orphelins de l'Éden

2.21.2009

d'heure en heure

Vendredi, journée délicieuse. Hier, je suis allée en ville rejoindre mon amie S. dans son appartement du Plateau. Il y avait depuis mon anniversaire que nous ne nous étions vues. Autant dire une éternité. Quelques appels et emails entre temps nous avait aidé à s'échanger des nouvelles de nos cheminements, mais il était grand temps d'avoir toutes ces heures ensemble.

Assises chacune sur un divan dans son salon éclairé par le soleil blanc de ce jour venteux, nous avons commencé par déballer ce qui nous était d'actualité: elle et ses décisions existentielles majeures, moi et mon questionnement côté boulot. Avec S., la conversation suit un cours constructif, ponctué d'interruptions respectueuses qui ont pour but d'approfondir une idée tout juste survenue. Nous partageons en commun une bonne écoute et nos expériences se nourrissent mutuellement. S. est un être pétri par des valeurs qui la mène en avant sur la ligne du temps, mais toujours en synchronisation avec sa volonté et sa conscience. Suivre son coeur, elle connaît. Aller là où l'on devient nous-mêmes un peu plus, elle va constamment. Elle est libre. Sans doute l'être le plus libre qui m'a été de rencontrer sur cette planète. Libre et honnête. Libre et pleine d'empathie. Libre et respectueuse du parcours des autres. Mais libre.

Pour célébrer son anniversaire, parce que hier, cette beauté qui n'a pas changé d'une miette depuis les dix années que je la côtoie, ajoutait un autre douze mois à tous ceux engrangés au fil de son existence, je l'ai invitée à aller manger les meilleurs sushis en ville. Mon instinct m'a fait choisir cet endroit fantastique où il m'avait été donné de découvrir ces bouchées tant appréciées par les Montréalais il y a presque deux ans maintenant. Mon instinct est tombé pile puisque ma belle amie n'avait pu s'asseoir pour manger lorsqu'elle et son amoureux s'étaient rendus là un soir dans le but de se régaler justement des meilleurs sushis en ville selon des connaissances à eux parce que le succès de l'établissement est tel que le local exigu déborde rapidement de convives, et donc, elle s'est réjouie d'apprendre mon choix de sortie gourmande.

Attablées devant une tasse de thé vert, nous avons poursuivi notre échange. S. qui a souvent travaillé dans le milieu communautaire, me suggère de penser à cette voie pour un changement de profession. Elle me dit qu'il y a de grands besoins dans une foule de domaine et que les postes offerts peuvent être très bien rémunérés, en plus d'être des boulots stimulants, où mes qualités personnelles de leadership et d'initiative pourraient être mises à profit. D'ailleurs, à plusieurs reprises pendant nos heures ensemble, elle reviendra sur le fait qu'elle croit en mes capacités intrinsèques et déboulonne ma préconception défaitiste qui veut que puisque je n'ai pas vraiment un curriculum vitae correspondant au profil recherché pour combler un poste de coordinatrice par exemple, je ne pourrais pas tenter ma chance. Elle m'explique que dans le communautaire, selon ses expériences - et Dieu sait qu'elle en a -, tout se joue lors de l'entrevue. Il faut montrer ses couleurs et faire confiance que ce que je suis convaincra. Quoi qu'il en soit, S. m'offre une piste à laquelle je n'avais pas du tout pensé.

Après notre bouffe nettoyante (tous ces ingrédients d'une fraîcheur exquise, ça vous projette les pieds dans le sable, sous des palmiers), nous avons conclu notre repas au Point G, là où les macarons légers et gommant sous la dent sont rois, là où les sorbets aux parfums audacieux - ananas et basilic par exemple - font saliver, là où le chocolat chaud maison tapisse la bouche de toute son onctuosité décadente. Nous y resterons le temps de poursuivre notre conversation initiée des heures auparavant. À notre départ, nous apprenons que le propriétaire sympathique écrit, tout comme une de ses filles, celle qui a 17 ans et qui voudrait que son amoureux connaisse Nietzsche.

