sous la loupe
Ployée dans cette puissance éolienne, le front martelée d'aiguilles de pluie glacée, le regard furtif remarquant l'immense pommier d'un voisin rosi de ses fleurs voler en pétales, je reviens d'un énième trou dans le creux du bras. Cinq fioles de liquide écarlate remplie au centre de prélèvements de l'hôpital où j'accoucherai. Prise de sang de routine à ce stade-ci de ma grossesse. Processus indépendant de mon suivi auprès de Dr. C. à la clinique d'obstétrique pourtant rattachée au dit hôpital.
Cet hôpital de la rive-sud n'a rien à voir avec les hôpitaux de Montréal qu'il m'a été de visiter pour une raison ou pour une autre. Le bâtiment semble assez récent et les espaces, divisés de manière moderne. Rien à voir avec les couloirs labyrinthiques et parfois fantomatiques de Notre-Dame. La préposée qui me fabrique ma carte d'hôpital est efficace, mais malgré que je l'aie épelé, elle fait une faute dans le prénom de mon père. Il faut dire pour sa défense qu'il portait un prénom rare. Je souris tristement quand je le lis et continue mon chemin tout de même, certaine que papa ne se retournera pas dans sa tombe pour une telle pacotille.
Arrivée avec un peu d'avance, je m'installe sur un siège, livre en mains, parcourant le passage où l'auteur, l'anthropologue Meredith F. Small, explique à quel moment de l'évolution des espèces la spécificité des mammifères, celle d'allaiter ses nouveaux-nés, serait apparue sur l'échelle du temps. C'était il y a environ soixante-cinq millions d'années, entre l'ère secondaire Mésozoïque et la partie tertiaire de l'ère Cénozoïque. Des bébés dinosaures auraient eu l'habitude de lécher les coquilles desquelles ils venaient d'émerger parce qu'un liquide avait été expulsé là intentionnellement par les femelles mères soucieuses de désinfecter les niches de leur progéniture juste avant leur éclosion. Ce liquide aurait eu des propriétés immunitaires et petit à petit, des espèces auraient transformé leur biologie pour permettre à leur corps de fournir un lait riche et complet à leur nourrisson tout en offrant l'avantage de ne pas devoir se mettre en situation de danger à la recherche de nourriture, autant pour la mère que pour son vulnérable rejeton.
J'en étais à l'assimilation de ses connaissances quand l'heure sonna et que je dus relever ma manche pour me la faire ponctionner par une jeune infirmière très adroite qui me tutoya d'emblée. Une fois le sang recueilli en éprouvettes, elle m'expliqua que je trouverais les explications pour l'échantillon d'urine dans une des deux salles de bain dans le couloir. Quand elle me tendit le flacon vide, elle joignit une petit lingette d'antiseptique sous emballage et me recommanda de bien désinfecter. Bien désinfecter quoi, lui demandais-je, le flacon ou mes mains. Je crois qu'elle ne doit pas se faire demander cette question trop souvent parce qu'elle hésita quelques secondes avant de me répondre les mains, bien sûr. Ah, mais oui, bien sûr, surtout qu'il y a des distributeurs de Purell à tous les mètres dans cet établissement de la santé. Évident.
Les instructions. Oh la, la. Paranoïa des germes, des maladies, des virus, des bactéries. Ne manipuler le flacon stérile qu'après vous être extrêmement bien laver les mains à l'eau chaude et savonneuse. Ne pas mettre les doigts dans le flacon, ni à l'intérieur du couvercle. Préparer une compresse d'eau chaude et savonneuse pour vous nettoyer les parties génitales. Lavage à faire d'avant à l'arrière, très, très important. Sécher le tout avec une compresse sèche. Uriner quelques gouttes dans la toilette avant de commencer à recueillir l'échantillon. Rappel: ne pas mettre de doigt à l'intérieur du flacon, ni sur l'intérieur du couvercle. Désinfecter vos mains avec la lingette. Tout ça pour voir s'il y a infection urinaire ou pas. Il me semble, pour en avoir entendu parler, que si j'en avais une, je le sentirais et deuxio, il me semble que d'aller me frotter les tendres muqueuses avec un savon rose bonbon de distributeur générique ne doit pas aider pour l'irritation. Bref, j'ai à peu près suivi le protocole. Au pire, ils me rappelleront pour avoir un échantillon davantage aseptisé.
Avec chance, j'ai rattrapé à la course les deux fois les autobus qui me ramèneraient au paradis. Le temps que les carcasses bourlinguent sur les artères crevées de nid de poule, j'ai pu feuilleter brièvement la brique Mieux vivre avec notre enfant, version 2009 qui m'a été remise par l'infirmière. Ma soeur G. me dit que c'est une mine d'informations pratiques. Merci le gouvernement.
Entre-temps, les vents fouettent encore tandis que la pluie tombe pour de bon. Nougat le gros chat fait le guet à l'entrée de la pièce orange pour me signifier son insatisfaction de n'avoir plus que quelques graines dans son bol, bien que madame sache très bien qu'il ne se remplira à nouveau qu'autour de 19 h 30. Et M. me demandera sans doute encore aujourd'hui si j'ai senti petit être bouger. Bien sûr que tu le sauras quand ça arrivera grand bêta. Cette expérience qui devrait se produire dans la semaine qui vient, elle sera tienne aussi, promis.
4 Comments:
Oh que oui que tu sentira le jour où l'infection urinaire te rendra visite ! Et dire que les femmes enceintes sont plus à risque.. et quoi que sans enfants encore.. je n'ai pas assez de mes 10 doigts pour compter le nombre de fois où j'ai du me rendre à la clinique pour ça !!! Mais avec l'expérience je sais quoi faire , et la caneberge est ma meilleure amie ahahah
Il me semble bien qu'on est dans l'ère Purell.
Le monde devient fou et nous rend fou!!! =)
Bonne soirée chère bloggueuse.
La journée où tu sentiras plus de gaz qu'à l'habitude, demande-toi s'il y a vraiment des intestins qui passent où tu ressens les gaz. Si ça ne tiens pas debout c'est Bébé X qui se manifeste. Tu pourras peut-être aussi apparenter la sensation à un léger popcorn qui éclate dans ton ventre.
G
WAW je suis super contente de savoir que tu es deja rendue si loin dans ce merveilleux livre! ole!
pr le purell, oui je trouve que la societe nord americaine est devenue trop inseptisee... en europe c est nettement moins fou.
pr le chocolat qu on fait deguster, on doit maintenant mettre des cures dents dans chaque bout pr etre sur que les mains des uns ne "contaminent" pas le bout de chocolat des autres... FOLIE! c
est comme ca qu'on develope notre merveilleuse immunite... trop de purell nous rend faibles et degeneres...
bisous
jo
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