orphelins de l'Éden

7.13.2011

éternel retour

Les dates et les calendriers qui font avancer nos vies, ils servent à notre mémoire, nécessairement. Ils nous rappellent les évènements qu'il ne faut pas oublier comme l'on peut oublier lorsque l'on vieillit et que nos vies qui avancent se remplissent d'une foule d'occupations qui nous brouillent l'attachement au passé. Dans mon cas en tout cas. La nostalgie me vient par flashes et décide elle-même de là où elle me largue dans moi. Tout ça dans les moments du présent les plus anodins. Je récure ma baignoire et elle me frappe. Je bois un verre d'eau et elle me noie. J'essaie de relaxer dans une seconde nue et elle vient habiter cet interstice sans la moindre retenue. Ne m'oublie pas. J'étais là avant toi.

Mais je l'ai souvent écrit, si j'écris, c'est parce que je n'ai pas une bonne mémoire. Ma nostalgie ne carbure qu'aux tiroirs non verrouillés de ma caboche. Autant dire qu'elle bondirait de joie au répertoire qui s'ouvrirait à elle si je m'étendais sur un divan.

Ma théorie, c'est que je vis dans le présent. Bon, rien de fracassant comme affirmation surtout quand tout le monde peut en dire autant. Seulement, je crois sincèrement avoir un niveau de connexion au présent un peu plus élevé que la moyenne. D'ailleurs, je n'ai pas de compte Facebook et une des raisons principales qui explique ce choix, c'est que d'imaginer des gens de mon passé qui me retrouveraient, ça me fout les jetons. Non pas que ces relations n'étaient pas vraies et sincères lorsqu'elles occupaient une place significative dans ma vie au moment où elles l'ont fait, non, bien sûr que non. Mais j'ai pour mon dire que si ces relations se sont élimées au fil du temps au point de s'effacer de mon présent, à quoi bon revenir à elles, ou plutôt à l'ombre d'elles-même. Je ne suis plus la Ludivine qui est allée à l'école primaire d'un petit village franco-ontarien, non plus que je suis cette personne qui a travaillé au Dunkin Donuts sur Queen Mary. À quoi bon me retrouver alors.

Pourtant, j'aimerais parfois que ma nostalgie parvienne à sonder des zones plus reculées sur la ligne du temps, malgré ma connexion au présent. Et quand le calendrier revient avec ses dates sémaphores, ce besoin m'anime tout particulièrement. Si les réseaux sociaux pouvaient me permettent de reconnecter avec ton âme, ton amour, ta voix, ton visage, je serais la première accroc. D'ici là, ton anniversaire est une pierre blanche que je polis soigneusement à chaque année et grâce à lui, le présent fait place à ta mémoire. Papa.