Vous le savez, je suis une fan finie des coïncidences, surtout lorsqu'elles s'alignent à toute vitesse pour me projeter dans l'oeil de leur cyclone, me permettant ainsi d'être aux premières loges.
Avant-hier, quelques minutes à peine après avoir complété et publié mon dernier message, je retourne dans mes écrits hors web, plus précisément à ce manuscrit que j'avais commencé pendant ma grossesse, afin de m'y replonger dans l'espoir de pouvoir retrouver le filon. L'idée de le faire m'avait traversé l'esprit pendant l'après-midi et je me suis dit que tant qu'à ne pas pouvoir profiter de mon lit et à devoir rester éveillée, autant bosser sur mon ambition paresseuse. Mais voilà, j'ai une mémoire de poisson rouge, vous le savez ça aussi, et d'ailleurs, vous savez aussi que c'est un peu beaucoup pour ça que j'ai commencé à prendre goût à écrire il y a toutes ces années. Alors qu'est-ce que je trouve de ces lignes couchées il y a presque deux ans maintenant, je vous le donne en mille:
Si je parle, je m’embrouille. Si je parle de moi je veux dire. Si je me révèle et que je me fragilise. J’ai toujours eu l’impression que les mots dits, articulés, que ces mots-là me vidaient de ma substance ou qu’ils ne traduisaient pas bien ma pensée. Quand je parle de moi je veux dire. Parce que parler pour parler, c’est facile. Déblatérer en s’en remettant à la météo, à l’actualité, aux jugements de valeurs, ça va. Ces mots-là, ils dissimulent, ils remplissent le silence entre les individus qui ne veulent pas s’entendre penser en public. Peut-être ont-ils peur que leurs monstres indomptés qui leur ravagent l’estime crient si forts qu’ils incommodent les bonnes gens? Quel chaos si on pouvait vraiment lire dans les pensées des autres. Quelle paranoïa pas possible.
Quand je parle donc, je m’exprime assez bien pour être comprise. Plus encore, je tente de détourner les idées réchauffées vers des voies d’exploration plus intéressantes. Quand je me retrouve dans une conversation, j’essaie de rehausser le niveau d’échange pour que chacun en ressorte plus paisible. Parce que ça ne paraît pas à l’œil nu, mais toutes ces conversations bidons qui prennent place dans les milieux de travail, entre les membres d’une famille, parmi des amis, souvent elles siphonnent par négativisme. Qui discutent des choses positives de ce monde? Pratiquement personne. Les gens se morfondent, s’apitoient, se coupent la parole pour dominer leurs interlocuteurs ou imposer leurs connaissances. Les gens survolent l’essentiel avec bonne éducation. Bonne éducation qui leur a montré de s’en tenir à la moyenne, ni trop haut ni trop bas. Un citoyen pareil, comparable à l’autre, assimilé à l’ensemble, est un citoyen manipulable. Mais ça, c’est une toute autre histoire.
Donc quand je parle, je tente de repousser les limites et de faire jaillir un nouvel angle du sujet. J’essaie de transformer les rencontres orales en occasions de progresser en groupe. Autant chacun porte cette éducation de la moyenne en lui, autant je crois à cet éclat de créativité qui identifie tout un chacun. On rabâche souvent dans les maximes collectives que chacun est unique, mais qui s’arrête à penser en quoi il l’est tout particulièrement? Qui prend des moments de solitude pour s’observer d’assez près afin de reconnaître ce qui le stimule véritablement, le fait vibrer, le mène à se dépasser? L’éducation moyenne dit que le citoyen moyen passera au travers une crise d’adolescence. Pour ce que ça veut dire, on devra se croiser les doigts surtout et espérer ne pas trop en souffrir. Mais l’éducation moyenne ne prépare à la vraie vie, la vraie de vraie, celle qui nous souffle des réponses dans le cœur et que l’on voudrait tant suivre, mais qu’on a peur de le faire parce que l’éducation moyenne nous a montré qu’il fallait suivre une ligne droite une fois la crise d’adolescence passée, ne pas se jeter dans l’inconnu comme ça, pour cause de souffles au cœur. Et pourtant, l’individu moyen dit des choses comme : « La maladie grave nous amène à retrouver le sens des priorités dans une vie; il faut saisir le moment présent; qui ne risque n’a rien. » Entre vous et moi, je crois que la moyenne se satisfait de se rabattre les oreilles avec ces axiomes une fois de temps en temps, histoire d’avoir bonne conscience et de croire au fait qu’elle n’est pas trop déconnectée de sa vie.
Sans blague, comment ne pas sourire. Comment ne pas me pincer pour me demander si Dieu ne se fout pas de ma gueule. Et pour en rajouter sur cet unschooling qui me suit partout ces jours-ci, M. et moi nous installons pour visionner Soul Kitchen ce soir et dans les bandes-annonces précédant le long métrage principal, il y a celle du film Score: a hockey musical dans lequel le personnage semble être un surdoué naturel manieur de la puck qui aurait été - et oui je sais bien que c'est de la fiction - "unschooled".
Et puis, aux côtés de ce cyclone roule aussi celui-là.
Test de grossesse ce matin à 5 h, heure de mon lever hâtif devenu habituel pour cause de mal de dos.
Test négatif. J'ai tenté ma chance parce que je ne suis toujours pas menstruée malgré que garçon soit à dix jours de ces quinze mois d'existence.
En matinée, je propose à M. d'aller visiter ma soeur G., son amoureux Rb., Lc. mon filleul et Ar., petit bébé tout neuf. Elle sort les bacs de vêtements de maternité que nous nous refilons entre soeurs d'une grossesse à l'autre, certaine que nous venons leur annoncer que bébé number two est en route. Eh non.
Pour surenchérir, j'appelle chez nos voisins de l'autre rive à l'heure du souper pour savoir si nous pouvons aller faire une visite chez eux demain matin et J. me salue au bout du fil avec quelque chose comme: as-tu quelque chose à nous annoncer? Pas une grossesse en tout cas.