Depuis que nous avons quitté l'hôpital, deux jours après ta naissance, j'essaie de venir consigner le plus possible les instants qui sont tes premiers, mais le temps file et des imprévus surviennent.
Alors première chose, comme je viens de le mentionner, nous avons quitté une journée plus tôt que prévu l'hôpital parce que tu allais très bien. Le fait que tu sois une championne buveuse t'a assuré d'éviter une jaunisse en évacuant efficacement et rapidement les toxines de ton corps. Aussi, cette fois, je me remets sur pieds beaucoup plus facilement suite à la chirurgie, bien qu'ils aient recoupé au même endroit. Peut-être que les points de suture ont vraiment assuré une meilleure cicatrisation, dès le départ. Peut-être aussi que mon corps avait gardé une mémoire de ma convalescence d'il y a deux ans. Quoi qu'il en soit, malgré quelques douleurs normales suivant une césarienne, je récupère rondement.
J'en reviens encore à l'allaitement. Je crois qu'une grande part de la facilité dont j'ai l'impression pour l'arrivée de ce deuxième enfant vient de ce que j'en aie tellement arraché avec l'alimentation de garçon au début. Maintenant, cette normalité que je vis à nourrir ma fille sans souffrir et sans complication - bien sûr, il y a eu la montée laiteuse, avec un peu d'engorgement et même des canaux lactifères bloqués, mais rien de majeur -, je l'apprécie au centuple.
Dès notre sortie de l'hôpital, nous sommes allés chercher garçon chez sa mamie. Je tenais à ce que nous passions tous les quatre ensemble le pas de la porte pour la première fois. Notre petite famille unie pour la vie, au paradis. Garçon était si heureux de nous retrouver et nous de même.
Au premier boire pour sa soeur à la maison, il a bien tenté de la tasser pour prendre sa place, mais il a vite compris qu'il allait devoir l'accepter là. Ce n'est pas qu'il ne l'aime pas, bien au contraire. Il lui flatte sa fine chevelure et la couvre de baisers, mais il veut sa maman pour lui tout seul, comme avant. Honnêtement, c'est ce que je trouve le plus difficile depuis ces derniers jours, ces moments où je suis avec lui, soit à jouer, soit à le mettre au lit, et que Cm. commence à pleurer, ce qui signifie qu'elle a besoin du sein. Il le comprend ce message, mais dans ces moments-là, il ne veut pas me partager et m'implore pour je reste auprès de lui. Ses larmes me brisent le coeur, même si je sais que c'est dans l'ordre des choses.
Cm., c'est ton nom. Ton papa en a décidé ainsi le matin du dernier jour de l'an 2011. Tu avais deux jours et depuis ta naissance, il penchait définitivement vers ce choix. L'autre prénom a tout de même été inscrit comme deuxième prénom sur ton certificat de naissance. Pour le côté anecdotique.
Le mardi suivant notre retour à la maison, une infirmière du CLSC est passée pour s'assurer que tout allait pour toi, mais aussi pour me retirer mes points de suture. Ayant quitter l'hôpital une journée plus tôt que prévu, il fut entendu que c'est comme cela que nous procéderions. Croyez-le ou non, lorsqu'elle a vu la cicatrice, elle fut fort perplexe, m'avouant ne pas savoir comment s'y prendre pour ce genre de suture. N'ayant pas scruter ma plaie de près, elle m'explique qu'elle ne voit pas de points à proprement parler, mais plutôt deux bouts de fil qui dépassent de chaque côté de l'incision, bien soudée elle. Je pense: vont-ils devoir me recouper pour me retirer les points, et puis non, je me dis que ce doit être comme un sac de farine, qu'il suffit de tirer sur un côté pour le reste du fil ne suive. Je lui propose qu'elle appelle sa superviseure et je l'informe qu'à l'hôpital, les infirmières parlaient de ses points comme étant un surjet. Sa superviseure confirme mon intuition de sac de farine, mais l'infirmière n'ose pas tenter le coup de tirer. Elle me suggère donc de me présenter le lendemain au CLSC, à la clinique sans rendez-vous, pour qu'on me les retire. Une maman allaitante, encore faible sur ses pieds si debout trop longtemps, devant se taper l'attente de la clinique sans rendez-vous. Eh oui, c'est le prix à payer pour faire les choses autrement j'imagine. Le lendemain, ce n'est que la troisième infirmière qui m'ausculte qui tire enfin sur le fil. Pas de points, qu'elle explique aux deux autres qui observent, suffit de tirer pour que le reste ne suive. Comme un sac de farine.
Ensuite, une semaine jour pour jour après ta naissance, ton papa et moi, nous nous tapons une gastro, sans doute due à une indigestion alimentaire puisque la maladie se déclare en même temps pour nous deux et que garçon et toi seront fort heureusement épargnés. Heureusement aussi, la maman de M. vient nous donner un coup de main pour cette interminable journée de jeûne forcé où nous lapons une solution sucrée salée concoctée maison pour nous réhydrater. Ton papa a été diablement atterré par des vomissements et une diarrhée violente, moi, un peu de diarrhée, mais beaucoup, beaucoup de faiblesse et fatigue. Malgré tout, te donner absolument le sein et tenter d'accompagner garçon et mamie dans leurs jeux. Interminable.
À partir du vendredi après sa sieste jusqu'au samedi soir suivant, le découragement s'installe lorsque garçon décide de régresser et de faire dans sa culotte tous ses pipis ou à peu près tous. Lui qui a une excellente rétention devient un pisse-minute et en plus, il ne nous dit pas "pipi" ou "caca" comme il le fait depuis plus d'un mois, facilement. Découragée, je vais lire sur Internet pour essayer de trouver quelle approche adoptée au niveau de la communication avec lui. Finalement, en gros, il ne faut pas le gronder ni le cajoler ni trop communiquer avec lui - ce que nous faisons et que je crois qui détenait la solution. Il est recommandé de rester neutre et patient, ça passera. Une semaine, deux, voire un mois ou plus, mais ça reviendra. J'appelle son éducatrice pour lui demander conseil, elle qui en a vu des enfants réagir à la venue d'un frère ou d'une soeur. Elle me confirme ce que j'ai lu et elle est claire sur le fait que lundi, lorsque Bo. reviendra à la garderie, elle le veut en culotte. Pas question de remettre des couches, elle est capable de ramasser des dégâts. Elle pense, comme moi, que la présence des autres et la reprise de la routine à la garderie favoriseront un retour à la normale. Enfin, le déclic s'opère dès la retour de garçon et de son papa d'une sortie samedi soir. Depuis, zéro accident et le message est redevenu simple. Ouf.
Un début d'année sans temps morts. Sans doute le pouls de cette 2012, recelant une foule de rebondissements.