orphelins de l'Éden

7.31.2010

suivre la cadence

Décidément, je néglige mon espace blog. Une semaine sans un mot de couché. Une semaine pourtant bien chargée. Une semaine si chargée que mes fesses n'ont pu venir s'installer confortablement pour une petite heure devant l'écran. Beaucoup de popote, une belle visite de ma soeur B et de ses enfants qui ont tant vieilli en un an, un tour au onzième, les courses, le ménage. Pas une minute de perdue, pas une non plus d'échappée.

Et pendant que le tourbillon tourbillonne, garçon a décidé que pour dormir à présent, maman doit lui présenter le sein, couchée. Mon tout petit bébé. Tu t'endors avec mon mamelon dans la bouche et je dois attendre le bon moment pour te le retirer d'entre les lèvres, sinon tu le cherches en ouvrant la bouche comme un poisson.

À nouveau, je me dis que c'est une phase, une étape, une période où ton truc, c'est ça. Il y a eu la phase où il fallait t'emmailloter, l'étape où nous devions te brasser le popotin et maintenant, il te faut la chaleur de nos corps allongés l'un contre l'autre. Remarque, je savoure tous ces échanges d'une tendresse indescriptible qui me permettent de me sentir comme la plus choyée de toutes les mamans au monde. Je sais bien que ce n'est que momentané. Jusqu'au nouveau truc.

7.24.2010

rapprochements

Pendant que tu dors, papa et maman dansent parfois. Leurs corps se retrouvent pour partager un moment d'intimité, ce genre de moment qui fait du bien et qui mène à des bonheurs durables comme toi.

Mon amie Ct., qui pratique elle aussi le cododo avec sa petite Ch., dit que sa mère infirmière, intéressée professionnellement par tout ce qui est lié à la puériculture, lui a rapporté les paroles d'un médecin conférencier discourant positivement sur le fait de partager son lit avec son enfant et répondant ainsi à un membre de l'audience sceptique sur le peu d'incidence sur la vie sexuelle des parents: "Ce n'est pas la faute de l'enfant si les parents n'ont pas d'imagination."

En effet, le lit conjugal, bien que confortable, n'est pas le seul lieu où l'amour peut s'incarner. Un divan pour s'étendre, un plancher recouvert d'une couverture, un meuble pour s'appuyer, les autres pièces de la maison deviennent des zones d'accueil et tout à coup, l'impression de devenir à nouveau un jeune couple fringuant et contraint inspire le jeu déjà bien amusant. Ainsi, pendant ta sieste, qui se poursuit à l'écriture de ce message impudique, nous avons profité du nouvellement acquis baby phone - quel cool gadget - pour transformer la douche de papa en séance de mains baladeuses.

Tes parents entretiennent leur flamme et s'ils continuent à nourrir le foyer, tu grandiras à coup sûr dans un nid chaleureux.

7.19.2010

des chiffres et des lettres

Ta toux sèche a disparu et ton incisive supérieure gauche a percé. Nul lien à faire donc entre ton vilain rhume de juin et tes premières dents. Il fallait que je l'écrive pour que le souvenir reste. Car bien que nous nous soyons procuré une caméscope compacte il y a un mois environ et que nous enregistrons depuis de courtes capsules de toi qui joues, toi qui manges, toi qui vis, les mots qui te sont consacrés depuis plus d'un an constituent à eux seuls toute une banque de données qui contribuera à ton identité. Et malgré cela, bien des moments de ton existence ont déjà glissé au travers la passoire du passé maintenant insaisissable. C'est un des mystères de la vie.

Mystère que de vivre si pleinement le jour pour le renouveler ensuite dès le lendemain. À te voir presque à chaque seconde de toutes les heures, je crois que tu as toujours été tel que tu te manifestes là, à l'instant, celui qui vient de supplanter l'autre tout juste terminé. Éternel émerveillement que le mien de te découvrir si rieur, si joli, si observateur.

