orphelins de l'Éden

6.25.2007

vivre libre

Le jour de Fête Nationale s'est déroulé dans une ambiance bon enfant. M. et moi avons enfin désengorgé le sous-sol pour aménager le deuxième salon, celui-là près du foyer. Mission accomplie. Ses amis ont appelé pendant que nous trouvions une place à chaque chose pour nous annoncer leur arrivée dans environ une heure et puis, le téléphone a sonné une seconde fois. À l'appareil, J., notre ancienne charmante voisine, s'est proposée à venir faire un tour, son premier au paradis. Ce faisant, M. lui a dit qu'il pourrait aller lui acheter un billet pour les Cowboys Fringuants en spectacle à deux pas de chez nous. Plus tard dans la soirée, J. me racontera que la veille, Sm., notre ancien voisin du rez-de-chaussée allait les voir en show à Repentigny, mais que c'était compliqué et loin pour elle de s'y rendre. L'ordre des choses est fascinante. L'univers est une bonne ménagère (même s'il est masculin).

La soirée s'amorce doucement avec Mr. et Kr., les amoureux de longue date, qui arrivent, suivis de tous les autres. Les amis de M. ont grandi ici, à St-Hubert-on-the-beach. Ils se connaissent depuis un peu plus d'une décennie maintenant. Leur chimie de groupe est assez intéressante du fait qu'il n'y a pas de leader comme c'est souvent le cas dans les bandes de copains. Ils respectent leurs personnalités et s'accordent sans effort. M. et Ax. se retrouvent toujours à jouer des instruments de musique, pendant que les autres enchaînent les cigarettes et les bouteilles de bières en laissant libre cours à leurs idées qu'ils partagent pour former des conversations qui vont dans toutes les directions.

Je cuisine les pâtes sauce tomate et pignons pour M. et moi. Après le souper, je file chercher J. qui traverse le fleuve sous terre pour déboucher à la station Longueuil. Pendant que je l'attends au débarcadère, j'écoute CISM qui fait tourner une pièce du dernier album de Dizzy Rascal. Son flow à l'accent brit est irrésistible. D'aucuns critiqueraient mon choix musical en cette St-Jean. Ce soir-là, je m'empiffrer de musique franco.

Quand J. embarque dans Jasmine la Fit, elle m'annonce qu'elle a, dans son sac, des fraises bios cueillis la veille dans Lanaudière et du melon. C'est pour le dessert qu'elle m'annonce. Pendant le trajet, elle me raconte la vie d'une amie Suissesse qui travaille chez Équiterre. Elle qui a vécu une vie impressionnante est impressionnée par celle de cette fille qui a grandi sous la tutelle de parents aux valeurs bien arrêtées du genre que l'éducation par voie institutionnalisée, c'est-à-dire l'école, n'est pas à valoriser. L'église et la culture sont plus sûres.

Nous arrivons presque au paradis et J. me lance, en regardant une maison sur ma rue qui ressemble à une ferme enfouie taillée de biais et flanquée d'une rallonge, que mon Dieu que c'est laid. Elle est comme ça cette Belge, franche. En stationnant la bagnole, elle me dit que la nôtre est plus jolie. Elle aime la cuisine, la cour, le deck que P. son amoureux fou braque du barbecue aimera aussi. À l'intérieur, elle note les couleurs dans les pièces avec une justesse que personne auparavant n'a su saisir. Bleuté gris dans la chambre, café dans le salon.

J. mange un énorme plat de pâtes. Certains des autres ont mangé du Subway ou des hot-dogs. Kr. vient de revenir avec une poutine. Je retiens le moment où J. explique ce qu'elle fait comme boulot. Elle travaille chez Equita. Elle résume avec précision ce que sont les produits équitables et la certification. Elle s'occupe plus particulièrement de sensibiliser les milieux scolaires et roule aussi régulièrement sa bosse à droite et à gauche de la province pour informer les participants de congrès, de conférence ou d'assemblée.

