orphelins de l'Éden

8.30.2006

or rouge et vent frais

La saison décline. Le matin, le soleil tarde à se pointer. L'automne est précoce. L'hiver sera peut-être féroce.

Le long week-end arrive. Les étudiants et les élèves ont repris du service. Ma fête est dans moins d'un mois. L'automne est une saison de lainages et de vent frais. C'est aussi la beauté des feuillages ocres et dorés.

Le creux. La fatigue sournoise, l'énergie qui s'étiole après avoir fleuri. L'automne des courges de toutes sortes, rôties ou en purée, et celui des premières gelées.

M. et moi n'avons pas encore commencé à canner nos tomates. Cette année, c'est la catastrophe chez les agriculteurs biologiques du marché. Les tomates ne sortiront pas nombreuses du lot. Chez un, c'est un fongicide qui étouffe les plants, chez l'autre, ce sont les racines qui sont attaquées par le sort. Mais nous trouverons. Quitte à visiter d'autres marchés.

L'année dernière notre réserve nous a duré jusqu'en février. Cette année nous visons une quarantaine de pots. Nos sauces nous réconforterons en pleine tempête. Ces pots, ce sont nos trésors. Nous récoltons, en les savourant, leur goût de fruits mûrs et à point. Ces pots, ce sont notre fierté. Le résultat d'un labeur valorisant qui nous branche à la terre et qui nous enseigne la reconnaissance. Travailler une matière première pour en apprécier la qualité.

L'automne, c'est le temps des récoltes. La manne, l'abondance avant les bordées et les fruits et légumes importés. Profitez du local tant que vous le pouvez.
Festoyez avant la Fête des Morts. Régalez-vous et ayez de bonnes virées à recueillir votre boustifaille, votre chou-rave et vos fleurs de zucchini, vos piments blancs et votre melon orange, sans oublier votre courge spaguetti.

La nourriture dans votre assiette ne tombe pas du ciel, elle vient de la planète et de ses amoureux de la bèche et des genoux terreux. Elle vient de mois de péripéties météorologiques, d'incertitudes et de science aussi. Il faut connaître les secrets des variétés de plants pour en tirer des fruits et des légumes. Il faut faire des essais et des erreurs pour satisfaire un moment éphèmère, celui de consommer la nourriture et de l'apprécier. Chaque repas est une action de grâces.

8.25.2006

ticketpro vs première année

Mercredi, j'apprends par téléphone, d'une préposée chez Ticketpro, que si je me présente sur les lieux du spectacle qui m'intéresse, je n'ai pas à payer les frais intermédiaires. Les billets facturés à 25,85 $ l'unité si achetés par téléphone ou le Net, plus 3,75 $ pour un envoi postal ou 2,00 $ s'ils sont récupérés à un guichet, me coûteraient 23,00 $ l'unité, tout rond, si je les achète au Club Soda, sur place, gracieuseté la locomotion de mon corps. Les amis, c'est une épargne d'au moins 7 $ tout ça, c'est une moitié d'une bouteille de vin correct ou un quart de tank d'essence par bon temps si votre voiture est économique. C'est avec des piasses qu'on ramasse des liasses.

Alors, je pars en expédition pendant mon heure de dîner: destination Club Soda, via métro St-Laurent. Arrivée au guichet logé dans un hall calme, j'aperçois une fillette au teint café au lait vissée sur le tabouret. Elle me lance un regard très professionnel du genre "puis-je vous aider?". Un homme est debout derrière elle, une casquette à la Castro vissée sur la tête. Je dévisse ma langue et je demande des billets pour l'événement qui m'emmène. L'homme s'active et la fillette aux boucles folles et légères fait une remarque: "Ça bouge, il y a des papiers dessous", pendant qu'elle soulève le tiroir-caisse. Je saisis la perche et je lui dis qu'elle devra bientôt mettre un nouveau papier dessous, celui que générera ma transaction. Elle sourit. Heureuse d'avoir suscité mon attention, mais heureuse surtout par l'expectative de pouvoir encore, plus longtemps, agir comme une professionnelle. Jouer.

