pierre angulaire
J'ai des images qui m'habitent. Gracieuseté Xavier Dolan et son Laurence anyways. Moi, la cinéphile à ses heures, j'ai enfin pu me régaler d'un long métrage, après plus d'un an de disette. Il y a bien eu des animations pour enfants entre-temps et même une pièce d'archives déterrée la semaine dernière par M. pour la présenter à garçon parce qu'il avait été marqué par elle - La Guerre des tuques -,mais rien d'autre depuis la naissance de fillette. Pas le temps, tout simplement. Pas la possibilité de m'installer confortablement devant l'écran pour un bloc d'environ deux heures. À peine la possibilité de prendre ma douche sans une interruption quelconque, alors imaginez. Deux heures, c'est une é-ter-ni-té, et avec les enfants, la notion du temps se confond en vortex.
Le film, nous l'avons loué samedi après-midi sur ITunes, quand la sieste des enfants a débuté. Un coup de tête, un geste complètement irréfléchi, mue par un manque véritable. Vortex, ça veut dire: une demi-heure de visionnement sur le coup; une heure et demie le lendemain après-midi - avec une fillette réveillée tôt de sa sieste, que nous devions superviser et divertir en même temps que de suivre les scènes intenses et belles qui s'enchaînaient, sans perdre le fil -; et un dernier vingt minutes cette même soirée - parce que je me suis exceptionnellement tirée du lit quand fillette s'est endormie pour sa nuit. Une oeuvre-fleuve étalée sur douze ans, une oeuvre morcelée dans son visionnement. Des plans émouvants comme des tableaux. Une histoire d'amour pathétique et lumineuse à la fois. Un cri de marginalité assurément.
ÇA FAIT DU BIEN
C'est pour dire que je reviens à une vie normale. Pour preuve, pour en revenir à mes moments douche - en moyenne un gros dix minutes, séchage de crinière inclus -, ils ont des allures de virée au spa ces jours-ci si je compare avec il y a un an, six mois ou même seulement trois. Pour en rajouter, fillette a passé une heure seule avec sa mamie la fin de semaine dernière, pendant le cours de natation de garçon, et vous savez quoi, tout a bien été. À aujourd'hui treize mois, je peux dire que nous avons franchi un cap. Je sens que je m'engage sur une pente ascendante et qu'au sommet, mon ego m'attend. Ce don total que j'ai choisi - l'attachment parenting - pour leurs premières années de vie peut mettre la pédale douce. À voir mes cocos, et même si c'est loin d'être fini, je sais qu'il a porté fruit. La fondation est jetée. Mais surtout, elle est là pour rester. Et à partir d'elle, garçon et fillette construiront leur vie. Et je pourrai reprendre l'espace qu'est la mienne, avec eux dans elle.