Dire que tu fais partie de moi depuis que j'ai moi-même vu le jour. Car si l'existence a un but, c'est que la trajectoire est définie. Rien ne sert pourtant de sombrer dans le fatalisme puisque la beauté d'être sur le chemin, c'est de réaliser que la mémoire existe par hier ce qui dénude le futur à vif.

Avec évidence, demain ressemble tout de même à ce que nous cultivons aujourd'hui. De nos gestes et efforts poussent les racines du bonheur qui comble vraiment et de lui en découle le plaisir de se retrouver baigné de cet amour au nouveau soleil. Une prise de conscience irréversible que l'on embrasse avec corps et âme si tant est que notre destin soit gravé malgré tout.

En collaboration avec le grand plan, je poursuis donc ma quête de quiétude et pour une cinquième année qui débute ici, je tâcherai de suivre les traces de nos trajectoires.

7.15.2010

petites annonces

Mardi: visite chez la pédiatre de Bo. C'est officiel, monsieur est devenu un costaud. Il a bondi de presque quatre percentiles sur la courbe du poids, passant du faible dixième au dans la moyenne cinquantième. C'est Dr. Y. qui était assez impressionnée merci. Pas de doute, ton nouveau surnom de "tyran de la cuillère" te va à merveille.

Mercredi: réveil abrupt à 22 h 20 et tu es inconsolable. Tu te rendors après que je ne te brasse doucement le popotin, ce qui suffit habituellement pour t'aider à replonger, mais là, tu sursautes à quelques reprises et chaque secousse fait rejaillir tes pleurs. Je me lève pour changer ta couche. Je te remets au sein. Mon tout petit bébé. Tu te laisses aller à la douceur du lait et tu tiens bon jusqu'au matin.

Aujourd'hui: en matinée, j'aperçois tes palettes - comme on dit en bon québécois - sans grande surprise après l'épisode d'hier soir. Elles marquent de blanc ta gencive supérieure toute gonflée. D'ailleurs, cette deuxième poussée dentaire me permet de faire des liens avec la première. Une petite toux sèche te secoue quelques fois par jour depuis quelques jours, comme avant que n'éclate le vilain rhume qui t'a brutalement atterré début juin et qui s'était finalement conclu par l'apparition de tes deux incisives inférieures. Peut-être que cette fois-ci, ton système ne sera pas autant affaibli et que tes dents perceront sans t'importuner davantage. Quoi qu'il en soit, je réalise à quel point je suis heureuse d'encore pouvoir te soulager avec le réconfort de l'allaitement. Merci mon Dieu.

Enfin, petit mot pour dire qu'il y a plus d'une semaine, pendant que nous marchions dans le grand parc toute la petite famille en fin de journée, nous avons rencontré à nouveau Ol. l'Ukrainien et son fils de dix mois Mx., mais cette fois, ils étaient accompagnés d'Ol. la maman, Russe d'origine, si je me fie à notre conversation téléphonique d'aujourd'hui. Sur la piste cyclable, nous avons échangé un peu entre parents et j'ai proposé à Ol. la maman de me contacter pour que nous nous voisinions. Elle n'a pas beaucoup d'amis, sans parler de famille, dans les parages et Ol. l'Ukrainien doit parfois s'absenter de la maison quelques jours d'affilée pour le travail.

Alors aujourd'hui, j'avais un message de sa part sur le répondeur au retour d'une marche avec garçon. Elle nous invitait Bo. et moi à nous joindre à elle et Mx. pour un tour à une piscine publique à proximité de nos demeures, très propre selon ses dires, elle qui la comparait avec les piscines de Montréal, beaucoup plus fréquentées. Il est vrai que dans notre quartier, les résidents ont presque tous une piscine privée dans leur cour.

