orphelins de l'Éden

10.12.2009

le grand oeuvre

Les paupières encore boursouflées par les rêves, je débute à peine la semaine, ma dernière au onzième, par deux jours de congé collés, moi qui aie travaillé ce week-end pour la dernière fois pour tout un an. Le soleil éblouit le petit matin recouvert de gelée blanche, lui que l'on annonce présent pour toute la journée. Enfin, M. et moi pourrons prendre quelques minutes pour nous photographier ensemble, histoire d'enrichir ta boîte de souvenirs.

Je la voulais en métal pour qu'elle puisse passer l'épreuve du temps, mais elle est plutôt en carton rigide. J'ai écrit ton nom en lettres détachées sur une étiquette qui apparaît sur la face avant. À l'intérieur, il y a:

- Des images de trois de tes échographies;
- Le bâtonnet révélateur de ton arrivée dans ma matrice;
- Des bouts de décoration du souper de famille organisé début août dernier pour souligner ta proche venue dans nos bras;
- Quelques coupons de rendez-vous imprimés par la clinique où j'ai été suivie pendant la grossesse;
- Le calepin dans lequel j'ai noté ma température pour des mois afin de repérer mes ovulations;
- Le calendrier de chatons qui m'a été offert par mon amie-collègue Cht. lors de son retour de Chypre sur lequel j'ai inscrit à tous les vendredis à partir du 6 février, moment de ta conception, le nombre de semaines complétées pour tenir le compte exact;
- Et un bout du tracé qui a été fait de tes battements cardiaques lors de la tentative de version. Ton cardiogramme révèle que ta petite pompe fonctionnait ce jour-là à 135 bpm en moyenne. Bébé Bo., relax comme son papa.

D'ailleurs, tu continues à faire le Bouddha comme le dis ta marraine B., assis en position du lotus quand tu devrais plutôt faire le poirier. J'ai décidé de slacker la pédale sur nos conversations à propos de cette culbute qui ferait en sorte que nous puissions vivre un accouchement naturel. Je sens que tu n'as pas besoin de cette pression. Quelques personnes m'ont recommandé de suivre mon instinct à présent, chose que je fais naturellement depuis pas mal longtemps merci. Mon feeling me dit que tu es bien positionné comme ça, confortable, pas tête dure, juste contenté, satisfait. Mon feeling me dit que tu tiendras beaucoup de ton papa, de son côté félin qui se prélasse dans les rayons de soleil.

Pour la photo d'aujourd'hui, il nous faudra utiliser un trépied. J'avais bien demandé à un ami talentueux de nous croquer, mais il a eu un imprévu et avec sa petite famille, ses moments libres sont peu nombreux. Je vais donc tenter de tirer le meilleur de notre autonomie. L'important, c'est d'en capter une bonne, une seule qui soit digne de passer l'épreuve du temps et qui t'accompagnera pour des ans et des ans.

Quand tu la regarderas, j'espère que tu y retrouveras l'amour qui nous unit et le bonheur de te savoir sur le point de te révéler. Malgré ce que le futur nous réserve tous, j'espère que cet instant saisira tout le présent transcendant, celui qui plonge dans le ravissement et qui sublime en révélant l'essence, phare de vie.

1 Comments:

At 1:01 a.m., Anonymous ziwi said...

*Miaou* ! Rrrrrr... (ronronnement)

 

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