emberlificotaillée*
Moi saumon qui remonte le courant pour frayer. C'est l'impression que j'ai à la sortie de notre rencontre avec Cc., la sage-femme. Dans ce bureau-là aussi, je me fais rebattre les oreilles avec les risques reliés à un AVAC, avec les possibilités de rupture utérine surtout. Selon cette professionnelle de l'accouchement, les chiffres seraient plus élevés que ceux que je lui cite - le fameux moins que 1 % de probabilité que j'avais déniché sur le site Internet de l'association césarine, études à l'appui. Elle n'avance aucune statistique, mais dessine un portrait dramatique d'une situation de déchirure des membranes cicatricielles hors d'un milieu hospitalier. L'issue serait fatale pour la mère et pour l'enfant, un point c'est tout. En d'autres mots, pas le temps d'attendre une ambulance si nous tentons un accouchement à la maison et que le pire survient. Et donc, parce que l'hôpital de Richelieu met des bâtons dans les roues du programme de l'implantation du service de sages-femmes en ne leur offrant pas de locaux dans lesquels elles pourraient pratiquer d'ici l'ouverture de la maison de naissance, pas de possibilité de suivi avec Cc. dans mon cas, vue que ce serait une tentative d'AVAC et qu'il nous faudrait absolument être à l'hôpital.
Moi saumon qui remonte le courant. Plus je tente de croire à un accouchement naturel, plus l'univers me tape sur les fémurs pour me faire fléchir. Pourtant, c'est ce même univers qui a fait débloquer l'implantation d'une maison de naissance en Montérégie qui stagnait depuis des années et des années exactement au moment où j'apprenais que j'étais enceinte. Moi yoyo. L'aura, l'aura pas. Le simple fait de vivre ce que mon corps de femme est fait pour faire. Combien fort le veux-tu vraiment.
Au moins, il nous reste Anna-Laberge à Châteauguay. Mais là encore, peut-être fondai-je trop d'espoir dans ce milieu hospitalier, sur les faits qu'il détienne une accréditation en périnatalité "ami des bébés", qu'il ait été classé au premier rang dans un palmarès des maternités dans le quotidien La Presse et qu'il ait été le premier à implanter une approche multidisciplinaire en prévention des soins obstétricaux. Le plan d'y débarquer au moment de mon travail en inventant que nous étions chez des amis en visite tient toujours. La seule chose, c'est qu'il me faudra avoir en mains mon dossier obstétrical complet, comprenant les détails de mon intervention chirurgicale. C'est Cc. la sage-femme qui nous l'a recommandé. Elle nous a expliqué que sinon, je passerais le plus probablement au bistouri pour ce deuxième enfant que j'attends puisque que les intervenants ne me connaîtraient ni d'Ève ni d'Adam et se fierait au seul mot "césarienne", sans savoir si c'était vraiment pour un cas de siège. Nous inventerons donc que nous étions chez des amis et que j'avais mon dossier en main à la recommandation de ma belle-soeur qui est infirmière et qui sait qu'il est préférable pour un milieu hospitalier d'avoir toutes les données pour bien procéder.
Décidément, le bon Dieu m'aura occupé la volonté tout au long de mes deux grossesses, jusqu'à leurs derniers instants.
* merci, Daniel Boucher
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