Je glisse ma carte dans la meurtrière moderne. L'homme amusé indique à demoiselle-la-guédelle qu'elle peut passer la carte dans l'appareil. Elle s'exécute en pro et attend en commentant sur le temps que prend l'engin à cracher la réponse. Pendant le délai, nous jasons, elle et moi. Elle me dit que parfois, il y a une file d'attente impressionnante à ce même guichet. Je lui suggère de quitter ses études pour venir bosser ici à temps plein. Elle m'avoue qu'elle en serait ravie puisqu'elle n'a pas du tout envie de commencer sa première année. Je lui assure que cette année de scolarité est la plus belle. Toute sérieuse, malgré sa moue de gamine, elle m'avoue que non, la plus belle, c'est la maternelle.
L'homme supris lui demande pourquoi. Elle ne sait pas trop. Et la machine se met à nous rappeler à la réalité de la transaction. Demoiselle déchire le papier régurgité, me tend la copie à signer. Elle déchire mon reçu et, toute penaude, s'excuse de l'avoir déchiré en deux, une mauvaise manoeuvre, des choses qui arrivent. Sérieuse à mon tour, je lui dis qu'il n'y a pas de problème, je la recollerai à la maison. Elle me sourit, reconnaissante et satisfaite de cet échange. Nous nous saluons.
En quittant, je lui souhaite une bonne année scolaire.

Dans une semaine, elle quittera la maison pour ne plus jamais revenir la même. Parce qu'il le faut et qu'ainsi va la vie qui va, elle se métamorphosera. L'adulte sera toujours l'enfant qu'il était.

Nota Bene (clin d'oeil à 8.22.2006): Tant qu'à manger au restaurant, faisons-le pour une bonne cause (voir "liens" - Robin des bois)!

8.22.2006

petit papillon

Une bière noire refroidit au frigo. Le souper est terminé. Un potage sur le balcon, vêtus de manches longues, ça sent un peu l'automne quand même.

Sur mon heure de dîner, je suis allée lire au parc, un carré d'herbe de rien du tout, égaré au coeur des baraques baraquées de Westmount. Un écureuil se débattait au-dessus de ma tête à s'accrocher à une branche. Je me suis imaginé l'animal tombant à mes côtés, sur le banc, sonné.
N'ayant pas de bracelet-montre depuis plus de dix ans maintenant, j'estime le temps. Depuis toutes ces années, je peux compter mes retards sur mes bouts de doigts. Et encore, certains d'entre eux sont survenus lorsque le métro avait décidé qu'il en avait assez de bourlinguer sa carcasse sur les rails qu'il connaît par coeur. Les pannes sont rares, mais elles sont aussi inévitables, à moins de se lancer dans un autobus surchargé ou dans un taxi surchauffé. Je préfère rester assise dans la pénombre et me rassurer en me disant qu'une fois n'est pas coutume.

Rentrée au boulot avec un peu d'avance, je décide de réessayer de parler avec ma grand-mère qui, lorsque je réussi à l'avoir à l'autre bout du fil, m'annonce qu'elle est une véritable trotteuse et que j'ai visé juste en l'appelant aux alentours de midi, heure de repas.

Grand-maman n'aime pas manger à l'extérieur de chez elle. En cuisinant, nous choisissons la qualité de nos aliments et nous mangeons selon nos goûts. Nous en discutons souvent. M. n'aime pas sortir au restaurant et depuis que je cuisine, j'ai tendance à y analyser mon assiette: trop cher, facile à reproduire, aliments quelconques. Grand-maman et moi sommes d'accord: si nous payons pour un resto, il faut que ça soit pour une sortie gastronomique, quelque chose qui nous soufflerait littéralement. Mais nous préférons acheter des boîtes de tomates que nous cannerons pour nous concocter des sauces bourrées d'été en plein mois de janvier.

Elle me parle de ces activités et me demande comment ça va en vélo. Je lui réponds que cette semaine, en allant faire mon marché, j'ai bien failli ne pas pouvoir revenir à bicyclette tellement j'étais chargée. Un ou deux articles de plus m'auraient forcée à manger quelque chose sur place. J'ai installé une boîte de carton à l'arrière et j'ai mon sac à dos. Mais mon cantaloup et ma boîte de biscuits au gingembre n'étaient pas prévus et ils ont bien failli me condamner à rentrer en métro.