Après une décoction favorisant la digestion bue de retour à l'appartement de la douce S. où d'autres sujets de discussion sont explorés, elle m'accompagne à la SAQ au coin de Mont-Royal et Papineau. Là, la fêtée goûte d'abord un italien et passe ensuite à l'autre comptoir dégustation où la jeune femme lui propose deux cocktails à base de Bayley's caramel. Pendant qu'elle trempe ses lèvres, un homme d'une soixantaine d'années, à la barbe touffue comme sa chevelure poivre et sel, l'aborde et lui demande si elle boit celui contenant du chocolat parce que saviez-vous que le chocolat est un tueur. Oh la, la, gentiment j'interviens et je rétorque qu'un bon chocolat est en fait un allié pour le maintien d'une bonne santé. L'homme aux montures de lunettes originales reconnaît la véracité de l'eau que je viens d'apporter au moulin de cette conversation impromptue. En peu de temps, nous apprenons qu'il aime toutes les femmes et, amusées, nous le saluons poliment pour aller sélectionner nos bouteilles de pinard. S. opte pour cette bouteille de Chianti que je lui propose en me basant sur l'agréable souvenir de ce que j'en ai goûté quand le mari de mon amie-collègue Cht. l'avait apporté lors du souper au paradis remontant à janvier.

Je passe Aux Copains d'Abord ramassés une quiche chèvre et tomates et une tourtière au millet pour le repas de la soirée. Parce que ma journée gourmande - bonne chère en bonne compagnie - s'est terminée de façon tout aussi gourmande - bonne chère en bonne compagnie. Hier soir, j'ai cassé la croûte avec les anciens voisins. Notre astuce pour nous retrouver aux deux mois environ tient toujours la route. Nous suivons les célébrations de chacun de nos anniversaires.

Nous nous réunissions tous cette fois-ci pour souligner la fête de Ps., dont l'anniversaire remontait à un peu moins de deux semaines. Mais il y avait une autre raison pour nos retrouvailles: l'arrivée dans ce monde de Mt., petit nourrisson mignon comme pas possible avec ses yeux tout étonnés de notre présence dans son environnement. Ps. m'a fait un immense cadeau dès mon arrivée dans leur demeure, il m'a installé le maman Kangourou sur moi pour que je porte ce paquet de chaleur humaine débutant sa sieste. Il est resté là un peu plus de deux heures. Quel magnifique privilège de porter cet enfant tout tassé sur lui-même, sécurisé dans cette position foetale.

Nous avons mangé, parlé. Tout le monde avait quelque chose à raconter: Ps. et Jn., mes anciens charmants voisins, nous ont parlé de la venue de Mt. dans leur vie; Fr., accompagné de Pr. qui a beaucoup maigri et qui s'égare de plus en plus dans la maladie d'Alzheimer, nous a parlé de sa semaine de boulot parce que monsieur le retraité a décidé de retourner à son ancien emploi quelques jours semaine; Sm., mon ancien voisin du rez-de-chaussée, qui cherche une maison avec sa belle Ls., que je découvre un peu plus à chacune de nos rencontres, nous a expliqué pourquoi il allait poursuivre leurs recherches malgré une propriété qui les a beaucoup intéressées, mais qui s'est avérée être bourrée de problèmes; et puis M. et moi. De quoi avons-nous parlé nous? Lui, un peu de son boulot, moi un peu de mon récent voyage.

Au retour, dans Jasmine la Fit, M. et moi, nous avons eu une sale prise de bec. Selon lui, j'ai été indélicate à son égard par une de mes répliques et de là, cette minuscule flammèche a fait flamber une ferme pleine de foin sec. M. a eu une dure semaine et parfois, il suffit d'un élément déclencheur pour que l'émotivité soit vomie n'importe comment. Je comprends qu'il s'inquiète pour sa maman surtout. Il la verra aujourd'hui, pendant que je serai au boulot. Nous en saurons plus à propos de l'état de santé de Rc. qui a été opéré pour le coeur il y a deux jours, plus aussi à propos de l'état émotionnel de sa maman. M. est un phare pour moi lorsque je suis égarée dans mes propres émotions. À moi de lui renvoyer la pareille.

1 Comments:

At 9:49 a.m., Anonymous Anonyme said...

Tu t'es promenée dans mes anciens quartiers et je m'y sens déjà étrangère... Et pourtant on n'efface pas 6 ans d'une vie aussi rapidement.. Je me sens étrange.. Comme si j'avais bel et bien tourné la page sur une période très urbaine de mon existence... Suis-je dérangée coudonc ? Je m'étonne à aimer la banlieue !!

C'est sur les petits marchants me manquent (les croissants aux amandes des copains d'abord!!! ) mais en même temps le simple fait de penser à mettre le pied en ville me donne mal à la tête...
Et passer à l'acte c'est encore pire ! Je deviens verte et jme transforme en incroyable Hulk !

Pour ton homme, je pense à lui, j'espère que sa maman se porte bien compte tenu des circonstances et que son amoureux récupérera rapidement. Vous vous soutenez incroyablement bien tous les deux. Profitez en , ne vous lâchez pas, vous faites un vrai beau couple tous les deux

Bonne semaine demoiselle!

Marie
xx

 

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