Vers 9 h 45, nous nous dirigeons vers le site du spectacle. La rue est bondée de véhicules et de gens qui avancent vers le même point que nous. La grand'messe se prépare. Lorsque nous parvenons à l'entrée du parc, les feux commencent à éclater dans le ciel de suie. C'est comme des fleurs dans un jeu vidéo, tout en points lumineux. Pour rentrer, c'est un peu laborieux. A- Il y du monde en maudit. B- Certains des copains ont voulu entrer sur le site avec la bière dissimulée dans leurs pantalons. C- Pris de panique, ils décident de caler leur réserve au milieu du flot de gens qui passent le goulot d'étranglement du site. J. et moi on les salue pour partir dans notre direction. Vivre une expérience de foule, ça se fait mieux à deux ou en groupuscules.

En nous tenant la main, nous zigzaguons parmi la masse compacte de fans finis qui ont campé là toute la journée. Objectif, s'approcher le plus possible de la scène ce que nous réussissons à faire. Les comparses Fringuants donnent tout ce qu'ils peuvent sur la scène et je lève particulièrement mon chapeau à Marie-Annick qui déborde d'énergie et de talent et au bassiste boute-en-train. Le secret du succès de cette union d'individus réside sans doute dans le plaisir qu'ils ont à faire ce qu'ils font, en plus de le faire bien. J. est soufflée par la force de leurs textes. Elle dit que René Lévesque serait touché d'entendre la chanson qui lui est dédiée.

À un moment, J. me demande si on peut sortir de la meute. Elle a besoin d'air. Elle a sûrement trop mangé qu'elle me dit. Tranquillement, nous retournons vers le paradis. En chemin, elle demande si on peut s'asseoir un instant dans l'autre parc, plus près de chez moi celui-là. Là, trois jeunes garçons se balancent. Un d'eux nous souhaitent bonne St-Jean de loin et nous lui répondons. Ils s'approchent et viennent nous jaser un brin. Un d'eux habite sur ma rue. Les deux autres vont à la même école que lui. Tous les trois étudient au privé et sont en concentration musique. Ils ont 14 ans. Gb. n'en revient pas d'apprendre que j'en ai 30. Même si j'en ai 29, je dis 30, c'est plus près de la vérité. Gb. est décontracté pour son âge, sociable et poli. Charmant et charismatique. Md. est Algérien par son père et Québécois par sa mère. Il porte un t-shirt noir avec des fleurs de lys qui semblent flotter sur le textile. Il est l'aîné de cinq garçons et il joue de la guitare basse comme il dit. Al., mon voisin, a une trace de moustache en haut de sa lèvre et il ressemble à Harry Potter. Il est enfant unique et il dit qu'il n'est pas gâté. Il est seul pour accomplir les tâches ménagères.

Quand nous les quittons, J. me demande si je m'ennuie d'enseigner après une telle rencontre. J'aime mon boulot. Voilà tout. Bien que je trouve les adolescents attachants, mon choix est fait. Et si jamais il le faut, je retournerai à l'enseignement.

Finalement, c'est à 1 h 45 que nous souhaitons une bonne nuit aux derniers convives qui prennent la route. Somme toute, la magie était au rendez-vous. En plus, ce matin, à notre réveil, j'entends le fameux chant mystique. J'ouvre le store pour apercevoir un oiseau percher sur le fil électrique à l'arrière. C'est en cardinal, un mâle flamboyant malgré le temps gris. Après un jour bleu, le rouge nous salue. Sympa.

2 Comments:

At 9:12 p.m., Anonymous Anonyme said...

Content dt'avoir parlé,
ce fut fort bien et j'espère à une prochaine fois ! ;)

wmi.hope*gmail.com,
Mahd

post-s.: oublie pas notre site :p ! http://boucluband.c.la

 
At 1:02 p.m., Blogger Alexandre Contant said...

Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blogue.

 

Publier un commentaire

<< Home