orphelins de l'Éden

7.19.2010

des chiffres et des lettres

Ta toux sèche a disparu et ton incisive supérieure gauche a percé. Nul lien à faire donc entre ton vilain rhume de juin et tes premières dents. Il fallait que je l'écrive pour que le souvenir reste. Car bien que nous nous soyons procuré une caméscope compacte il y a un mois environ et que nous enregistrons depuis de courtes capsules de toi qui joues, toi qui manges, toi qui vis, les mots qui te sont consacrés depuis plus d'un an constituent à eux seuls toute une banque de données qui contribuera à ton identité. Et malgré cela, bien des moments de ton existence ont déjà glissé au travers la passoire du passé maintenant insaisissable. C'est un des mystères de la vie.

Mystère que de vivre si pleinement le jour pour le renouveler ensuite dès le lendemain. À te voir presque à chaque seconde de toutes les heures, je crois que tu as toujours été tel que tu te manifestes là, à l'instant, celui qui vient de supplanter l'autre tout juste terminé. Éternel émerveillement que le mien de te découvrir si rieur, si joli, si observateur.

Dire que tu fais partie de moi depuis que j'ai moi-même vu le jour. Car si l'existence a un but, c'est que la trajectoire est définie. Rien ne sert pourtant de sombrer dans le fatalisme puisque la beauté d'être sur le chemin, c'est de réaliser que la mémoire existe par hier ce qui dénude le futur à vif.

Avec évidence, demain ressemble tout de même à ce que nous cultivons aujourd'hui. De nos gestes et efforts poussent les racines du bonheur qui comble vraiment et de lui en découle le plaisir de se retrouver baigné de cet amour au nouveau soleil. Une prise de conscience irréversible que l'on embrasse avec corps et âme si tant est que notre destin soit gravé malgré tout.

En collaboration avec le grand plan, je poursuis donc ma quête de quiétude et pour une cinquième année qui débute ici, je tâcherai de suivre les traces de nos trajectoires.