Je dis à grand-maman que hier à la télévision, un homme avait le même nom que grand-papa. Nous parlons un peu des noms communs et des modes et je lui dis que son prénom est rare. Elle me dit que jusqu'à tout récemment, elle était la seule L.ai. dans l'immeuble. Elle me nomme Charlotte en me disant qu'il n'y en a qu'une dans tout le complexe et qu'elle danse très bien, "comme un petit papillon" qu'elle dit.

Elle me parle de l'épluchette de blé d'Inde qu'il y aura bientôt, des pêches sucrées et juteuses qu'elle a cannées, de son teint de femme qui profite du soleil, nous parlons de M. qu'elle salue toujours, du fait qu'il faut savoir cultiver son jardin secret et développer nos intérêts. Mon heure de dîner s'achève et je lui dis que je l'aime. Elle m'aime aussi.
Et dire qu'il y a quelques années, je ne savais jamais de quoi lui parler.

8.18.2006

du vert à proximité

Ce matin, comme tous les matins depuis des semaines, je sors arroser les plants déjà bombardés d'un soleil resplendissant. Je nourris ma laitue qui repart à zéro. Une collègue de travail m'a offert un petit sachet de semences de mesclun, un mélange de plusieurs types de feuilles de laitue, des plus tendres et des plus amères, des frisées et des coriaces. N'ayant jamais jardiné auparavant, M. et moi n'avons pas su protéger notre récolte des moineaux friands de verdure. En revenant des quelques jours chez ma mère il y a trois semaines, j'ai constaté les ravages. Notre laitue était trouée et salie d'excréments. "Il faut mettre un filet protecteur et des tuteurs", qu'une autre collègue m'explique. Dans mes bacs, les pousses reprennent maintenant de plus belle.

Nous avons aussi quatre plants de piments qui se fortifient à vue d'oeil. De frêles petites choses vertes, ils sont passés à de solides tiges bien garnies de feuilles foncées. À leurs cimes s'accrochent des bourgeons, qui annoncent des fleurs, qui se transforment en fruits. Une véritable alchimie. Nous ignorons quelle sorte de piments ponderont nos plants, c'est une surprise. Ils nous ont été offert par nos charmants voisins qui ne connaissent pas ce qui résultera de cette croissance fantastique que nous permet la saison chaude.
Hier soir, M., mon amoureux, m'a dit avoir vu des piments miniatures à la place de quelques fleurs. Je les ai admirés ce matin. Je crois que ce sera de beaux poivrons verts.

Et puis, sur le balcon, il y a aussi le bananier qui déroule en moyenne une feuille à chaque semaine. S'il est à l'aise dans son pot, il se développe majestueusement. Ses feuilles sont de plus en plus grandes. Un bébé que je devrai tranplanter s'accroche à son pied. Les bananiers sont des plantes très généreuses. C'est GB., un collègue et ami, qui l'avait offert à ma soeur B. Le bananier s'est retrouvé chez G., ma grande grande soeur, l'aînée, lorsque B. et son mari ont vendu la maison. Leurs objets, meubles, vaisselles, vêtements, éléments décoratifs, jouets, et j'en passe, se sont retrouvés dispersés aux quatre vents, mini entrepôt, maison de ma mère, Hong Kong, par avion et par bâteau. G. me l'a donné parce que celui que GB. avait offert à M. a été accidentellement déraciné deux fois. Ce bananier, c'est la plante favorite de M.

Il y a enfin un basilic grec touffu et massif, et un plant d'origan parfumé auquel je pince les fleurs pour ne pas qu'il monte en graine. Je leur coupe des tiges lorsque je prépare ma sauce crèmeuse aux tomates italiennes et épinards qui nappera des gnocchis.

La nature en pot, c'est encore la nature.

