

l'eau qui dort

Depuis que je suis allée festoyer une soirée parmi les gens du onzième début décembre dernier, mon milieu de travail m'est revenu trois fois en rêve. À chaque fois, je ne suis plus du tout dans le coup. Les techniques de travail ont changé, les aires que j'avais connues ont été complètement réaménagées et de nouveaux venus me croisent comme si j'étais une page blanche, nue d'expériences qui me couvriraient de crédibilité dans la boîte. The new kid on the block, celle qui cherche le numéro des locaux au haut des cadres de porte comme à son premier jour à l'école secondaire.

Je ne suis pas du genre à angoisser à l'idée d'intégrer un nouvel environnement. Jamais eu d'insomnie la nuit précédant un premier jour de travail ou d'école. Moi, la réglée au quart de tour dans sa routine au quotidien, je suis ouverte à l'expérience de plonger corps et âme dans ce qui doit devenir la réalité présente. J'y prends même plaisir. Ces occasions de renouveau prennent source dans l'humain et je suis friande de ce frottage d'énergies.

Enfin, je dis que je le suis et ce n'est peut-être plus aussi vrai. Devenue insulaire, mes contacts sociaux ont fondu telle neige au soleil et je me retrouve souvent à faire du one-on-one soit avec M., soit avec mes voisines, soit au bout du fil téléphonique avec quelqu'un de ma famille ou une amie. L'économie du silence me plaît beaucoup depuis que je veille sur garçon et je me découvre moins encline à nourrir les filons de conversations.

Je sens que ma drive a la pédale douce. Seul le futur sait ce que ma vie professionnelle me réserve et vraiment, septembre est encore bien loin.

1.09.2011

l'oeuf ou la poule

Ton papa dit que la parole est proche. Tu communiques déjà tellement bien avec nous. Qu'est-ce que ça sera alors.

Notre chimie de petite famille fonctionne à merveille, vraiment. Parfois, tu fais les signes que tu connais en les adaptant à tes besoins. Par exemple, le "encore" devient "je veux" ou "manger, boire". Parfois aussi, il te suffit de pointer pour que nous comprenions ce que ton regard vif a saisi et convoite tout à coup.

Mais il est vrai que très bientôt, ton vocabulaire ira au delà des fameux "maman, papa" que tu aimes prononcer en série quelques fois dans ta journée. Ta voix, elle est comme du miel à nos oreilles.

Ma douceur. C'est comme ça que je t'appelle des fois. Ou je dis que tu es douceur. Dans les deux cas, c'est que mon coeur fond quand ta petite main m'effleure tendrement ou que tu tends tes lèvres pour donner un bécot spontanément, quand tu t'agrippes comme un bébé koala à tes réveils ou que tu t'arrêtes de jouer pour venir te lancer dans nos bras et nous serrer fort, fort, fort, quand tu vas jusqu'à Nougat le gros chat couché sur l'îlet pour enfouir ton visage dans son pelage ou que tu partages un peu de ta nourriture en nous tendant une bouchée, même lorsque c'est quelque chose que tu aimes beaucoup, comme une framboise rouge et juteuse.

Mon clown. Quand je t'appelle comme ça, tu te penches pour attraper le bas de tes pantalons afin de découvrir tes mollets en les relevant. Tout ça parce qu'un jour dans les dernières semaines, tu as commencé à répéter ce geste rigolo et à te promener en esquissant des grands pas qui t'ont donné des allures de oui, vous l'aurez deviné, de clown et que j'ai dit à ce moment-là quelque chose à propos du fait que tu faisais le clown. Toi, ta mémoire a gardé cette info amusante de ce mot associé à ce geste et puis il y a trois ou quatre jours je crois, je t'ai encore traité de clown gentiment parce que tu faisais une autre clownerie et toi, tu t'es arrêté pour attraper le bas de tes pantalons afin de découvrir tes mollets en les relevant. Trop mignon.

Parce que des mots, oh que tu en comprends. À défaut de pouvoir te les mettre en bouche, tu les stockes dans tes cellules grises en prévision du déblocage ultime qui te permettra la coordination cordes vocales-langue-palais-respiration-mental.

En attendant, tu m'impressionnes garçon. Quand tu accomplis des actions clairement liées à ce que nous te disons. Quand tu prends une feuille de papier et que tu l'apportes à ton papa, comme je te l'avais demandé. Quand tu vas chercher le ballon pour nous le lancer, parce que nous jouons avec toi et que nous te l'avons demandé. Quand tu nous fais le signe qui montre ton intention parce que nous te le demandons.

En fait, nous te demandons beaucoup. Sûrement parce que tu réponds avec un enthousiasme si contagieux.

N'est-ce pas qu'apprendre est le plus beau des jeux?

