mélancolie
Parce que ma vie a connu d'autres années, je peux dire que ce temps-ci de l'an a quelques souvenirs accrochés à lui par fortes impressions émotives exercées sur mon esprit. Des punaises solides agrafent ces événements qui d'ailleurs ne sont pas bien différents des autres moments marquants de mon existence synthonisée aux saisons, à leurs mois, aux jours qui les composent.
Ainsi, l'anniversaire de Tr., mon premier amoureux, vient de passer. Mais surtout, mon père vient d'avoir un accident. Il est tombé d'une structure d'acier pareille à quelques cent autres qu'il a déjà domptées. Celle-là cependant, s'est transformée en squelette glacé et impitoyable. J'ai onze ans. Il est dans un hôpital à Kingston. Il est paralysé à partir de la ceinture. D'autres blessures terribles le clouent au lit.
Dans les semaines qui viennent, une part de moi revivra ces visites auprès de lui et ces conversations auxquelles je participais tacitement, les oreilles grandes ouvertes, le coeur lourd, la conscience en émergence. Jusqu'à ce qu'arrive ce jour de février où il est mort, loin de nous. Toutes les trois à peine éveillées de la fête de la veille qui avait eu lieu dans notre maison d'alors. Toutes les trois à accueillir dans notre chambre que nous partagions notre mère qui venait nous changer pour la vie.
Le cours des choses court malgré nous. Et des fois, des événements pèsent plus dans la balance. Mais au final, il n'y a toujours que l'ensemble qui compte. Et bien sûr, le résultat.