orphelins de l'Éden

8.21.2010

mémoires

Nous cherchons un prénom au cas où notre deuxième enfant serait un autre garçon, et non, je ne suis pas enceinte. Seulement, ça me démange déjà un peu. Je pense à une seconde grossesse et mon coeur se gonfle de bonheur. Un deuxième enfant, une nouvelle aventure, malgré cette évidence de vivre un don de soi total qui signifie de faire constamment passer les besoins de ma progéniture avant les miens. Pas toujours facile lorsque l'on a grandit avec ce leitmotiv moderne voulant que la femme soit l'égale de l'homme. Avec l'allaitement, maman devient le satellite de bébé, happée par la force gravitationnelle de son appétit de vie et d'amour. Toute moi comprend pourtant à quel point c'est aussi incarner le plus beau de tous les privilèges.

À chaque étape de l'existence, sa vitesse de croisière. Je lis le dernier billet de et avec tout son talent d'écrivain, je retrouve des échos de ma propre vie d'écorchée ayant réussi à s'extirper des abysses de son destin pour aboutir dans une niche douillette où les chardonnerets bruitent gentiment en jets sonores sous des nuages d'été qui s'effilochent lentement. Mais au contraire d'elle, je n'ai aucune difficulté à estimer ce cadre bucolique qui contient ma vie telle que je l'ai voulue, justement pour cela, parce qu'elle est ce vers quoi j'ai tendu.

Bien sûr, des rêves ont été brisés en cours de route, mais il me faut reconnaître que d'autres voies se sont présentées sur des plateaux d'argent. Certains chemins ont même été empruntés presque sur un coup de tête pour finalement révéler des fruits insoupçonnés. C'est le cas de ma rencontre avec M. par exemple. Qui aurait cru que d'une conversation d'ascenceur naîtrait un magnifique garçon sept ans plus tard? Pas moi, pas à ce moment précis presque anodin en tout cas, sûr et certain.

Ce que je trouve d'étrange aussi, c'est de continuer d'investir des lieux qui m'ont vue me métamorphoser au fil des ans. La maison de ma mère est de ceux-là. À bien y penser, cet endroit est celui que je fréquente depuis le plus longtemps sur une base régulière. Habituée de laisser une part de moi dans toutes les maisons et les logements que j'ai habités, cet oasis où ma maman a élu domicile un peu avant ma vingtaine garde les traces de mes fantômes du passé et lorsque j'y reviens, je me croise dans les pièces sans envier qui j'étais alors, cependant qu'avec tout le respect que je me dois, je me remercie d'avoir su suivre le phare de la paix.

On dit que la vie est longue et qu'elle passe vite tout à la fois. Je sens plutôt qu'elle est multiple, cyclique, qu'elle propulse, surtout lorsqu'elle donne l'impression de faire du surplace. À ce moment précis et anodin, il y a la vague de fond.

1 Comments:

At 10:52 a.m., Blogger  said...

Je me croise sans m'envier mais avec tout le respect que je me dois. J'aime.

 

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