1.07.2011

motto

Garçon est endormi dans son lit. Pour la première fois. Son lit encore collé à l'îlet. Le temps de faire la transition. Personne n'est pressé. Tout en douceur.

1.06.2011

morcelée

Le vent chargé de flocons venait de l'ouest. C'était clair par leur trajectoire nette. Si seulement le cours des jours était aussi facile à lire. Nous pourrions remonter nos collets lorsqu'ils viennent de front avant même de plisser les yeux sous le fouet des évènements qui tournent moins rondement.

C'est le genre de choses qui défilent dans mes neurones en pensées libres quand je pousse l'engin qui porte garçon qui dort dans le froid. Ce fameux mental qui ne se tait jamais. Maman et Jc., son mari, qui viennent de commencer leur retraite depuis quelques jours et la journée que nous voulons organiser pour fêter ce nouveau pan de leurs vies; mon ambivalence face aux traitements proposés par monsieur L., mon dilemme à aller plutôt rencontrée l'ostéopathe suggérée par A-M puisque j'ai obtenu un rendez-vous avec elle le même jour où je suis supposée retourner chez Postura pour une troisième fois; le souper que je veux organiser pour que mes voisins Brésiliens rencontrent mes voisins Ukrainiens et vice versa, poulet rôti, tomates farcies, riz à l'aneth, sûrement un potage en entrée, gâteau aux carottes et gingembre frais pour touche finale, et plus, plus, toujours plus.

Plus, parce que l'action appelle l'action. Le lotus sous le Pipal, peut-être dans une autre vie dans cette vie.

1.04.2011

acte de foi

On dit que le 3 fait le mois. Heureusement qu'il ne fait pas l'année parce que hier, j'aurais bien pris deux heures de plus à l'horaire. Entre les courses, du magasinage couraillage de ventes nécessaire, du ménage, la préparation du souper et la constante vigilance branchée sur garçon qui touche à tout, je me suis endormie à ses côtés pendant sa sieste du matin et une fois encore au dodo du soir. Dans un biscuit chinois, je prendrais bien un forfait d'un mois dans un spa.

Mes deux heures de plus, c'est M. qui me les a données. Il m'a délesté de tâches en les accomplissant par sa propre initiative. Je crois qu'il commence à comprendre que la machine Ludivine manque de carburant, surtout avec ses nuits écourtées par cause de mal de dos récurrent.

À ce propos, c'est le statu quo. Si je me mets au lit vers 22 h 30, 23 h, je peux tenir bon jusqu'à 6 h 30 le lendemain sans trop souffrir, mais si je m'endors comme hier soir en même temps que garçon vers 20 h, je me lève immanquablement pendant la nuit tellement le mal irradie avec insistance.

A-M n'étant plus disponible pour ma guérison et l'ostéopathe qu'elle m'a recommandée n'ayant d'ouverture à son horaire avant la mi-janvier, j'ai dû chercher de nouvelles mains pour mater la bête qui me bousille le sommeil.

C'est finalement chez Postura à St-Lambert que j'ai abouti une première fois à la mi-décembre. Monsieur L., le fondateur du centre, a une approche fort différente de celle à laquelle A-M m'avait habituée. Après son coup d'oeil de professionnel qui ausculte des corps depuis plus de quarante ans et une analyse de ma posture grâce à un bidule de type pèse-personne sur lequel je me suis tenue debout et qui a capté la répartition de mon poids corporel par centaines d'empreintes infrarouges superposées de mes plantes de pieds, il a été déterminé qu'une asymétrie marquée faisait pencher mon grand vaisseau vers la gauche. Étant posturologue en plus d'ostéopathe, il a donc procédé à faire des touches du bout de ses doigts raidis un peu partout sur mon corps, à des points très précis, pour ensuite m'expliquer qu'il envoyait ainsi des signaux à mon cerveau pour tenter de le leurrer afin qu'il réajuste ma stature en conséquence.

J'essaie de garder l'esprit ouvert et puis, l'information qu'il me donne concernant son diagnostic de ma douleur colle à une logique. L'ayant revue pour une seconde fois aujourd'hui, je comprends que c'est le passage de ma grossesse qui a modifié ma structure. Il m'explique que le diaphragme, le périnée, le dos et les abdominaux forment un tonneau et que dans mon cas, l'affaissement des deux premiers éléments encouru par mon état gravide passé résulte dans une compensation du dos et du ventre. Aussi, une rééducation musculaire de mon abdomen distendu est grandement nécessaire pour chasser le basculement vers l'avant qui s'est installé, causant ce fameux mal nocturne. Bon. La suite prouvera la théorie.

Entre-temps, je me lève la nuit et je viens m'installer ici.