orphelins de l'Éden

9.15.2011

imprimés spirites

Au début de ma vingtaine, je suis partie, avec mon amoureux de l'époque, explorer le Guatemala pendant cinq semaines. Je me souviens que nous avions créché quelques jours en début de périple dans un village sur le bord du Lac Atitlan. Un après-midi, nous sommes partis vers l'ouest, découvrir le hameau à proximité. Sur le chemin, nous avons cueilli des avocats. Je me souviens.

Quand nous sommes arrivés au coeur des petites maisons, j'ai eu l'impression de pénétrer un village fantôme. Les rues en terre battue étaient vides, mis à part des chiens squelettiques et galeux claudiquant à l'abri. Finalement, quelques enfants sont apparus, curieux de s'approcher de nous, suivis de visages de parents et de grand-parents apparaissant de derrière des bouts de tissus accrochés aux fenêtres. C'est ainsi que nous avons fait la connaissance d'une famille que Dn., mon amoureux d'alors, a voulu croquer en photo. Il faut dire que la mère au visage buriné, habillée dans des vêtements traditionnels, en imposait. C'est elle que j'ai dû convaincre dans mon espagnol très approximatif que nous n'allions pas voler leurs âmes avec notre appareil photo. Parce que c'est ce qu'elle croyait vraiment. Elle refusa d'abord qu'ils se soumettent à l'exercice, prétextant que nous repartirions avec une partie d'eux dans notre boîtier argentique. Finalement, Dn. les avaient immortalisés installés sur le quai, en échange que nous leur envoyions le portrait par courrier une fois de retour chez nous.

Depuis cette rencontre, une photo, c'est devenue un bout d'âme. La preuve, Cr. l'éducatrice de garçon, nous a suggéré de lui refiler des clichés de nous deux, maman et papa, pour pouvoir les lui montrer lorsqu'il nous cherche parfois pendant sa journée, entre autres lors de la marche matinale et au moment du dîner, en pépiant des maman, papa. Cela semble avoir fonctionné aujourd'hui. Quand elle les lui a donnés, il a souri et ça l'a satisfait. Pour moi aussi, ça a fonctionné. Je me suis apporté un bout de papier avec ta belle bette dessus au boulot aujourd'hui et à chaque fois que mon regard l'a balayé, ça m'a apaisé. Mon beauté.

Petite note importante: la journée de garçon a commencé pour la première fois de sa vie avec un "papa" plutôt que son fameux "maman". Papa, il le dit depuis qu'il a commencé la garderie et depuis qu'il a commencé la garderie, papa s'occupe de répondre à ses besoins le matin. De plus en plus complices mes hommes. Mes amours.