orphelins de l'Éden

8.08.2010

cendrillons

C'était hier matin. Nous avions décidé de nous rendre chez le géant Suédois Ikea pour y dénicher les quelques objets manquants pour la complétude de cette nouvelle pièce du paradis, une des deux fabriquées par les mains de M. Ce sera une bibliothèque jusqu'à ce que ça devienne une chambre d'enfant d'ici disons huit ans peut-être. L'important à retenir dans ce paragraphe: géant Suédois.

M. propose que nous installions garçon dans une de leur poussette-carrosse. Bo. jubile et son papa s'amuse à sillonner les allées pour lui tirer des éclats de rire. Nous montons d'abord à l'étage pour choisir une bibliothèque. Pour atteindre la section des étagères, nous suivons le chemin tracé. Autant dire que nous suivons le troupeau, et que nous n'écourtons pas notre visite par les raccourcis dissimulés entre les sections. Notre choix étant arrêté, nous redescendons au rez-de-chaussée, au royaume des objets de décoration de toutes sortes et de tous gabarits. À retenir: papa s'amuse à sillonner les allées.

Nous arrêtons dans la section des oreillers parce que je crois que nous serions tous plus confortables dans l'îlet si garçon avait son appui-tête moelleux bien à lui. Pendant que j'en choisis un mou et plat, comme les nôtres, papa continue à serpenter entre les bacs plein de marchandises. Nous passons ensuite à la section des tapis. Je crois que la bibliothèque serait plus chaleureuse avec quelque chose de molletonneux sous les plantes, surtout qu'elle est au sous-sol là où le parquet est en permanence frisquet. Nous faisons le tour complet de cette aire assez spacieuse où sont disposées sur des supports les carpettes de toutes tailles, pour finalement décider d'attendre un peu avant d'arrêter notre choix. Enfin, nous poursuivons notre route dans le ventre du géant, vers cette section où plusieurs astuces de rangement sont proposées, elle aussi très grande. Je suis en train d'hésiter entre des boîtes à magazine en paille ou en métal lorsque papa s'aperçoit que tu as perdu un chausson.

Tu as perdu un chausson quelque part dans le géant Suédois.

Nous aimons tes chaussons. Nous les avons choisis tout spécialement pour toi. C'est ta deuxième paire de souliers et ta seule qui te fait présentement. Ils sont cools avec leur petite wagonnette de surfer sur fond quadrillé. Alors naïvement, nous rebroussons chemin dans l'espoir de le retrouver.

En effet, il faut être un peu fou pour croire retrouver quelque chose d'aussi petit dans le géant Suédois. D'abord, les allées sont aussi nombreuses qu'il n'en faut pour permettre aux consommateurs d'avoir accès aux bacs, tout aussi nombreux eux que le nombre d'objets de décoration de toutes sortes et de toutes tailles proposés. Un petit chausson de rien du tout dans cette grande surface, c'est presque comme une aiguille dans une botte de foin, pire, dans une ferme pleine de bottes de foin. Surtout que les consommateurs sont nombreux eux aussi. Le nombre de pieds ayant pu frapper le chausson pour ainsi le projeter sous un des bacs s'élève à plusieurs centaines assurément. Et si par chance quelqu'un a trouvé le chausson et a décidé de le mettre sur une pile d'objets dans un bac pour nous aider à le repérer, encore faut-il que nos yeux décortiquent suffisamment les informations visuelles pour arriver à le distinguer parmi une foule de formes et de couleurs. Papa essaie de se rappeler tous les recoins qu'il a empruntés avec toi assis dans le chariot et moi, je prie pour que le chausson nous revienne. Enfin, découragés et bredouilles après avoir inspecté toutes les sections de l'étage du bas, nous concluons que peut-être quelqu'un rapportera-t-il le chausson au poste des objets perdus.

Justement, de retour à la section du rangement, j'interpelle une employée du géant et je lui demande où se trouve le dit comptoir d'objets perdus parce que nous avons égaré le chausson de garçon voyez-vous. Près des caisses à l'entrée. Merci beaucoup. Et puis, nous retournons à mon choix de boîtes à magazine - métal gris ou blanc cette fois - le coeur lourd. Papa dit que c'est comme ça qu'on apprend en tant que nouveaux parents.

Mon choix fait - métal blanc - assez rapidement, nous passons à la prochaine section, celles des luminaires. Pendant que je zieute les lampes de lecture sur pied, la blonde employée que nous avions approchée vient vers M. et lui tend - dans le mille - le chausson. Comme ça, tout bonnement, elle passait dans une allée et l'a repéré.

!!!

Quoi? La seule personne que nous avons approchée a trouvé le tout petit chausson de garçon, l'aiguille dans la ferme de bottes de foin? Quelle sont les probabilités d'une telle éventualité? Absolument nulles, à part si on est dans un conte de fées.