orphelins de l'Éden

6.13.2007

tranquillo

Il rentre en disant "wow!". Il a lavé la porte, en plus des fenêtres, à coup de grosse éponge jaune et de squeegee. M. aime nettoyer les vitres. C'est comme cela. C'est sa tâche ménagère préférée. Il se promène d'une surface transparente à l'autre en déposant son sceau, déterminé à voir s'effacer la crasse. Et il frotte pendant que je pianote.

Peu d'objets ont trouvé leur place depuis les derniers jours. Notre rythme est synchronisé sur celui des tortues. Nous rentrons du boulot, nous préparons le souper, nous soupons, M. installe un truc ou deux, du genre les détecteurs de fumée (jamais installés par les anciens propriétaires!) ou le bidule pour accrocher la serviette à mains, je récure la cuvette ou je fais un peu de lavage. Parce que j'ai maintenant le luxe d'avoir une corde à linge. M. me l'a tendue tout à l'heure. Tout le monde sait qu'il n'y a rien de tel que de dormir dans des draps séchés sur la corde. Et pendant que j'écris, ça sent le coffre de cèdre. Ce sont les planchers de liège qui sentent bons.

Ma mère m'a offert aujourd'hui une sacoche. En fait, c'est ma B. qui me l'a fait parvenir de Hong Kong via maman. Ma toute première sacoche. Avec V. ma collègue et amie, j'ai fait des blagues aujourd'hui. Je deviens enfin une vraie femme. C'est un sac assez grand, couleur caramel, tout à fait seventies. Je peux y fourrer mon livre de lecture, mon cahier d'écriture au cas où, mon porte-monnaie volumineux. Il est parfait. Je devrai toutefois apprivoiser le port sur l'épaule moi qui suis habituée à des sacs à dos ou en bandoulière. En plus, maman m'a ramené des vêtements de là-bas, cadeaux de sa part puisqu'elle revient d'un trois semaines dans la mégapole. Elle m'a donné un châle d'une douceur inouie, moi qui adore enrouler des tissus autour de mon cou, une jupe porte-feuille longue de style bohémien comme j'en voulais une depuis que j'enviais celle d'une fille que j'ai connue il y a environ sept ans et une chemise-tunique légère. M. porte fièrement un anneau de jade à son cou. Maman m'a dit que les Asiatiques associent cette pierre à la prospérité, la fertilité, la santé, enfin tous les "té".

Bon, il faut que je vous laisse. M. et moi allons voir le condo dans lequel sa mère et sa soeur emménagent en fin de semaine et avant de partir je dois m'occuper de mes fèves noires qui mijotent sur le feu depuis des heures en prévision de notre repas de demain soir. Un jour à la fois doux Jésus.