orphelins de l'Éden

7.20.2011

jekyll and hyde

Je lis présentement un ouvrage extrêmement bien documenté intitulé La naissance orgasmique: Guide pour vivre une naissance sûre, satisfaisante et agréable rédigé à quatre mains par Elizabeth Davis, sage-femme, et Debra Pascali-Bonaro, doula. Je n'en suis qu'au deuxième chapitre, mais déjà, toutes les informations et témoignages fournis me parlent, moi qui crois encore au pouvoir du corps de la femme pour accoucher, même après ma césarienne. Cette fois, pour toi, je veux un accouchement naturel. Je veux qu'ensemble, toi et moi, nous vivions toutes ces étapes du plus important labeur de notre espèce. Oui, j'y crois encore.

Ainsi, lorsque Dr. C, mon supposé toubib baba cool, me sidère avec la conversation qui suit, je craque à mon retour au paradis pour plaider mon désir profond auprès de ton papa, afin qu'il comprenne que je ne plaisante pas: cette fois, personne ne m'imposera la peur.

Il arrive dans le bureau, pressé parce que nous sommes trois dans des pièces minuscules à l'attendre chacune de notre côté, pendant qu'une pelletée d'autres poireautent dans la salle d'attente. Il est en retard.

- Tout va bien?
- Oui, merci.

(Je m'installe sur la table pour qu'il vienne sonder mon bas-ventre avec le Doppler, mais il est encore à noter quelque chose dans mon dossier.)

- Saviez-vous qu'une maison de naissance va ouvrir à Saint-Jean-sur-Richelieu? que je lui demande.
- Ah? répondit-il avec un léger agacement dans la voix mélangé à de l'incrédulité. Quand?
- Ils prévoient l'ouverture pour le printemps 2012, mais le suivi avec les sages-femmes débutent au mois d'août.

Pause. Lui toujours dos à moi, occupé à mon dossier.

- Ça t'intéresse-tu? avec un détachement feint.
- Oui, je m'étais informée pour mon premier accouchement, mais habitant la rive-sud, je n'avais pas accès aux maisons de naissance sur le territoire montréalais et comme vous le savez, il n'y en par ici. Je me suis informée pour celle de Saint-Jean et malheureusement, on m'a dit que je n'étais pas sur le territoire desservi par le service.

J'omets intentionnellement d'ajouter que je suis sur la liste d'attente et que s'il n'y a pas assez de demandes, on m'appellera dès août pour commencer mon suivi.
Autre pause. Cette fois, il vient avec le Doppler. Nous entendons ton coeur qui bat avec énergie. Ça m'émeut encore. Je regarde Dr. C, éblouie, mais lui, il évite mon regard et son visage est fermé. Silence pendant qu'il retourne à mon dossier, pour noter encore. Je descends de la table, j'enfile mes Birks, attrape mon sac, me dirige vers la sortie. Il se tourne enfin.

- En tout cas, c'est une bonne affaire que tu aies été refusée parce qu'elles auraient été assez folles pour t'accepter, qu'il me lance avec agressivité.
- Qu'est-ce que vous voulez dire?

Je m'en doute, mais je veux l'entendre de sa bouche.

- Avec ta césarienne, accoucher dans une maison de naissance, c'est de l'inconscience! encore avec cette agressivité qui me frappe de plein fouet.
- Mais au moment de mon accouchement, deux ans auront passé et ma cicatrice sera bien guérie alors un AVAC est tout à fait envisageable, que je lui réponds, selon les informations médicales que son équipe et lui m'ont eux-mêmes données.

Pressé, il ouvre la porte pour poursuivre la conversation dans le couloir, avec son même ton agressif qui fait que les deux infirmières à leur poste se retournent vers nous.

- S'il y a déchirure, c'est pas à une maison de naissance qu'ils vont pouvoir faire quelque chose.
- Bien sûr que non, mais l'hôpital est juste à côté.
- Ce sera trop tard! En tout cas, on en reparlera, mais c'est n'importe quoi comme idée.
- Je ne voulais pas vous fâcher, et je tourne les talons.

J'en ai eu assez. Pas besoin de cette attitude d’arriéré. J'avais lu sur un forum à propos du projet d'implantation de maisons de naissance sur la rive-sud que l'équipe d'obstétriciens de Pierre-Boucher mettait des bâtons dans les roues dans le processus pour éviter que les sages-femmes ne viennent marcher sur leurs plates-bandes, mais là, Dr. C m'en donne la triste preuve.

À M., je dis que si j'en ai la chance, je veux que nous rencontrions une sage-femme, surtout que pour l'instant, les accouchements se feraient à l'hôpital de Saint-Jean, parce que la maison de naissance n'est pas ouverte avant le printemps, ce qui le rassure. Avec une sage-femme, sûrement que le processus se ferait avec un plus grand respect de nos volontés. Aussi, si nous n'avons pas cette option, le centre Anna-Laberge à Châteauguay devient la deuxième possibilité.

Je ne veux absolument pas me retrouver clouée à un lit à Pierre-Boucher pour finir en salle d'opération parce qu'eux auront déterminé que la situation est trop risquée avant même de nous avoir donné une chance, oh que non monsieur le docteur que je veux plus voir du tout.

1 Comments:

At 2:03 a.m., Anonymous Joanna said...

ta volonté a été entendue! la foi déplace des montagnes!
je suis tellement heureuse pr vous et j'ai hâte d'entendre comment se sera passée la rencontre avec votre sage femme.
jo

 

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