orphelins de l'Éden

5.12.2009

je grogne

M. plane. Installé dans le fauteuil de la pièce orange, tourné de telle sorte que son nez soit plein soleil couchant, l'ouïe branchée sur un groupe montréalais que nous découvrons à chaque mesure enchaînée, il se détend. Dans nos bedons, un excellent souper. Dans nos humeurs, la joie de l'intimité.

À entendre maman ce soir au téléphone, je constate que ces temps-ci, le rythme fou en atteint plus d'un. Quelque chose dans les astres sans doute. Une période de contraction interstellaire qui presse notre énergie qui s'égoutte goutte par goutte, ploc par ploc dans un trou noir, perdue à tout jamais. Apprendre à nous recharger en nous rebranchant sur nos respirations.

Il paraît que les nourrissons doivent apprendre à bien respirer pendant leur sommeil et qu'une manière que l'espèce aurait utilisé instinctivement depuis son apparition sur le dos de la Terre, c'est qu'un adulte partage ses nuits avec lui. L'enfant et la mère ou le père qui dorment ensemble assurent cette transmission de rythme. Bien sûr, un poupon qui dort seul dans son berceau finira par trouver le rythme lui aussi, par ses propres moyens, mais cette synchronisation naturelle entre le bébé et son parent faciliterait l'émergence de ce réflexe respiratoire.

Nous sommes des animaux. Brandissant des palms, des Ipod, des cellulaires. Animaux. Ne pas se regarder dans les yeux, ne pas échanger nos impressions avec le premier venu, ne pas avoir l'air out. J'exagère bien sûr, mais parfois, quand je regarde la parade passée, je me demande comment j'en suis venue à ne pas complètement devenir assimilée. L'ensemble social et ses conventions. Être branché, être à la mode, être nourri de convenu. Mais voilà, quelqu'un d'une autre culture me regarderait tout particulièrement et ne me verrait pas différente de cet ensemble dont je me sens si éloignée. Ce regard extérieur dirait de moi que je cadre, que je porte la marque nord-américaine. Avec mes fringues, ma voiture, mon boulot, ma maison. Je remplis la pointure de l'expectative d'accomplissement matériel. Je me comporte en bonne fille, noyée dans cette foule de citoyens régularisés. Mon décalage est invisible sinon à mes yeux. Et de toute façon, à quoi bon. Je sais que je suis un agent d'infiltration. Je l'ai toujours su. Mieux vaut me fondre et dissimuler mes crocs.

3 Comments:

At 12:16 a.m., Anonymous ziwi said...

Ô créature exotique, ton extérieur est nord-américain, mais ton intérieur est universel ;)

 
At 9:03 p.m., Anonymous M-H said...

moi aussi jai tres tres tres mal dormi samedi soir.. tourne et retourne et retourne encore.. je ne me suis meme pas posée de questions quand jai remarqué la pleine lune...

 
At 9:22 a.m., Anonymous Anonyme said...

eh bien, je vois que ce livre t'a marque autant que moi!!!
je ne serai plus seule peut etre a etre a contre courant a montreal en dormant avec notre ptit gars!
c'est tellement interessant ce livre car ca nous fait relativiser notre facon de faire comme etant une parmi tant d'autres et non pas la seule. etre en voyage ici et parler avec les gens me fait realiser que c'est normal ici de dormir avec les enfants. ca me fait du bien!c'est une des plus belles choses qu'on vit avec Matteo, le dodo la nuit. pascal adore aussi! d'apres moi, l'essayer c'est l'adopter et ca facilite a fond l'allaitement. on se rendort en deux tps trois mouvements. du coup, on a plus cette obsession occidentale: que le bebe fasse ses nuits...
je t embrasse
Jo

 

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