Je l'ai rappelée pour la remercier de l'invitation, mais aussi pour la décliner, garçon devant faire sa sieste de l'après-midi. Nous avons conversé une bonne demi-heure ensemble et à la fin, elle m'a remerciée gentiment pour cet échange agréable. Mais c'est moi qui te remercie chère Ol. qui m'a déjà tant appris en si peu de temps, à propos de ta culture entre autres et des défis de l'immigration. Maintenant, j'ai moi aussi ton numéro de téléphone et mon petit doigt me dit que nos garçons deviendront de bons amis.

7.11.2010

pétrir ma chair

Je me suis remise au yoga. Il y avait un bail et puis un autre que mon corps ne s'était pas délié, sinon que par la marche. De plus en plus, ma machine rechignait. À la fin de mes journées, j'étais fourbue et courbaturée, mes muscles tendus sur mes os raidis. Alors, j'ai décidé de me remettre à esquisser les bons vieux asanas qui me suivent depuis une dizaine d'années.

Je l'ai déjà dit ici, les gyms ne me branchent pas. Je ne suis pas du type appareils sophistiqués ni cours de cardio latino. J'ai connu la discipline rigoureuse des classes de ballet classique lorsque j'étais une enfant et ce souvenir suffit pour me rappeler que dans mon cas, pour de meilleurs résultats physiques, il me faut le plaisir de faire les choses à mon rythme. C'est justement cet aspect de respect des limites de chacun qui m'a plu lorsque j'ai été introduite au Hatha-Yoga.

Mon corps a donc redessiné la salutation au Soleil, le triangle, la chandelle, la charrue, entre autres. Quelques jours de pratique sur mon tapis de sol bleu ont déjà redonné une souplesse à mes gestes et ma posture est plus longiligne, moins tassée sur elle-même. Dieu qu'il fait bon de sentir cet allègement bénéfique traverser mes membres. Bien que je ne sois pas miss mise en forme, je considère que cette dose d'activité physique tout en douceur que je m'impose lorsque garçon se met au lit le soir ou l'après-midi doit se perpétuer pour mon bien. Je n'ai qu'un corps. À moi de veiller sur lui. Et que ma volonté règne, de mes plantes à mon crâne, en passant par mon nombril.

7.07.2010

sache que

Quelque fois dans la journée, tu me mords le menton quand je te prends dans mes bras. Tu le tètes d'abord un peu, comme tu le fais au sein, mais ensuite tu ajoutes une touche finale à ton geste: tu plantes tes deux incisives du bas dans l'os de ma mâchoire. La première fois que tu as fait ça, un soir de la semaine dernière, j'avais des hématomes sur le pourtour inférieur de mon visage le lendemain. Je croyais que ça t'aidait à soulager la douleur de la poussée de tes dents, mais depuis, tu le répètes par simple plaisir, un peu comme lorsque tu happes un jouet qui traîne là, près de toi, quand tu es assis quelque part, pour te divertir.

Tu grandis. Je sais que je le dis souvent, mais que veux-tu, c'est vrai. T'es un véritable bambou. Quand des étrangers te rencontrent au parc, ils croient que tu as déjà atteint ton un an de vie extra-utérine. Mardi prochain, nous nous rendons chez ta pédiatre, Dr. Y. Nous y allons surtout parce que nous n'avons pas de pèse-personne à la maison et qu'à chacune de nos visites là-bas, nous ressortons avec tes nouvelles mensurations inscrites dans ton carnet. Cette fois, c'est sûr que tu as doublé ton poids de naissance.

C'est A-M l'ostéo qui m'avait dit que tu ferais tes nuits quand tu doublerais ton poids de naissance. Depuis tes cinq mois maintenant que tu nous fais de très, très bonnes nuits. Mais hier, tu as dormi de 19 h 30 à 6 h 15 sans que nous sortions du lit une seule fois. Bien sûr, il m'a fallu te rendormir quelques fois pendant toutes ces heures, mais je le fais à moitié endormie, en attrapant tes fesses au creux de ma main ou en flattant ton pied. Ta couche était pleine à ton réveil.

