orphelins de l'Éden

2.04.2009

exploration de la zone

Froid, oui. Mais pas davantage que les jours de ce défunt depuis peu mois de janvier sous le ciel de Montréal. Ce soir, j'ai même marché jusqu'à la ville pour trouver un peu de nourriture saine. Comme pendant les pires creux du thermomètre d'il y a environ deux semaines, j'avais enfilé mes combines sous mon pantalon et de loin, j'ai dû ressembler à monsieur Michelin tellement je suis emmitouflée pour braver les pics sous zéro.

Mes cases horaire étant bookées comme pas possible, voici le premier moment où je peux enfin venir vous faire un coucou.

Coucou. Au fait, c'est via courriel à mon chéri que je vous contacte. Merci maestro de mon coeur loin de moi cette semaine.

Lapins, un seul jusqu'à maintenant. Aperçu le premier matin lorsque je me rendais à la piscine. Bien sûr, je n'avais pas mon appareil et de toute manière, j'étais tellement occupée à le regarder bondir sur ses hautes pattes, les yeux écarquillés d'affolement, que je n'aurais même pas penser à le sortir s'il avait été dans mon fourre-tout.

Au sujet de la piscine, j'y suis allée hier soir. Parce qu'il faut être deux minimum pour utiliser le bassin, par mesure de sécurité, j'ai repéré quelqu'un dans mon groupe qui avait eu la même idée que moi.  K. et moi sommes donc sorties dans la nuit glacée pour nous rendre au bâtiment abritant l'eau saline. Au bout de ma première longueur de crawl, mes poumons étaient déjà en feu. J'avais oublié à quel point la respiration est un élément important de cet exercice. J'ai vite compris que si je voulais tenir pour environ une demi-heure à quarante-cinq minutes dans la piscine, il me faudrait baisser mon rythme et me concentrer sur ma technique. En avançant dans un mouvement de brasse, j'ai pensé à mes soeurs qui sont de bien meilleures nageuses comparées à moi, pour en avoir fait pendant davantage d'années d'une part, pour avoir plus d'endurance physique et plus de discipline d'autre part. J'ai beaucoup pensé à ma B., si amoureuse de la pratique de ce sport. Poisson dans l'horoscope, poisson dans l'eau il faut croire.

À un moment, ma partenaire de nage de soirée, K., s'est immobilisée à un bout du bassin. Arrivée à sa hauteur, j'ai compris qu'elle tentait de délier son pied paralysé d'une crampe. Simplement, je lui ai proposé de lui masser en lui assurant que ça ne pouvait que l'aider. Elle a d'abord refusé poliment - bien sûr que j'étais encore une presque étrangère pour cette femme (de nature réservée soit dit en passant) que je venais à peine de rencontrer cette journée même - mais au bout de ma deuxième offre savamment formulée de façon à ce qu'elle ne puisse la décliner une seconde fois, elle a tendu sa jambe sous l'eau et j'ai placé son pied entre mes paumes. Lentement, j'ai pressé avec mon pouce exactement là où elle m'avait indiqué que sa douleur se lovait avec insistance. Son corps a lâché prise et appuyée sur le rebord carrelé, K. s'est détendue en une expiration libératrice. C'était mon premier massage à vie livré sous l'eau et j'avoue que c'était une expérience agréable, très relaxante. Tant et tellement que je me suis vue exercée une carrière qui transformerait mes mains en outils thérapeutiques. Mon corps branché sur le corps souffrant, apprenant à comprendre ce langage mystérieux qu'est le transfert d'énergie.

Mais ce soir, après notre temps obligatoire d'assistance à des sessions d'information, ce pourquoi je suis ici, ailleurs, j'ai décidé de sortir et de jouer à la touriste plutôt que de retourner dans l'eau. J'ai donc marché en suivant le trajet d'autobus sur la carte imprimé à même l'horaire, autobus que j'ai manqué de peu, ce qui m'a poussée à l'exploration de la ville à pied. Bonne affaire. Ainsi, j'ai vu les rues recelant quelques indices des petites habitudes du coin, comme par exemple de brancher le moteur des véhicules à des extensions reliées aux chaumières ou d'envelopper les troncs d'arbre d'une unique bande noire qui s'est avérée cireuse sous ma mitaine parce qu'étant un système pour emprisonner les insectes. J'ai aussi croisé une poignée de citoyens. Le peu de piétons ici se compare au peu de piétons à St-Hubert-on-the-beach à proximité du paradis. J'ai observé que les maisons plus délabrées devenaient plus coquettes dans l'ensemble en me rapprochant du coeur de l'agglomération.

Par chance, je me suis engagée sur la treizième avenue et une des premières enseignes commerciales s'avéra être le lieu où je plantai mes dents dans un végé burger constitué d'une boulette à base de pommes de terre et de pois chiches en purée montée sur un pain de grains entiers et garnie de betteraves et de carottes râpées, de germination, de cornichons, de vinaigrette césar maison. Un endroit chaleureux aux planchers craquant et aux ardoises chargées de mets délicieux préparés avec des aliments tout aussi sains les uns que les autres. Assurément l'antre des hipsters du coin.

De retour au lieu où je crèche pour la semaine par voie d'autobus attrapé après mon repas au centre d'achat le plus important de la ville, j'ai raconté mes découvertes à quelques-uns des autres participants du groupe et puis Ln., une femme d'une cinquantaine d'années qui m'a parlé à l'heure du midi de sa bataille contre le cancer du sein dans la dernière année, se joindra peut-être à moi demain soir.

Parce que cette formation me permet de rencontrer des gens de partout dans le pays. Il y a Mc. avec son accent acadien, Mk. d'Ottawa qui est un crack d'Internet, Pl. un jeune patron sympathique, Mr. une femme habitant le Yukon au percing dans la narine et au cerveau assimilant le jargon administratif à la vitesse de la lumière et tous les autres, et tous les autres. Nous sommes 25. Moi, je suis la francophone du groupe, celle qui cherche souvent ses mots. Mais tout va bien. Tout le monde est patient lorsque je parle en ponctuant mes phrases de blancs. Ils m'écoutent et me suggèrent des mots. Je les attrape au vol et ils font même des efforts pour sortir leurs quelques mots de français.

Deux solitudes dans ce grand pays, définitivement. Mais quelle culture que la nôtre, celle des Canadiens que nous sommes. Quelle supercherie quand on y pense vraiment. Nous sommes si nombreux à vivre sur cet immense territoire, comment prétendre être un peuple aux moeurs semblables d'une côte à l'autre. Impossible. Au point de vue du mariage de la démographie et de la géographie, toutes ces âmes expriment les traditions locales bien plus qu'elles ne réussissent à aplanir leur bagage sous un drapeau national. Heureusement pour nous au fond. C'est ce qui nous rend si fascinants les uns pour les autres. Obligés de s'accepter, l'ouverture suit. Pas toujours bien sûr. Mais très souvent, très, très souvent. Il suffit d'accueillir. Pareil que lorsque l'on sort de notre zone de confort.

2 Comments:

At 6:41 p.m., Anonymous Anonyme said...

Mais dans endroit te trouves-tu au juste? Tu parles par périphrase...! Serait-ce dans ma région natale?

Bises, J

 
At 9:57 a.m., Anonymous Anonyme said...

Ça me rappelle bien mon voyage récent là-bas... et mon bonheur intense d'être à Montréal!! =)

Bienvenue chère bloggueuse, qui lira ça de chez elle ce soir!

 

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