orphelins de l'Éden

8.18.2009

impulsion spirituelle

Après le petit-déjeuner, M. et moi grimpons dans Jasmine la Fit pour nous rendre chez maman, là où ma soeur B. et ses enfants sont encore jusqu'à l'heure du souper. Demain matin très tôt, ils reprennent la direction de l'ouest pour retourner à Hong Kong une dernière année. Quand ils reviendront, bébé Bo. aura déjà plusieurs mois et nous aussi nous formerons alors une petite famille.

Il aura fallu trente-deux ans avant que je ne nous vois toutes les trois, les trois soeurs, devenir mères. Maman doit trouver cette étape de sa propre maternité tout à fait fascinante. Témoigner de la multiplication de sa propre chair dans un premier temps, témoigner de la multiplication de ses enseignements ensuite.

La temporalité de tous ces enfantements projette notre noyau vers un futur qui sera rempli de mille et une émotions, nul doute. Notre noyau, celui que maman, mes deux soeurs et moi formons, il est soudé par notre passé, mais ce futur que dessine déjà nos relations amoureuses et auquel nos progénitures se joignent, il créera de nouveaux tracés pour nos histoires personnelles. Nous sommes plongées dans une saga, nous qui sommes toutes ferventes de ces épopées fictives couchées sur papier.

D'ailleurs, c'est comme ça pour chaque personne que je croise. En frôlant l'univers de quelqu'un d'autre quand je marche par exemple, je m'imagine parfois un brin de ce qui constitue cet individu qui échange un regard. Il y a plusieurs années, Oprah Winfrey trippait sur un homme qui lançait un dard sur un tableau représentant les sièges occupés par l'assistance. Là où la fléchette se plantait, à la place où le lucky winner était assis, l'homme enthousiaste déterrait l'histoire personnelle qui se cachait sous la coquille fringuée. L'homme avait trouvé un moyen pour prouver qu'il y a de l'extraordinaire dans n'importe quelle existence humaine. Un collectionneur de pièces de monnaie anciennes capable de reconnaître n'importe quel écu par la seule frappe du métal, une bénévole auprès des personnes âgées, un adolescent fasciné par les fluctuations de la bourse.

Pour ma part, ce joyau que chacun porte, j'avoue que je l'explorais davantage lorsque j'habitais en ville où ça fourmille de vies à découvrir. J'aimais suivre mon instinct pour aborder les gens assis sur des bancs de parc par exemple en prenant place près d'eux afin d'entamer une conversation. Maintenant, je rencontre dans l'autobus surtout, et encore, puisque ce sont des utilisateurs réguliers, mes pulsions de découverte sont plutôt en dormance. Il faut croire que cette étape de ma vie est pour l'instant chose du passé, mais cette conviction que je peux toujours aller vers l'autre aisément ne me quittera jamais.

Quand l'humain est approché avec respect et ouverture, il y a terreau à échange fructueux. Ces moments, ils sont des clefs qui déverrouillent des canaux de communication à notre insu puisque nous ne sommes qu'encore une immense communauté et que lorsque deux étrangers forment un influx dans le réseau, c'est l'ensemble qui se modifie en conséquence. Si chacune de nos pensées imprègnent notre psyché, il en va de même pour chaque mot qui guide l'énergie. L'énergie individuelle, relationnelle, familiale, collective. Si j'ai encore foi en l'espèce, c'est que je sais que chacun porte cette parcelle de conscience universelle. Reste plus qu'à espérer que chacun devienne l'humble héros qu'il est.

1 Comments:

At 3:59 p.m., Blogger Joanna said...

eh oui, je me suis toujours demandée pourquoi en voyage on est plus ouvert aux autres et que du coup on entre en conversation tellement facilement alors que souvent chez nous on rest bloqué dans notre quotidien. comme si on créait notre propre cage, nos propres limites et frontières!
tu as raison de croire que chaque parcelle influe sur le tout, c'est notre seul espoir pr le futur... qu'un nombre suffisant de gens changent pr que le tout subisse un changement d'état, comme de l'eau à la vapeur après un certain seuil... sinon byebye l'humanité!
bisous
Jo

 

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