orphelins de l'Éden

10.09.2009

aide-mémoire

Dans un autobus bondé d'adolescents fringués dernier cri et munis de tous les gadgets électroniques de mise, j'essaie d'imaginer ce que je serai comme parent lorsque Bo. aura cet âge où le look est si important, où la marque devient le passeport pour accéder à l'ensemble. Il me faudra faire confiance à son jugement, retenir ma langue parfois, intervenir gentiment si je n'en peux plus.

À écouter les jeunes Marocaines qui ont jacassé sans répit pendant la bonne demi-heure où j'ai été confinée près d'elles, j'ai espéré que mon fils me parlera un peu plus qu'elles ne semblent le faire avec leurs propres parents. Une d'elles a un amoureux depuis trois ans et tout ça à l'insu de ses géniteurs. Une autre entretient depuis un mois une relation par Internet avec un jeune homme au Maroc qu'elle rencontrera en personne lors d'un proche séjour dans ce pays. Secret là encore. Ces jeunes filles étaient tout ce qu'il y a de plus émancipées. Jeans skinny, manteaux cintrés, sacs Puma, Ipod de l'heure, chevelure soyeuse, maquillage soigné, souci aigu de l'esthétique. Conversation à propos des tarifs des salons de bronzage, du port de broches, du blanchissage de dents. Superficielles à souhait. Superficielles et vulnérables. Fragiles devant la vie qui les attend au tournant. Quand elles se retrouveront nues devant les grands vents qui usent l'âme.

Évidemment, je ne les connais pas du tout ces jeunes nymphes. J'imagine à partir du matériau qu'elles m'ont fourni. Je spécule sur leur essence spirituelle, moi qui tente d'éviter de jouer à ce mauvais jeu.

D'ailleurs, ce dédain qui m'est propre de ne pas vouloir encapsuler le potentiel humain dans une image déformée par ma propre petitesse, il est responsable de mon insatisfaction profonde face à chaque personnage que j'ai tenté de créer au fil de mes ans à écrire. Je suis nulle pour composer des individualités crédibles qui deviendraient plus vrais que nature.

À propos de mon écriture, vous vous souvenez de ce projet d'écriture dont je vous ai parlé il y a presque un an. Eh ben, moi non plus. Mon élan n'aura été qu'un feu de paille. J'ai une vingtaine de pages en suspens et j'ignore si je reprendrai le fil éventuellement.

Wow, bien tristounet mon mood aujourd'hui. Pourtant, une bonne soupe mijote sur le four et je suis zen. Peut-être suis-je pluvieuse comme le jour qui décline. Mon humeur pareille à la bruine qui ne mouille pas tout à fait. Ma voix qui se fait grisaille se taira dans l'encre de la nuit pour mieux s'éveiller et se remémorer que rien ne sert d'utiliser le négatif pour carburer.