la bosse du travail
Plus que trois semaines à aller avant de quitter le onzième pour une année. Ma dernière pause du marché du travail remonte à 2003, lorsqu'après ma seule année à avoir enseigner, j'avais touché de l'assurance chômage tout l'été et une bonne partie de l'automne, jusqu'à ce que je commence à faire de la suppléance, supplice qui avait duré trois semaines, le temps que je m'effondre en pleurant devant un groupe de secondaire IV qui avait décidé de me briser. Cet état d'anéantissement honteux m'avait mené à attendre un contrat d'enseignement, en d'autres mots, quelque chose de plus stable. La vie a fait que ce soit alors la porte du onzième qui se soit rouverte, là où j'avais postulé pendant mes études universitaires au cas où ma carrière en enseignement moral et religieux ne décollerait pas comme espéré.
C'est à l'âge de douze ans que j'ai commencé à travailler. À ce moment-là, je gardais deux enfants, un garçon de cinq ans environ et une fillette de huit, le samedi et dimanche, de 8 à 17 h. Je m'occupais d'eux, je faisais le ménage du modeste logement au grand complet, les repas, tout ça pour 50 $ empochés. La mère qui les élevait seule souffrait d'un mal de dos chronique qui la clouait au lit. Puisque nous étions alors cinq enfants à la maison - mes deux soeurs, moi et mes deux demi-frères - que le seul salaire de ma mère nourrissait ou à peu près, nous devions trouver des moyens pour avoir de l'argent de poche et payer notre passe de métro.
Bien sûr, je maudissais ma situation alors. En me rendant à l'immeuble où je devais aller frotter les planchers, faire cuire les hot-dogs et donner les bains, je me percevais comme une victime. La vie était injuste. Pourquoi étais-je la seule parmi mon cercle d'amis qui devaient travailler? Parfois, je m'en prenais plus spécifiquement à ma mère. Je lui en voulais sans comprendre qu'elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour nous tirer de la précarité, elle qui était alors mariée à un homme qui ne levait pas le petit doigt pour apporter de l'eau au moulin financier du foyer.
Depuis, j'ai compris que toutes ces années à avoir été obligé à me rendre dans un lieu pour faire mon quart de travail m'ont fourni les expériences qui me rendent aujourd'hui si reconnaissante de tout ce que j'ai et si volontaire à faire l'effort de maintenir une bonne discipline de vie.
Cette année qui vient, ce ne sera pas un congé. Ce sera un nouveau travail. Quelque chose qui ne ressemble à rien de tout ce que j'ai eu à comprendre comme tâche à accomplir au cours de toutes mes années à gagner ma croûte. De m'occuper de bébé Bo. depuis ses premiers instants, constamment, day in, day out, ce sera le travail qui me donnera la plus belle rémunération de toutes. Celle de joies qui gonflent le coeur pour de bon.
1 Comments:
Chère bloggueuse,
Autant je suis heureuse pour vous, autant tu vas nous manquer au 11e.
Le temps file trop vite parfois.
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