En parlant de couches, un mot à propos de l'aventure bébé pas de couche. Il y a deux semaines, les accidents se sont multipliés comme jamais auparavant et après quelques jours de ce rythme décourageant, nous avons décidé de revenir au port de langes, tout en poursuivant l'aventure à temps partiel comme le dirait J., ma charmante voisine qui le pratique à temps plein avec Mt. depuis sa naissance. Nous attrapons donc ton gros pipi du matin, tes cacas, les pipis de réveil de tes deux siestes et un ou deux autres dans la journée quand je fais des segments sans lange. Tout n'est donc pas perdu.

Hier encore, tu as avancé en te tirant avec ton avant-bras et ta main collés au sol pour la première fois. Habituellement, sur le ventre, tu te contentes de tourner sur toi-même, un peu comme les aiguilles d'une montre, ou de reculer. D'avancer, ne serait-ce que de quelques centimètres, signifie que bientôt, tu ramperas partout. Mais avec ton papa qui s'amuse à te faire marcher en te montrant comment progresser sur tes deux pieds contre un appuie-pieds du salon pour te déplacer parce que ça t'amuse toi avec lui, peut-être sauteras-tu cette étape de reptation pour aller tout droit à te tenir droit, qui sait.

7.05.2010

unisson

Pendant que la canicule s'abat sur notre coin de Terre, ma soeur B. continue à transformer sa maison en banlieue d'Ottawa pour qu'elle devienne la leur plus complètement. Sa maison rose. Sa maison immense. Comme toutes les autres maisons de ce quartier cossu.

Nous y sommes allés ce week-end pour lui donner un coup de main. M. surtout, mon homme adroit qui a changé quelques luminaires, installer des pôles dans des garde-robe, des accessoires muraux dans une salle de bain, une poubelle sous l'évier de la cuisine. Nous avons aussi déchargé quelques fenêtres de rideaux défraîchis et démodés, ce qui déjà, a fait un bien pas possible au look de certaines pièces.

Elle et son mari Bb., ont eu beaucoup de mal à trouver une maison dans le court laps de temps d'une dizaine de jours qui leur fut accordé en mars dernier. Tout d'abord, il leur fallait quatre chambres à coucher pour accommoder toute la petite famille. Ensuite, ils voulaient une demeure à proximité de la capitale pour faciliter le déplacement de Bb. se rendant au boulot. Pour couronner le tout, leur chasse est tombée en plein dans un marché à l'avantage des vendeurs et par conséquent, les maisons s'envolaient comme des petits pains chauds. C'est avec ces contraintes qu'ils ont fait une offre sur la maison rose et maintenant, ils ont l'intention de louer si jamais ils décident de repartir pour un autre posting à l'étranger, pour évidemment éviter de revivre toutes ces montagnes russes assez étourdissantes.

La fin de semaine qui vient, c'est au tour à notre mère et son amoureux-soon-to-be-husband Jc., ainsi qu'à notre soeur G. et son conjoint Rb., d'aller prêter main forte à B. Bb., son mari, n'arrive que dans une autre semaine, et de toute manière, lui et le tournevis font deux.

Entre-temps, B. fera peinturer quelques pièces et recevra peut-être une de ces cargaisons, soit les meubles qui ont été entreposés quatre ans à Montréal, soit les deux cent vingt-quatre boîtes contenant entre autres la vaisselle, la literie et les objets usuels arrivées par voie aérienne. Le container plein de leurs meubles de Hong Kong n'arrive qu'au mois d'août.

Et dans quelques mois, lorsque nous irons visiter B. et toute sa petite famille, tout cet aria ne sera plus qu'un souvenir et Em. et W., ma filleule et mon neveu, seront au paradis sur ce coin de Terre devenu leur port d'attache.