deux
Dernier jour de ce mois plus court que les autres. Samedi. Levée tôt, je me suis remise au lit lorsque mon amoureux m'a si gentiment invitée à venir m'étendre dans le jet de lumière baignant tout le vaisseau déplacé en angle pour l'occasion. Viens qu'il m'a sommé. Et quand j'ai fait la remarque qu'il faudrait faire du lavage aujourd'hui, malgré que j'étais étendue dans le creux de son bras et silencieuse de son silence depuis au moins une minute et demie, il m'a encore sommé ceci: détends-toi, veux-tu?
Si M. aime autant Nougat le gros chat, c'est qu'il a des gènes félins dans lui. Monsieur est capable de se satisfaire de peu. Plus encore, il doit être satisfait par peu, sinon, il rechigne. Son peu à lui, c'est le repos, dans son nid, à regarder les heures filées, exemptes d'obligation. On pourrait dire qu'il est de type flegmatique. D'ailleurs, vers 9 h ce matin, quand au bout du téléphone maman nous a invités à venir profiter du lac bien gelé pour patiner aujourd'hui, histoire aussi de se voir un peu, et que je lui ai suggéré à ce pantouflard aux yeux fripés, il m'a dit qu'il n'avait pas été préparé mentalement pour l'exécution de ce plan. Il est comme ça, il faut le travailler pour le motiver.
Mais aussi et surtout, il avait son propre plan en tête et quand il m'a enjoint de l'accompagner dans son bain de soleil, j'ai compris, peu à peu, qu'il y avait un foutu long moment que nous n'avions eu une parenthèse d'intimité. Mon corps près du sien s'est laissé honorer par cette sensualité exquise et notre séance de rapprochement - mot clin d'oeil à Occupation Double - fut un nouveau coup de maître. Monsieur a ce don de me dénouer le chakra vermeille et l'effet Kundalinî ne s'en trouve que plus réussi.
Intimité, il y avait longtemps parce que dans ce mois si court, il y a eu une semaine de séparation physique, suivie d'une de quarts de soir, suivie celle-là par une de fatigue et de tristesse, suivie encore par un week-end au travail pour moi, suivi par cette semaine qui vient de se terminer où j'étais réglée. Foutu long moment donc.
Je ne parle pour ainsi dire jamais de notre vie sexuelle ici. Il y a eu cette fois où j'ai mentionné notre ébat sur le divan, cette fois où M. et moi nous faisions l'amour pour la première fois sans moyen de contraception, cette fois où au moment de sa jouissance il avait lancé: "Ça c'est Br., notre fils", cette fois où, à la suite de ma confidence de l'événement dans le dit message, mon beau-frère à Hong-Kong avait désapprouvé à sa manière mon choix de partager cet événement avec vous. Too much information. Yes, too much information everywhere, I agree. Trop de sondage sur le sexe, trop d'articles portant sur la question, trop d'importance malsaine accordé au sujet des parties de jambes en l'air. Mais que voulez-vous, faire l'amour, c'est comme manger, c'est un besoin essentiel qui doit être comblé pour l'équilibre global. Un peu de chaleur humaine comme le dirait ma mère.
Un couple, c'est une union, une fusion des coeurs, un mélange des quotidiens, une mixtion des rêves, une transfusion des passés, une alliance des futurs. La communication devient le multiplex de l'intuition, de la chimie, de la confiance. M. est mon partenaire de vie, celui qui m'accompagne depuis plus de cinq ans, celui qui a tenu bon face à tellement de mes tempêtes, celui qui a grandi spirituellement sous mes yeux, nos doigts entremêlés, entremêlés comme aujourd'hui, dans notre intimité. Et tiens, parce que nous sommes en mode secrets d'alcôve, sachez que notre intimité, c'est aussi cette prière spontanée que nous formulons chacun notre tour une fois que nous éteignons la lumière à notre coucher et que nos têtes s'enfoncent dans nos oreillers. Seigneur, nous voulons un enfant, nous sommes prêts, nous l'aimons déjà tellement. Parce qu'il paraît qu'il faut formuler clairement nos souhaits les plus chers. Univers, entends-moi, cet homme, continue de m'éblouir par lui. Merci.