orphelins de l'Éden

2.15.2009

amour, quand tu nous tiens

Nous nous sommes enfin serrées dans nos bras l'une et l'autre. Nous avons enfin rattrapé un peu le fil de nos histoires personnelles des deux dernières années en jasant à bâtons rompus. Mon amie Ch. était en ville depuis jeudi.

Dans son sac, elle avait de petites surprises pour moi. Comme toujours. Cette femme qui a voyagé et vécu dans de nombreux pays, pendant de nombreuses années, elle me comble toujours de ces objets charmants qu'elle a trimballés jusqu'à livraison dans mes mains. Peu importe le temps qu'il lui faut pour me les offrir. Cette fois, elle m'a fait don de thés choisis par son ami Rn. - un être tout simplement adorable que j'ai enfin rencontré hier soir pour la première fois, après toutes ces années à en entendre parler - qui travaille pour l'instant dans un salon de thés à Ottawa. De ces récents voyages, elle m'a ramené une breloque bleu métallique à l'effigie de la main de Fatima que j'ai accroché à l'interrupteur de notre chambre à coucher et une croix sculptée dans du bois d'olivier, essence que j'ai reconnue parce que les rainures et le grain blond sont similaires à ceux de la statuette de Jésus juché sur un âne que Cht., mon amie-collègue, m'a donné à son retour de Jordanie. Le nom Jésus est sculpté dans la barre transversale de l'objet que j'ai installé à mon poste de travail dans la pièce orange duquel je vous écris en ce moment même. Ch. dit qu'elle n'a pas pu faire autrement que de penser à moi lorsqu'elle a vu cet objet. Elle voulait que notre maison abrite le symbole. Elle ne pouvait pas savoir que j'avais déjà accroché la croix argentée aux lignes pures ayant été léguée à M. le jour de sa première communion au-dessus de la porte d'entrée du paradis. Quoi qu'il en soit, maintenant la maison couve sa deuxième croix.

Pendant l'après-midi, nous avons discuté musique et M. a dressé une liste de groupes pour Ch. et Rn. qui aiment découvrir de nouveaux filons mélodiques. Ch. écoute à présent de la musique avec paroles comme elle dit, elle qui, pendant des années, ne se nourrissait presqu'exclusivement de beats électroniques. D'ailleurs, pendant ce moment à trois passé dans la pièce orange à savourer la luminosité enveloppante du soleil plongeant à l'ouest, elle nous a dit qu'elle et Rn. pensaient sortir en soirée pour danser sur les rythmes d'un DJ qu'ils aiment beaucoup. Ch. m'a toujours fasciné pour ça. Depuis que je la connais, elle sait qui est qui dans l'univers des DJ électros et quand sont les événements incontournables déboulant dans Montréal. Moi qui apprécie ce genre musical pour m'éclater sur la piste, je n'en connais qu'une maigre poignée de ces DJ aux noms farfelus et encore, ce milieu évolue à une vitesse si folle que ceux-là sont sûrement supplantés par the new flavours à l'heure où j'écris ces lignes. Ch., qui habite Ottawa, savait donc que Dubfire, une des moitiés du duo Deep Dish, un grand nom de la house music semble-t-il, était en ville hier soir. Même si le house n'est définitivement pas mon style de techno préféré, je me suis dit A- que ça faisait une éternité que je n'avais pas passé un soirée avec Ch. qui sait comment s'amuser B- que ça faisait déjà quelques semaines que je n'avais pas dégourdi mes chakras par une bonne séance de mouvements ondulatoires C- qu'on avait eu de toute façon l'intention d'une sortie culturelle pour célébrer la St-Valentin et la venue de Ch. M. étant aussi partant, nous avons partagé un repas de pâtes fraîches et une bouteille de vin portuguais pour ensuite sauter à bord de Jasmine la Fit que j'ai manoeuvrée au cours de la soirée lors de nos déplacements puisque je n'ai bu qu'une seule coupe. Nous nous sommes dirigés à l'appartement de Jm., amie de Ch. habitant Montréal depuis quelques années.

À notre arrivée, Rn. était seul dans le petit logis coquet. Devant lui, sur la table, il y avait deux bouteilles de vin vides, une bouteille de Jägermeister et une d'Amarula, les deux entamées, mais encore bien plus pleines qu'à sec. Trois autres bouteilles de rouge au garde-à-vous sur la laveuse sont passées à deux lorsque Rn. a tiré le liège d'une d'entre elles à notre apparition. Les verres de M., Rn. et Ch. se sont remplis et vidés alternativement cependant que Ch. se douchait et s'installait ensuite à la table ronde avec nous pour bavarder tout en se maquillant. L'ambiance était bonne. Les rires et les sujets de conversation coulaient tout naturellement. Le partage était au rendez-vous.

