orphelins de l'Éden

8.17.2010

station debout

J'ai libéré ma main des pansements qui la gênaient depuis presque une semaine. Trois doigts portent les marques du feu mouillé qui les a léchés à peine quelques secondes pourtant. M. pense qu'ils garderont des cicatrices en souvenir de ce court baiser fatal.

Mais bien que je vieillisse, mes doigts font partie de cette région corporelle à se régénérer rapido presto. Toutes les autres, en comparaison, lambinent sans trop de pression, comme si les mains, parce qu'elles se doivent de livrer la marchandise pour poursuivre l'accomplissement des mille et une tâches que comportent une journée, bénéficiaient d'un traitement de faveur de mon système. Un bobo sur les menottes, pas de problème, ont envoi nos meilleurs mécanos sur place, comme si mon corps savait que les blessures à cet endroit doivent guérir aussi efficacement qu'un changement de pneus dans une course de F1. Allez les boys, la dame doit continuer à suivre le tempo.

Surtout que mon petit homme continue à suivre le sien. On ne chôme pas dans la chaumière. Au paradis, un être humain se développe de manière fulgurante. Il veut marcher de plus en plus. Alors nous l'exauçons en lui tendant nos doigts qu'il agrippe fermement pour se hisser de sur son popotin d'abord et pour maintenir son équilibre debout ensuite. Bientôt, je serai comme Ol. l'Ukrainienne qui a tournoyé recourbée avec Mx. son fils au bout du bras pendant des semaines dans les pièces de leur semi-détaché. Ce soir, lors d'une visite chez eux, nous avons appris que ton ami marche bel et bien tout seul depuis quatre jours, une semaine donc avant son premier anniversaire. Ol. est soulagée de ce nouveau bond d'autonomie. Moi, puisque je te vois déjà bouder notre aide pour avancer, je sens que tu ne t'éterniseras pas pendu à nous.

Dans quelques jours, papa savourera enfin ses vacances et ensemble, nous allons passer du temps chez ta grand-maman, la maman-de-ta-maman. Elle souhaite que tu commences à marcher chez elle, sous ses yeux. Tout ce que je sais de cette étape cruciale, c'est que ta marraine Am. qui t'a visité il y a une semaine et hier encore a été à même de constater ta progression. Selon elle, tu es beaucoup plus solide et confiant sur tes deux pieds. Garçon devient petit homme.