orphelins de l'Éden

5.16.2009

camouflé qui se révèle doucement, tout doucement

Je m'empiffre de chips de maïs aux fèves noires. Nous sommes en train de faire les courses par un samedi soir noyé sous une pluie diluvienne et j'attends M. dans la voiture pendant qu'il se sélectionne des bières de micro brasseries québécoises au Métro du coin. Une croustille suit l'autre presqu'automatiquement et je me dis qu'il me faudrait bien arrêter le mouvement, sinon j'en viendrai à ce goût acide désagréable de reflux gastrique parce que j'aurai manger trop et trop vite. Eh voilà, vingt minutes plus tard, installée devant l'écran, ce goût brûlant est bien là. Heureusement que la soupe du maître commence à peine à s'élaborer dans la cuisine. Ce soir, c'est mon amoureux qui mitonne.

Jusqu'à hier, nous avions plutôt comme plan pour cette soirée de week-end d'aller voir mon amie Ct., depuis peu retrouvée, chanter au Quai des Brumes, mais parce que je suis revenue complètement vannée de ma matinée en ville auprès de M-H hier, M. a mis le holà et a décrété que la Lu devait se calmer le ponpon, surtout qu'elle travaillait aujourd'hui. Petit être tient de son papa. Comme lui, il a le gène chat qui fait que moi, en tant que porteuse, il me dit de me calmer le ponpon à sa façon lui aussi. Il me flanque la fatigue pour cause de nombreux kilomètres marchés, chose qui ne m'aurait pas mis dans un tel état sans sa présence, et je finis par baver sur un coussin du divan orange à 18 h 30, d'un sommeil de plomb qui durera une grosse demi-heure.

C'est que j'oublie presque que le porte tellement il est discret. Je me sens bien et les petits changements - comme ce goût acide lorsque je mange trop et trop vite par exemple - sont venus si progressivement s'installer que je m'y suis adaptée sans plus faire le lien avec lui, petit être qui se déploie. En plus, ma bedaine est souvent dissimulée sous mes vêtements à la coupe relax, coupe que je préfère d'entre toutes, alors je ne le remarque qu'à peine ce gonflement qui témoigne de sa présence. Quand je suis nue devant la glace le matin avant de sauter sous le jet, je vois bien que ma taille a épaissi. M. dit même qu'elle a doublé. Mais la majorité du temps, il disparaît dans ma silhouette longiligne.

Le temps passe tout de même et aujourd'hui, le 16 de mai, je termine ma seizième semaine. Et je crois bien t'avoir senti. Ça a commencé hier justement. Dans mon cas, ce n'est ni une sensation d'ailes de papillon, ni une sensation de gaz, mais plutôt un trait qui se dessine dans le bas-ventre, un peu comme pendant certaines menstruations, sans douleur, seulement un signe du genre je-suis-là. Je t'imagine tournoyer un peu pour davantage de confort.

Le moment de ton arrivée se rapproche et je me demande encore régulièrement comment notre relation se développera. Tous les enfants que je croise sont toi. Tous les parents, sont M. et moi. Que nous réserve notre histoire de cellule? Je deviens pondeuse d'une famille dans le tableau généalogique de toutes nos racines. Quel incroyable honneur.

2 Comments:

At 11:19 a.m., Anonymous M-H said...

milles excuses a M. d'avoir enlevé toute énergie a sa douce.. Mais c'est vrai que c'est meme plutot elle qui me trainait un peu partout.. et qu'en bonne compagnie la ville a l'air de passer rapidement sous nos pieds !!

Bon dimanche a vous deux, en esperant que vous ayiez un peu de temps pour vous reposer tous les deux cette fin de semaine !

xxx

 
At 9:10 a.m., Anonymous Anonyme said...

WAWWW quelle prose superbe, j'adore le dernier paragraphe... de toute beaute Lu!
quel beau recit que tu lui ecris la a ce petit etre... le chanceux, il n'est pas encore ne que qqn lui ecris deja des lettres d amour!
Marche Lu, Marche!!! c'est ce qu'il y a de meilleur pour un bon accouchement! c'est un chauffeur de taxi algerien qui me l'a dit. je prenais son taxi la semaine avant mon accouchement et il me disait fier comme un paon: ma femme elle a accouche comme ca, en une poussee, elle n'a pas crie, rien du tout. elle est forte ma femme, elle est extraordinaire. l'infirmiere a dit que ca prenait plus de femmes comme elle ici! et il m'a dit que son secret c'etait de marcher tous les jours 30 minutes au moins! les vietnamiennes enceintes aussi je les vois prendre bcp de marches.
et moi aussi j'ai marche pas mal surtout la semaine avant l'accouchement, pr faire venir le bebe... pascal en avait mare! on a fait 2 fois le mont royal, une fois le parc angrignon, le parc de l'ile ste helene, le vieux montreal et une fois le plateau... finalement matteo est arrive :O)
bisous
Jo

 

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