nourrir l'album
Pendant que les grains du sablier me file entre les neurones, j'ai l'impression de perdre de vos vies, mes chers enfants, à force de ne pas venir ici assez souvent. Venir pour carder les petits moments qui tissent la toile de notre quotidien familial, rempli de vos gestes et manies comme autant de rayons de soleil. Des claquements de langue de fillette débutés il y a une grosse semaine et demie pour communiquer sa joie, aux effusions de "je t'aime" de garçon, traduisant peut-être son insécurité de voir sa petite soeur prendre de plus en plus d'espace avec ses déplacements reptiliens rapides, de la possible roséole de fillette qui a eu une petite poussée de fièvre la semaine dernière suivie de l'apparition de taches rouges sur une très grande surface de son corps dodu, aux chansons douces que lui fredonne garçon depuis trois jours pour la calmer lorsqu'elle s'impatiente de ne pas être assez stimulée.
C'est que la miss est curieuse comme dix et tout à la fois, elle se désintéresse à la vitesse grand V des objets que nous lui présentons, ce qui fait que nous avons des tonnes de petits machins empilés un peu partout dans les aires de vie du paradis. La barrière pour bloquer les escaliers est installée depuis plus d'un mois maintenant. C'est M. qui en a décidé ainsi lorsque nous nous sommes aperçus que fillette se déplaçait avec une facilité accrue à chaque jour qui passait. Maintenant, elle est si agile à avancer sur le ventre qu'elle passe même d'une pièce à l'autre si l'envie lui en dit.
Parallèlement à son évolution fulgurante, il y a celle de garçon au niveau du développement de son langage. Son vocabulaire s'étoffe et il travaille même à préciser sa prononciation lorsque les phonèmes qu'il émet pour constituer certains mots ne sont pas justes. Par exemple, papa et lui ont pratiqué le mot girafe qui comportait deux défis: celui du "g" et celui du "r". Tout ça avec l'aide d'un livre de la bibliothèque que j'ai rapporté la semaine dernière qui raconte l'histoire d'un ours et d'un éléphant un peu différents de ceux de leur espèce et qui se prennent pour des girafes.
Autre chose à couler par mortier dans nos souvenirs, le beau moment de charade que nous partageons tous les quatre, installés dans l'îlet, juste après les bains et juste avant les dodos. C'est un rituel qui a débuté il y a quelques semaines maintenant et garçon en raffole. Une fois son body crémé, ses dents brossées et son pyjama enfilé, il vient s'asseoir sur un oreiller pendant que je donne le sein de la nuit à fillette assise en tailleur et que papa le suit pour venir s'étendre. Un après l'autre, suivant l'ordre que garçon établi - maman, après moi, après Cm., après papa, après maman -, nous énumérons des indices qui décrivent quelqu'un ou quelque chose que les autres doivent deviner. Le plus adorable, c'est que lorsque garçon fait son énumération, il glisse toujours le mot de la chose qu'il tente de décrire ou il la pointe si elle se trouve tout près. Par exemple, il dit: vole, mange des fleurs, coccinelle, rouge. En bons joueurs, nous proposons "coccinelle" et il s'exclame "oui, bravo!". Aussi, quand le tour de fillette vient, je dois être celle qui la fait et toujours celle-ci: je suis un animal, j'ai de longues oreilles, j'ai une queue comme un ponpon et je bondis. Bo. s'exclame "un lapin!" avec une nouveauté à chaque fois renouvelée. La sécurité de la répétition à son meilleur.
Déjà, je respire un peu mieux d'avoir encore réussi à engranger un peu de vous deux. Parce que bien que l'on ne puisse jamais revenir en arrière, les écrits arrivent à figer un présent que l'on peut revisiter dès lors à tous moments. Une force des mots que j'espère maximiser pour votre bonheur de vous découvrir tout petits lorsque vous serez plus grands. Pour mon bonheur aussi, de vous revoir pousser sous mes yeux, mes chers enfants.
1 Comments:
c'est vrai que c'est pr notre bonheur à tous, les lecteurs de lire l'évolution du quotidien de vos enfants. nous aussi on aime ca :O)
bisous et j'adore vos rituels!
trop cute
jo
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