Juste avant que nous ne partions pour nous rendre à l'événement électro pour lequel M. avait réservé quatre billets par Internet, Jm. et son amoureux sont revenus de leur souper en tête-à-tête soulignant leur célébration de la fête de l'amour. J'ai donné une franche accolade à Jm., cette elfe à l'âme trempée dans du sucre candi, et je lui dis à quel point j'étais heureuse de la savoir en amour et si créative. La dernière fois que je l'avais croisée, elle vivait un épisode terriblement noir de sa vie affective. Là devant moi, elle était à nouveau libre, soulagée de toute culpabilité et de tous tourments suceurs de qi.

Rendus au Théâtre Telus, anciennement l'Aria, et plus anciennement encore le Cinéma Berri, nous avons enfin mis le pied dans la salle où nous espérions avoir du plaisir. Déjà pendant notre attente au vestiaire ou sur le trottoir avant de tirer la porte, nous avions remarqué que les autres fêtards n'étaient pas du style de la faune qui court habituellement les événements techno auxquels je participe à l'occasion. Ces Italiens et Asiatiques aux cheveux gominés pour les hommes et aux crinières longues et farouches pour les femmes toutes juchées sur des talons ressemblant à des dagues vertigineuses, ils n'avaient rien à voir avec les êtres au style éclaté et confortable des danseurs des piknics par exemple, ou de ceux croisés au Nouvel An. Pour un gros dix minutes, je me suis demandée ce qu'on foutait là, dans cette foule de m'as-tu-vu se dandinant les épaules sur les beats assez ordinaires merci.

Mais comme par magie, M. et Rn. ont trouvé un coin inoccupé, situé au pied de l'escalier menant au backstage, et petit à petit, je suis arrivée à me détendre et à me convaincre que nous pourrions arriver à faire abstraction de tous ces visages de gens terriblement portés sur les apparences qui nous entouraient et de ces couples sans pudeur qui semblaient vouloir copuler maladroitement là et maintenant.

M. m'a beaucoup impressionné pendant toute la soirée. Lui qui est habituellement distant lors de rencontres sociales, il a noué rapidement une complicité rigolote avec Ch. - qu'il avait rencontré à une autre reprise seulement, il y a cinq ans - et une sympathique avec Rn., son compagnon de beuverie. Ensuite, il a été celui de nous tous qui a brisé la glace sur la piste. Rapidement, peut-être désinhibé par les dernières gorgées d'Amarula avalées sur le parvis de la Place-des-Arts, il s'est mis à bouger, fusionné aux rythmes, et à nous enjoindre au laisser-aller. Tout cela cumulé, c'était un bon cadeau de St-Valentin. Mon chéri qui suit le flot des possibilités pour en tirer tous les sucs exquis. Je réalise à quel point il s'est métamorphosé mon beau loup.

Au final, nous sommes restés jusqu'à la fin. De retour au coin de rues de l'appartement de Jm., nous nous sommes tous salués, les quatre mousquetaires. À Rn., avec lequel j'ai adoré passé cette soirée et badiné tranquillement bras dessous bras dessus pendant notre marche sur Ste-Catherine de notre point A - Jasmine la Fit - à notre point B - l'événement -, je lui ai dit que nous viendrions, M. et moi, les voir, lui et Ch., à Vancouver. La vie a fait en sorte que ces deux amis globe-trotters se soient décidés chacun de leur côté, mais en même temps, à retourner aux études et à devenir des spécialistes de la médecine traditionnelle chinoise, elle pour les aiguilles, lui pour les herbes. What are the odds of that? Bref, Rn. ayant déniché la meilleure école à Vancouver et la soeur de Ch. habitant la ville de la côte ouest, ils partent en avril s'enraciner là-bas pour les quatre prochaines années. Dans la voiture, après avoir embrassé et remercié Ch. que j'aime et que j'adore depuis maintenant douze ans, malgré la plupart de ce temps passé si loin l'une de l'autre, M. a suggéré de faire un roadtrip cet été pour nous rendre là-bas. Génial. Une idée voyage toute simple, mais regorgeant de possibilités aux sucs exquis. Je dis oui.

1 Comments:

At 5:03 p.m., Anonymous Anonyme said...

toc toc ?
Coucou Ludivine! Je pense avoir encore des problèmes avec mon yahoo mail.. je t'ai envoyé 2 courriels mais je pense que le cyber espace les a completement bouffés ! Snif !

Je voulais prendre de tes nouvelles, mais étant donné qu'il me reste 2 semaines à faire, je fais des heures supplémentaires le soir avant de terminer vendredi.. Je tacherai de te téléphoner quand tout ça sera passé .

Gros becs ma belle
Marie
xx

 

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