8.17.2006

assomption acadienne

Pie XII a défini le dogme de l’Assomption de la Vierge (1950), dogme défini par constitution apostolique Munificentissimus Deus Pie XII : "…Nous affirmons, Nous déclarons et Nous définissons comme un dogme divinement révélé que l’Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la Gloire céleste". (1er Novembre 1950).*

Ça, c'est le 15 août de chaque année que ça se célèbre. Imaginer, cette journée veut nous rappeler la virginité de Marie, sa pureté préservée pendant toute son existence. Pourquoi? Parce que le corps en soi est impie, souillé s'il s'adonne aux plaisirs sexuels? C'est en mangeant le corps du Christ que nous célébrons. Mais il est vrai que la Bible ne présente pas Jésus comme sexué. Blanc comme neige, nous sommes appelés à l'ingérer pour nettoyer nos corps de ces élans de promiscuité "intercoïtale" qui nous diminuent et nous ramènent au plancher des vaches. Viser ce type de pureté en célébrant l'Assomption n'est-elle pas une source de culpabilisation?

Je suis certaine que Marie aimait la fraîcheur de l'eau lorsqu'elle se baignait et qu'elle appréciait la douceur de la laine et qu'elle se régalait d'un bon pain chaud et moelleux. Et c'est par le corps qu'elle réussisait à vivre toutes ses sensations. Ce même corps qui n'a, semble-t-il, pas été marqué par la pénétration vaginale. L'Église a-t-elle voulu la soulever au-dessus des mortels pour la rendre exceptionnelle? Sans doute. Pour le culte, pour générer l'admiration des femmes peut-être, entre autres.

Dieu aime les enfants. Les enfants, ça ne pousse pas dans les choux, ça se fait dans l'amour. Et là où il y a de l'amour et le désir de l'exprimer sans mot à l'être avec lequel nous le partageons plus particulièrement, plus intimement, eh bien là, ça sent le sexe.

J'y réfléchissais, c'est tout.
Et oh! en passant, bonne fête à tous les Acadiens qui célèbrent le Grand Tintamarre, à tous les 15 août! En tapant sur tout ce qu'ils trouvent et en dansant autour d'un immense feu de joie, ils clament haut et fort leur présence physique sur leur coin de Terre, leur identité singulière dont ils sont fiers.

* (Tiré d'un site internet)

8.13.2006

9:33 am

Levée depuis plus de trois heures déjà, je savoure le temps comme un bon vin. M. dort en boule, enfoui dans le plumard avec Nougat le gros chat enroulée et collée à sa jambe allongé. L'Astre est tonifiant de sur mon balcon arrière. Seule, perchée sur la balustrade qui m'offre le spectacle de ma ruelle désertée, je suis une abeille, un oiseau, une plante. Une pleine heure et demie à boire mon jus d'orange, à manger mes rôties tartinées et à lire un journal épais choper hier à la Fête bio paysanne à la ToHu, baignée dans le silence et l'endormissement qui se dissipent tranquillement.

Ma voisine sort sur son palier pour s'imbiber des rayons francs. Elle m'aperçoit, nous nous saluons. Elle trouve que j'ai "la tête dans le cul". Elle est Belge. J'en comprends que je dois avoir l'air amoché et pourtant, je me sens assez bien. Oui, hier soir je me suis mise au lit passé mon heure. Mais mon corps me redirigera vers la sieste s'il lui en dit plus tard. Aujourd'hui, c'est jour de rythme lent et de non planification.

Avec J. nous discutons dans un espace calme de choses qui nous touchent. J. est une femme d'action. Elle se promène à vélo, travaille pour une organisation qui distribue des produits équitables, à sensibiliser les jeunes à un tel type de mise en marché. Elle me parle d'un travail universitaire qu'elle a choisi de faire à propos de l'eau, de son pouvoir géo-politique insoupçonné. Elle me cite en exemple l'Égypte qui bénéficie des eaux du Fleuve du Nil, le plus long sur la planète pendant que l'Éthiopie (d'où émerge le Nil Bleu, qui avec le Nil Blanc, finissent par formé le majestueux cours d'eau) ne dispose pas des ressources nécessaires pour se réapproprier l'eau en l'irriguant par moyen de barrages. L'Égypte était tranquille jusqu'à il y a peu de temps mais, maintenant, l'Éthiopie veut cette eau pour sa population grandissante et affamée. J. ajoute qu'elle a été surprise de constater qu'environ 80% de l'eau potable ou douce de la planète est utilisée pour l'agriculture. Qui dit peuple nourrit, dit peuple renforci. Imaginer tout ce qui s'en suit.
L'eau, c'est le pétrole du futur. Ce l'est déjà plus que nous le réalisons.

