back on track
Le Fitch Hill Inn. Jh., l'homme du couple de innkeepers, était juché dans son échelle à notre arrivée. D'un pas lent, typique des habitants de la région baignés dans ces mégatonnes d'oxygène épuré par ces montagnes aux forêts denses, il nous a accueillis en nous avouant qu'il ne s'attendait pas à avoir des invités aujourd'hui. De fait, le Inn, qui se trouve un peu à l'écart des centres plus touristiques, est en plus juché au bout d'une rue peu passante. Le bon Dieu voulait que nous passions une super nuit regénératrice et que nous mangeions un repas digne des rois de ce monde avant d'aller escalader le plus haut sommet de l'état, le mont Mansfield.
Après avoir monté nos baggages à la chambre, nous sommes retournés au village très touristique de Stowe. Là, nous avons pris un autre bain de soleil, le deuxième de la journée. M. s'est assis sur un banc au coeur du village pour que nous profitions des rayons. Parce que oui, M. est un chat. Il adore se prélasser dans la lumière vive et chaude, surtout qu'en ce deuxième jour, la route de la veille nous avait un peu rentré dans le corps et qu'il nous fallait ralentir la cadence. Et c'est dans cette volonté de nous détendre que nous avons décidé d'aller poursuivre notre fin d'après-midi attablés dans une micro-brasserie, pour découvrir un produit de la région. Nous avons bu une noire bien équilibrée aux accents riches rappelant le café surtout et un peu la mélasse. Pour rentrer à la maison bleue, j'ai conduit sur cette magnifique 100, passant près de fermes s'étendant aux pieds des élévations et de maisons de planches toutes plus jolies les unes que les autres.
Au réveil, monsieur dormant toujours un peu plus longuement que moi, je suis sortie.
Marcher. Pour aboutir dans le minuscule Hyde Park, un des bleds les plus charmants qu'il m'a été de visiter dans ma vie. Imaginez un endroit perdu où vous trouvez des bâtisses aussi grandioses.
Est-ce que le Vermont est beau? Eh bien, laissez-moi vous dire que celui que nous avons vu, oui, extrêmement. C'est un lieu paisible où les gens vous quittent en disant "have a good one", où lorsqu'un piéton pose le pied sur le pavé pour traverser, les automobiles s'immobilisent, où des joggeurs et des cyclistes longent les routes rurales peu bondées de véhicules, où les produits de l'érable font la fierté des locaux, comme chez-nous. C'est un paradis à proximité. Sans exagérer.
C'est aussi un endroit où les gens prennent position. Les Vermontais sont reconnus pour être des Américains différents. Avec St., j'ai parlé des élections américaines, de l'urgence qu'Obama rentre pour renverser la vapeur. Et pas plus tard qu'hier, j'ai en aussi parlé avec cet homme si gentil que nous avons rencontré au centre d'information de la compagnie avant-gardiste Green Mountain Coffee. Cet homme dont je n'ai pas su le nom, il a pris le temps de nous recommander un trajet fantastique pour notre dernière journée: partir de Waterbury, descendre sur la 100 jusqu'à Waistfield, tourner sur la 17, arriver au Appalalchian Gap, où nous avons grimpé au sommet du monde pour une seconde fois en deux jours, dégringoler jusqu'à la 116, longer les flancs de la Green Mountain National Forest, bifurquer sur la 125, grugée récemment par un débordement du lit de la rivière lors des pluies d'août. Cet homme, c'est lui qui m'a conseillé de regarder le discours d'investiture du candidat démocrate, Barak Obama, le soir même, ce que nous avons fini par faire, parvenus en Estrie, complètement rompus par les heures de route, mais détendus par une gâterie concluant notre voyage, une saucette dans un bain tourbillon.
Je m'éternise, mais l'important, c'est de reconnaître que nous avons bien respiré pendant ces quatre jours dans cet ailleurs idyllique. Chaque minute dans cette nature nous a rajeunis de nombreuses fatigues pour finalement recharger nos batteries en prévision du temps froid qui arrive d'ici peu. Au Vermont, malgré le soleil resplendissant, certains feuillages ont commencé à changer de couleur. En admirant les kilomètres à la ronde du haut de Mansfield, des taches d'orange et de rouge ressortaient du lot vert foncé.
Peu importe, je suis faite pour les quatre saisons. Prête à changer au gré des cycles. Parfois fruit, parfois flocon. Rien n'est plus beau que la Terre. À part peut-être les tableaux qu'elle nous offre.