orphelins de l'Éden

5.01.2011

motifs

Comme je l'ai dit à une amie et comme je l'ai fait pour ton grand frère, il me faut tracer ton chemin en te laissant des cailloux qui t'aideront à remonter le fil de ton existence. Des bribes d'informations, des instantanés, des moments clefs.

Par exemple, je peux te dire que Bo. et toi, vous êtes venus dans moi pendant que j'étais malade, salement grippée. Je n'aurais jamais cru que mon corps bataillant, tout système immunitaire dehors, aurait pu s'avérer être le terreau le plus fertile pour vous, mes bébés que je souhaite en santé. Vous partagez ce même point de départ, ce même jour 1, ce même moment crucial où l'ovule est fécondé.

Ce que vous partagez aussi, c'est que vous êtes presque venus du Saint-Esprit tellement les sessions d'amour entre votre papa et moi ont été rares autour de votre conception. Pour Bo., c'est que je revenais d'une semaine loin de lui et que je l'avais laissé dans le rouge ou à peu près. Pour toi, c'est que depuis que mes menstruations sont revenues au mois de janvier dernier, une vilaine infection à Candida m'a ravagée et qu'en adepte des médecines douces que je suis, il m'a fallu presque deux cycles complets pour m'en débarrasser grâce à une huile de Ricin de grande qualité.

Aussi, tous les deux, vous avez dû vous attacher très fort à ma muqueuse utérine parce que je vous ai brassés la cage avec des émotions extrêmes peu de jours après votre implantation. Bo. pour cause de conflit majeur au onzième, toi pour cause d'animal adoré qui a décidé de nous quitter.

Enfin, la veille du jour où nous avons su que vous existiez dans moi, chacun votre tour, nous venions de finaliser des vacances: Bo. en réservant une cabine écologique à St-John dans les Îles Vierges, toi une semaine dans un chalet du Vermont.

Déjà, beaucoup de points communs entre toi qui a si peu de vie et ton grand frère qui a un an et demi. Mais loin de moi la manie de vous vouloir sans cesse vous comparer. Je l'ai dit ici: avec ta venue, je me refais page blanche.

D'ailleurs, j'épie mon corps à la recherche du moindre signe de ta poussée au creux de mon bas-ventre. Je ne me souviens plus de l'ordre d'apparition des courbes qui ont modifié ma silhouette il y a deux ans. Il paraît que le deuxième enfant porté se révèle plus tôt à cause de la laxité musculature qui a gardé la mémoire du passage du premier. Chose certaine, mes seins lourds semblent satisfaire davantage garçon ces jours-ci. Peut-être que le cocktail hormonal que ta présence provoque dans moi transforme agréablement la composition lactée.

T'ai-je dit que je t'aime déjà? Si tu n'as qu'une chose à retenir, c'est que je t'aime déjà.