J. est un de ces êtres humains curieux qui farfouillent selon leurs possibilités. Découvrons-nous avides d'exploration à notre portée, sortons des sentiers battus par l'ensemble et scrutons les sujets qui nous titillent. Ainsi, nous deviendrons uniques, mais surtout, nous pourrons contribuer au savoir collectif en diversifiant les points de vue et les lieux de la connaissance.

Ouf, bon dimanche relax.

8.10.2006

à propos

C'est jeudi, jour de la distribution du Voir, journal culturel hebdomadaire tout à fait gratuit sur le territoire montréalais. L'éplucher, c'est suivre le cours des parutions musicales, cinématographiques, en librairie. Le lire, c'est connaître le billet de Martineau, c'est aussi découvrir de nouveaux restaurants, de nouveaux lieux d'expositions, les dates des soirées dansantes et celles des concerts à venir. C'est aussi beaucoup plus, selon votre regard.

Aussi, je suis présentement plongée dans une lecture tout à fait stimulante: beau style, aventure crédible puisque puisée à même la réalité, informations pertinentes sur les contrées décrites dans les pages qui filent tout en douceur. Le titre: Zhaole; l'auteur: Ugo Monticone; le sujet: un voyage en Asie Sud-Est. Inspirant et troublant.

M. joue du yo-yo dans mon dos et j'ai une sauce à brasser. Une dernière chose: deux fleurs sont apparues sur un de nos plants de piments, gracieuseté nos charmants voisins. À suivre.

8.09.2006

la magie du quinoa

Délice improvisé un mercredi soir après une expédition en bécane au marché:

- 1 1/2 t. de quinoa (cuire dans double quantité d'eau, comme du riz) pendant une quinzaine de minute. Rincer à l'eau froide. Réserver dans un grand bol.

Y ajouter:

- Une vingtaine de haricots verts ou jaunes ou verts et jaunes cuits
à la vapeur, refroidis et coupés en petits morceaux.

- Quelques tomates cerises en grappes (j'en ai mis environ 8, elles étaient grosses) coupées en quartiers.

- Du maïs frais (de quatre épis cuits à la vapeur), détaché et émietté.

- 1 t. de roquette sauvage émincée (hum... c'est ça qui parfume tout le plat)

- 4 minces rondelles d'oignon rouge, émincées

- 1 t. de pacanes moulues

- 1 c. à s. d'huile de sésame + 1 c. à s. d'huile d'olive (ou deux d'olive)

- craquer du sel et du poivre sur le tout!

Mélanger tous les merveilleux ingrédients ensemble et célébrer la fraîcheur de la saison qui atterrit dans votre assiette. Bon appétit.

8.08.2006

si je lis

Mon amie S. me lance: " Je croyais que tu m'avais déjà dit que tu ne lisais pas beaucoup". Il y a quelques années que nous nous côtoyons. Lorsque nous nous rencontrons, nous nous baladons, nous prenons un verre et elle s'allume une cigarette parce qu'un verre ça appelle la fumée, et nous discutons de là où nous en sommes. Elle sait que j'écris. Elle écrit aussi. Je me souviens de la première fois que je l'ai rencontrée. À ce moment, c'est avec A., sa soeur, que je partageais mon amitié. Elles habitaient chez un jeune homme aux lunettes qui parlait des soirées tapis rouge du Festival des Films du Monde. Je crois qu'il y avait déniché un boulot comme on ramasse une pomme lorsque l'on a faim et que l'on est dans un verger, tout simplement.

