orphelins de l'Éden

10.30.2006

fringale

J'ai eu l'idée de plantain frit quelque part pendant la matinée. Du onzième, mon esprit s'envole parfois pour voyager sur les ombres parfaites des immeubles et les coloris des cieux capricieux. Il butine d'une pensée à l'autre, sans s'attarder, véritable pélerin repu des liens spontanés. Alors, tranquillement, j'ai imaginé mon itinéraire de l'après-travail et l'avant-soirée. Direction marché Jean-Talon. Besoin d'huile d'olive, de tomates en dés, de brownies, de crudités, de fruits, de croustilles poivre et sel, de pain et de plantain.

Mercredi dernier, en passant par le marché, je l'ai vu en mutation. Les murs étaient en train de pousser et les marchands, de se réajuster à cet espace des prochains mois. Aujourd'hui, les portes battantes marquent les entrées et les sorties du corps replié du géant qui s'adapte aux saisons.

Chez Louis, j'ai demandé pour du plantain. Tout de même, c'est sous cette enseigne que plusieurs chefs cuisiniers montréalais viennent s'approvisionner. Nenni, le commis me recommande d'aller chez Sami ou Ultrafruits. De Sami, j'en garde un seul souvenir, catégorie expérience n'ayant pas à se répéter à tout prix. Je revois les planchers sales, les gens avides de combats des prix, de montagnes de fruits et légumes de qualité correcte, sans plus. Chez Ultrafruits, pas de plantain. Direction Sami.

Je rentre dans ce lieu multiculturel par excellence. Ici, toutes les cuisines du monde y trouvent leur compte. J'avance à l'aveuglette dans ce lieu saturé de néon et de couleurs. Au bout d'une allée, un panier émerge devant moi avec dedans - en plein dans le mile - du plantain vert. La dame Haitienne à qui je demande me répond qu'il y en a du mûr par là. Un coup parti, je la questionne sur la cuisson du fruit-légume. Elle me conseille d'ébouillanter les rondelles dans l'eau salée, de les frire dans une huile chaude, de les replonger une seconde fois dans une eau salée et de les refrire pour s'assurer leur croustillant.

Quand M. arrive, les rondelles brunissent dans la poêle. Je lui apprends que c'est en Afrique que j'ai connu ce petit plaisir culinaire. C'est sucré qu'il décrète lorsqu'il en mange une. Je suis ravie. Il est simple de se faire plaisir lorsque l'on sait ce que l'on veut.