orphelins de l'Éden

9.04.2012

cher inconnu

De petits moments magiques comme celui-là, survenu le jour du mariage de ma soeur aînée, il y a presque deux mois maintenant.

En me rendant au comptoir de la réception de l'hôtel où se déroule le grand évènement pour y quérir la purée de fillette gardée au froid dans un frigo, je croise un homme, polo jeté sur les épaules, l'air impeccable d'un touriste enthousiaste.  Portant fillette dans mes bras, il me fait un gentil commentaire à propos de mon bébé et hésite entre le masculin et le féminin pour la désigner.  Petite fille, que je lui offre, en ajoutant que de toute manière, à cet âge-là, ce sont parfois les vêtements qui peuvent fournir des indices sur le sexe du poupon et qu'en occurrence, le orange est une couleur bien neutre.  Je crois qu'il me répond quelque chose comme quoi l'important, c'est la santé.  Et moi de compléter que oui, tout à fait, nos chers miracles de la vie.

Notre rencontre se dénoue, chacun poursuivant son chemin.  Je demande la purée de fillette et je remarque que l'homme est encore dans le hall, sans y porter plus d'attention.  Peut-être attend-il quelqu'un.  Mais voilà qu'il revient vers nous et m'aborde en me tendant un livre.  Dont il est l'auteur.  Claude Dolbec.  C'est son nom, inscrit sous le titre de l'ouvrage arborant les traits un peu flous d'un visage de jeune femme en page couverture.  Sous le soleil de la vie.  Sa fille aurait trouvé ce titre, après l'avoir lu.  Sa fille qui est décédée.  Mon coeur se serre.  Mes plus sincères condoléances - quoi dire, sinon cela.

Il m'explique que c'est parce que j'ai dit que les enfants sont des miracles de la vie qu'il a pensé à me l'offrir, que c'est l'histoire d'un homme, Hugo, et de sa fille, Marianne, que c'est en quelque sorte leur histoire, à lui et à sa fille.  Il parle vite et enchaîne plusieurs informations à propos du livre - qui a été offert à des interprètes de  renom lors d'une fête régionale en Outaouais -, du prénom de son héroïne - sa fille porte comme autres prénoms Marie et Anne et il l'avait oublié au moment de l'écriture -, de Paolo Coehlo qui l'a félicité pour son récit.

Il m'aura fallu deux mois pour lire cette soixantaine de pages.  C'est que je l'avais commencé, mais mis de côté lorsque j'ai dû orchestrer le baptême de fillette - surtout pour la préparation du menu qui s'est étalée sur une semaine, sans compter la planification ni les courses.  Glissé dans un tiroir et oublié, où je l'ai retrouvé il y a quelques jours, pour le parcourir d'un seul souffle samedi dernier pendant la sieste des cocos.

Que de beauté condensée dans ce mince ouvrage lumineux carburant à la reconnaissance profonde pour cette opportunité magistrale qu'est la vie.  Que de poésie, d'appréciation des choses toutes simples, d'élan créatif.  Le genre de récit qui inspire à prendre le temps, vraiment, pour humer le parfum d'une saison, pour capter le reflet de soleil caché dans une goutte d'eau, pour aimer avec un coeur d'enfant, toute la vie.  

Un livre petit moment magique.  Complètement coffre à trésors si vous voulez mon humble avis.

1 Comments:

At 12:00 a.m., Anonymous Joanna said...

intriguant ton histoire... et bien triste pr ce monsieur d'avoir perdu sa fille...
j'ai trouvé un petit extrait du livre sur internet ici http://www.meanomadis.com/content/show_articles.asp?ID=453

et je l'ai trouvé bien beau.
bisous
jo

 

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