orphelins de l'Éden

5.28.2013

1 + 1 = 2 ≏ 1

Mes cocos, ils sont des jumeaux cosmiques.  Tout a commencé lorsque fillette n'a pas voulu tourner - l'exception de l'exception -, elle non plus, et qu'elle m'a ainsi permis de progresser vers la paix de l'acceptation après le deuil que j'avais dû vivre avec garçon.  Dans mon coeur, un lien bien spécial venait de se tisser entre les deux êtres chéris de ma vie, mais plus encore, cela augurait vraiment bien pour leur relation, comme si fillette communiquait déjà son amour pour son beau grand frère, sachant exactement quoi faire pour panser sa naissance dans mon corps.

Bon, peut-être que tout cela n'est qu'une extrapolation de mon regard de maman.  Peut-être que cette relation, j'en ai halluciné les prémisses.  Chose certaine cependant, leur complicité est depuis bien réelle.

Ces jours-ci, vous devriez voir fillette se trémousser dès que garçon entonne un air inventé au sujet d'une chose qui l'inspire là, maintenant: un pamplemousse, une abeille, une bulle de pissenlit monté en graines.  Il chante, elle se dandine.  Un duo de l'enfer.  Je dis souvent à Bo. que Cm. est sa plus grande fan et c'est tellement vrai.  Son beau grand frère, c'est le modèle ultime.  Depuis toujours.  Et cette adoration, ça aide à cimenter leur complicité.  L'amour de fillette pour lui est si franc qu'il ne peut que lui ouvrir son coeur, qu'il a déjà bien rempli d'amour pour elle de toute manière.

Mais si je reviens avec cette idée de jumeaux cosmiques, c'est que hier soir, je suis tombée sur un autre détail physique sur fillette qui prouve que mes cocos, ils sont nés du même moule, et pas à peu près.

Dès le premier mois de vie de fillette, j'avais remarqué un grain de beauté sur son genou gauche.  Garçon a le même.  Sur leur peau de bébé toute rose et neuve, ce point brun se démarque et ils l'ont au même endroit.  Aussi, les deux ont une luette bifide.  Ça, c'est leur papa qui l'a remarquée, chacun leur tour.  Un petit coeur inversé accroché au fond de la gorge, plutôt qu'une goutte d'eau.  Ah bon.  Mais hier soir, c'est d'un orteil dont il était question.  Sur son pied gauche, fillette a le bout du secundus qui frise par-dessus celui du tertius - eh oui, ils ont des noms - exactement comme celui de son beau grand frère.  La courbe est encore subtile, mais elle est bien là.  Hallucinant.  Bon, en plus qu'ils aient le même nez, la même bouche, la même chevelure fine qui s'obstine à pousser avant leur dix-huit mois.

Mes cocos, ils en ont pour toute leur vie à se voir l'un dans l'autre.  En fait, eux, ils ne verront rien de tout cela, trop occupés à s'épanouir en toute complémentarité.                          

5.23.2013

maison gonflée

Depuis mon bureau tout neuf au sous-sol, donc.  Retrouvé ma station de travail, après des mois à utiliser celle de M., qu'il avait installée temporairement dans notre salon.  Retrouvé le plaisir de descendre l'escalier du paradis pieds nus, sans devoir enfiler des sandales pour traverser les pièces sur la dalle de béton hyper crottée.  Car propre, propre, propre le nouveau plancher.

D'ailleurs, samedi matin dernier, après avoir procédé au grand nettoyage de la surface du sol, nous avons coupé le ruban d'inauguration du sous-sol en rompant le tie-wrap qui retenait la clôture de sécurité protégeant fillette d'un accident depuis qu'elle avait commencé à se mouvoir plus sérieusement il y a presque huit mois.  Mais voilà que la miss est capable de reculer et de grimper avec agilité dans les marches et depuis que le passage est libre, les cocos descendent quelques fois par soirée pour s'épivarder dans tout cet espace additionnel.  Ils courent et gigotent dans la salle familiale vide en criant de plaisir, avec pour tout accessoire de jeu des babioles dénichées dans la bibliothèque, du genre moule à plasticine ou bibelot en bois.  Un pas grand-chose qui les amuse au maximum.

Retrouvé aussi la sérénité du silence le jour.  Après des semaines à endurer les bing bang boum et le va-et-vient incessant des travailleurs, mes nerfs l'apprécient.  Enfin, notre nid est tout douillet.  Reste plus que la toiture à changer, sans doute la semaine prochaine.  Mais ce n'est qu'une journée à passer sous les pow-pow-pow des gun à clous, pas cinq semaines.