S. était attablée devant son cahier. Ou peut-être que son cahier était déposé devant elle, négligemment, parmi d'autres objets: cendriers, bouteilles vides, verre d'eau, clés, petits bouts de papiers pour noter une adresse. Il n'y avait pas beaucoup de lumière. Dehors, le soleil éblouissait, dedans l'ombre régnait dans les pièces exigues. A. nous a présenté l'une à l'autre. Bien sûr, l'une et l'autre connaissait l'existence de l'autre et l'une. Et je ne sais pas par quelle intervention de A., mais tout d'un coup, j'avais l'autorisation de lire S.
Je ne me souviens pas de ce qu'il y avait d'inscrit sur les pages. Je me souviens plutôt du ton personnel, de l'âme des écrits, du regard posé sur le monde et traduit intimement, comme un secret. J'ai aimé. Et S. était belle comme elle l'est toujours d'ailleurs. J'étais séduite. Aujourd'hui nous sommes amies.

Dans la Bibliothèque Nationale, la Nation, je circulais à la recherche de bouquins à croquer. Déjà, j'avais refilé à S. une biographie décapante sur Carlos Castenada parce qu'elle m'avait mentionné avoir lu de ses écrits la dernière fois que nous nous étions rencontrées. Dans la biographie, on y apprend qu'il était un brillant imposteur. Bien sûr, rien n'empêche que ses récits initiatiques ont encore à ce jour un pouvoir mystique. Celui qui parcourt l'univers de Don Juan est séduit par les expériences extrasensorielles relatées. Envieux? Peut-être, dépendamment du lecteur sans doute.

Et donc S. de me lancer: "Je croyais que tu m'avais déjà dit que tu ne lisais pas beaucoup". Et moi de lui répondre, "Je lis". Eh oui, je lis beaucoup. Très régulièrement du moins. Dans ma routine quotidienne, dans mon métro, boulot, dodo, il y a justement le métro. Une fois installée sur mon siège, j'ouvre le paquet de feuilles qui m'immerge dans une histoire d'un autre temps, d'un autre lieu, d'un sujet nouveau, d'un style qui me fait rigoler des fois. Une fois pénétrée dans l'antre magique du bouquin, je ne lève pas le regard jusqu'à ma levée du corps qui m'emmenera à la prochaine étape de mon voyage physique.

Est-ce que je lis? Oui, je lis. Des romans québécois pour encourager les auteurs de chez nous. Un peu comme acheter local. Bien que je n'achète pas trop de livres ces temps-ci. Quoi qu'il en soit, lire un auteur d'ici, c'est réaliser que nous avons des écrivains, une culture, des styles, des tons, un langage à nous parce qu'il décrit notre contrée. Je lis aussi des livres de nutrition, de végétarisme plus précisément, et aussi des livres portant sur l'environnement. Je lis des romans érotiques quelques fois et des biographies d'autres fois. Je lis. Des classiques et des auteurs contemporains qui m'apportent leur pays par une histoire peinte sur toile politico-historique. Je lis en anglais parfois pour malaxer mes cellules grises et leur donner un peu plus de fil à retordre. Mais je ne sais pas coudre ni tricoter. Peut-être devrais-je bientôt lire un livre sur le macramé?

8.05.2006

haut perchés

"J'ai fait une folie!" Enfin, que je me dis, lui qui ne se permet pas beaucoup de petits plaisirs. "Une folie pour toi!" Et bien sûr, il me dit que je ne peux pas lui tirer les vers du nez et que ça devra attendre mon retour à la maison, après le boulot. "C'est une surprise, ne cherche pas à deviner!", qu'il me lance lorsque j'appelle du métro pour lui annoncer que je suis en chemin. Il raccroche la ligne. Un message m'apprend que le service est rétabli sur la ligne verte. Je file sur la orange, direction le nord de la ville, vers mon amoureux survolté.

Bien sûr, il épie mon arrivée du balcon. Je le vois m'apercevoir et me presser de monter pour voir "vite, vite!". Bon Dieu, ce qu'il sait m'émoustiller. Je grimpe les deux paliers. Il m'accueille avec un sourire triomphant. Ça y est je suis prêt du but.