Nos soirées et nos fins de semaine retrouveront un rythme familial, sans détour au Réno-Dépôt absolument nécessaire.  Bon, mis à part l'immense tâche peinture que nous devons entreprendre à l'étage principal.  Mais une fin de journée à la fois, nous en viendrons bien à bout.

Par exemple, nous pourrons sortir en petite expédition à vélo, avec garçon grand champion roulant près de son papa et fillette installée dans le chariot arrimé à ma bicyclette.  Comme nous l'avons fait lundi soir dernier, quand garçon a réussi à se rendre à l'autre extrémité du grand parc suivant la piste cyclable - il faut respecter notre côté du chemin, comme lorsque nous sommes à voiture - et à contrôler son vélo dans des pentes montantes - pédale plus fort - et descendantes - ne pédale pas.

Le bonheur de l'été ne fait que commencer.  La liberté, la légèreté.  Tout ça dans un paradis doublé.                            

5.14.2013

dernier mille

Peut-être que la prochaine fois que je viendrai ici, ce sera depuis notre bureau tout neuf.  Entre-temps, la fatigue me creuse les creux d'yeux, tandis que le marathon du pinceau a recommencé hier, après trois soirs off.  Chose certaine, nous l'apprécierons ce sous-sol vivable qui, ma foi, fait de plus en plus chic et simple, habillé de son blanc décorateur du plafond aux plinthes, chaussé de son couvre-sol de liège au motif organique et aux teintes multiples.

Sinon, ailleurs que chez-nous, un bébé est né à 4 h du matin.  Je n'ai aucun autre détail, sinon que so far, so good.  C'est le nouveau petit garçon de nos voisins Brésiliens.  Alors, longue vie zen à Sm. et bonne histoire d'amour à cette chère An., qui a tant souhaité que celui-là soit habité de paix, à la différence de son premier-né si intense.

Je reviendrai plus bavarde, mue sans doute par l'exaltation née dans mon corps épuisé.  Folie douce d'un sommet atteint.  Presque à portée.  Avant d'attaquer l'étage principal, à coup de pinceaux toujours.                        

5.05.2013

surfer

Ils dorment tous les trois.  Bo. avec son front contre celui de son papa, fillette dans son lit greffé à l'îlet, son petit corps à peine un mètre des leurs fusionnés, son visage fermé de sommeil.  La sieste, moment céleste.

J'aimerais bien me joindre à eux, mais il y a toujours besogne à accomplir et dans ce cas-ci, c'est un plein de bidons de peinture à faire.  Depuis deux soirs, M. et moi avons réussi à appliquer une sous-couche partout et nous sommes prêts pour l'étape couleur subtile.  Cielo blanco, qu'elle s'appelle.  Quelque chose de lumineux pour notre sous-sol en devenir.

Vous parlez toujours du sous-sol.  Ça, c'est garçon qui nous le dit depuis au moins une semaine, à chaque conversation à propos de ce lieu du paradis en transformation.  Le choix des planchers, le choix d'une couleur, le choix des plinthes, le travail bâclé du plâtrier - malheureusement -, la planification du mouvement des objets pour la pose du couvre-sol, et encore, et plus, comme cela depuis le début des travaux.  Bientôt cher amour, nous passerons à autre chose.  Promis, juré.

Autre chose comme vivre la belle saison qui est arrivée en grand.  Transition spectaculaire s'il en est une.  Du froid qui s'acharnait à une chaleur des plus beaux jours d'été.  Merci mon Dieu, même si tout cela a sûrement un peu à voir avec un certain réchauffement planétaire.

Plus facile de sortir marcher et s'amuser.  Vous devriez voir fillette, descendre et monter les escaliers en tenant les barreaux de la rampe comme une grande, même si elle est toute délicate, vêtue souvent de leggings si pratiques.  C'est que je crains qu'elle ne s'écorche un genou ou deux si elle tombe - ce qu'elle ne fait pas souvent pourtant - sur l'asphalte ou le béton du trottoir.

Vous devriez la voir aussi glisser au petit parc, enfiler ses Crocs toute seule, jouer avec de la pâte à modeler pendant que je cuisine, tenter la prononciation de mots - encore, deux, d'autre, dodo, oui, concombre, entre autres - avec sa voix de marionnette si jolie.  Elle qui m'épate à vue d'oeil.

Vite le temps qui file.  Comme si une accélération s'était engagée tout à coup.  Et demain, je ne connaîtrai plus la quiétude des journées pourtant bien occupées d'une ménagère.  Demain, j'aurai déjà bondi dans les ans.