"Regarde", qu'il me lance en me dirigeant vers le salon. Ils sont là, côte à côte, identiques ou presque, deux vélos bleus, deux vélos à la génétique d'échasses. Le banc et le guidon sont posés sur des tuyaux plantés dans un châssis rétréci au lavage. Deux petites roues supportent le tout. "Il se plie" qu'il me dit fièrement, "ils pourront rentrer dans notre Fit, ceux-là, ils pourront". En même temps, il manipule un des deux vélos, en poussant ceci et en tirant cela et oui, il se plie, il se "compactise". Fébrile, mon amoureux, habituellement si branlant dans le manche quand vient le temps de faire un achat d'envergure s'est laissé aller à la spontanéité, à l'impulsion, à un coup de coeur. Il me raconte qu'il a vu le dit engin bizarroïde dans la vitrine de Dumoulin et qu'il a craqué pour son look particulier. Mon amoureux aime bien les objets aux allures marginales. Les vélos inclinés sur leur appui ont un aspect presque inharmonieux, mais à force de les observer, je me laisse contagier par l'enthousiasme de M. qui déborde de joie.

Nous sautons dans notre Jasmine, notre Fit, direction Mountain Coop. En quinze minutes, je choisis un casque et nous repartons aussi avec un porte-gourde chacun et bien sûr, la dite gourde.

De retour à la maison, les vélos attendent impatiemment que nous les enfourchions. Nous soupons et M. propose de filer tout de suite après. Nous suivons la piste vers la Rivière en pédalant comme des enfants heureux comme des fous, avec leurs nouveaux joujous.

8.03.2006

douce soirée

Bob Marley me chante Lively Up Yourself et je bois un rosé bien frais. La vie peut-elle être plus douce? Ici, à Montréal, je berce mon être au rythme des journées qui passent, qui se ressemblent et que j'aime.

Le souper terminé, les dernières heures sont faites pour ralentir. J'écris, je lis, j'écoute un film parfois, sans mon amoureux la plupart du temps parce qu'il n'aime pas suivre une trame narrative sur l'écran. Il en perd des bouts, n'est pas touché. Pendant que je plonge dans l'univers cinématographique, il se noie dans la musique que lui crache ses écouteurs. Il navigue sur Internet et découvre des blogs, des nouvelles de son groupe préféré, des anecdotes de genre "chiens écrasés" qui le fascinent tant. Hier, il est tombé sur une voiture un peu particulière fabriquée en Chine: le conducteur peut nager pendant qu'il est derrière le volant! Hallucinant.

Mon amoureux est présentement en train de rédiger son dernier examen pour la complétude de son baccalauréat. Il est parti avec deux verres de rosé dans le nez et un ziploc contenant son crayon magique et sa gomme à effacer dans une poche. Rigolo mon mec. Cette folie, c'est la cerise sur le sundae et à partir de maintenant, plus de défaite pour le ménage.

8.01.2006

Je sue

La scène: je suis debout sous le jet d'eau froide projeté par le pomeau de douche que je tiens au-dessus de ma tête. Je décompresse.

Quelques instants auparavant, mon amoureux m'a envoyée de force me rafraîchir. Dans la cuisine, dans la canicule, à gérer le souper, je m'impatientais. Il avait tenté de déplacer le ventilateur pour me fouetter d'un semblant de courant d'air. Sans amélioration. Mon impatience me transformait de plus en plus en monstre critiquant tout, rouspetant pour un rien, chialant comme une linotte. Mon amoureux est d'une gentillesse extraordinaire à mon égard dans ces moments de tension enfantine de ma part. Il m'impressionne vraiment. Il a aussi essayé de me nourrir d'un bout de piment qu'il a coupé rapidement, situation urgente oblige. Voyez-vous, lorsque j'ai faim, je peux arracher des têtes. Il le sait bien maintenant. Mais je n'avais pas faim.

En m'empoignant le bras pour me jeter dans la salle d'eau, il réussi à faire tomber la pression. Toujours, il dissipe mon nuage que je génère par mes ondes négatives armé de son amour branché sur mes besoins.

De retour dans la douche, le rideau s'entrouvre, mon amoureux me tend une bière glacée et m'ordonne de boire une bonne gorgée. Je l'aime. Fin.