orphelins de l'Éden

4.15.2009

inspirer, expirer

Comme on oublie vite. J'oublie l'état de calme qui m'a enveloppé lorsque j'ai su que petit être était enfin atterri dans moi. Les heures s'accumulent et mon pouls s'élève à force de suivre la cadence intense des jours chargés d'obligations. Boulot, métro, dodo. Et téléphones à la famille, aux amis. Et petites courses à droite, à gauche pour combler le repas du soir. Et le repas du soir à préparer justement. Blogue à rédiger, lavage à faire, lave-vaisselle à vider. Et tout ça, ce rythme constant, avant même d'avoir notre enfant.

Parfois, j'ai peur de son arrivée. Je me dis que déjà, j'en fais beaucoup, day in day out. Couvrir tous les angles le plus possible demande une grande attention de l'esprit et maintenir ce niveau d'attention, c'est battre la mesure, sans répit. J'aimerais dire: "Souffle." D'ailleurs, quelques-uns de mes collègues le font pour moi, à la blague. Ils sentent bien que je me lance partout un peu comme un missile nerveux, les nerfs en boule, la tension dans le plafond. J'ai peur de ce que ça sera quand bébé naîtra et que j'aurai toute une nouvelle panoplie d'angles à couvrir. Qu'adviendra-t-il de ma santé mentale? Serai-je capable de jongler avec ce mélange de nouveaux et routiniers éléments? Aurai-je l'énergie de tenir bon pour maintenir le cap, de poursuivre avec cette discipline morale qui me pousse à faire de mon mieux, constamment?

J'ai peur de péter au frette. Le burn-out est le nouveau mal de notre époque. L'humain sur-productif craque parce qu'il n'en peut plus. Serai-je de ceux-là qui n'arrivent pas à déceler les symptômes à temps? Superman, superwoman. Il y en a de ces héros du quotidien qui s'échinent à combler tous les manques à gagner pour eux et les leurs, à s'occuper de leurs besoins avec une prévoyance engageante, presque clairvoyante. Appréhender les détails qui assureront le confort émotionnel et matériel de ceux qu'ils aiment. Il y en a des gens comme ça qui ont le coeur sur la main. Ceux-là, ils s'effacent dans les coulisses pour orchestrer des jours heureux à leurs amours, rendant le tout de manière si subtile que l'effort nécessaire à l'obtention de cette vitesse de croisière est occulté. Seulement, quand ces gens craquent, les autres, ceux qui bénéficiaient de cette constance bienveillante, réalisent peut-être l'ampleur des jours planifiés, tous ces mini-événements, ces mini-engagements. Une derrière l'autre, toutes ces marques d'attention prodiguées par les superman et les superwoman de ce monde, elles forment le tissu d'un bonheur solide. Chérissons ces gens qui nous entourent et qui pensent à nous et si nous sommes cette personne qui prévoit pour le nid, prenons un moment pour nous remercier. Tiens, pourquoi ne pas aller vous faire masser comme le fait ma soeur B. En chemin pour ce moment de détente, bécoter le dos de votre main en disant: "De moi à moi", comme le fait ma mère, et sachez que votre amour, il n'est pas en vain.

3 Comments:

At 9:06 p.m., Anonymous ziwi said...

Vive le congé de maternité qui donne le temps de savourer la parenté et aussi, le temps à l'adaptation. L'arrivée d'un tout petit fait changer les priorités, de façon quasi-instantannée et bien naturelle... donc sachez, chère bloggueuse, que je ne suis guère inquiète pour vous! :) Mais alors là, pas du tout, surtout avec votre entourage expérimenté ;)

 
At 2:52 p.m., Anonymous Anonyme said...

Si tu savais, comme nous le savons tous, à quel point ce petit être a choisi son royaume... Tu sauras, et tu trouveras car tu n'es pas une superwoman, tu es une reine, un joyau parmi les humains.

Tu sais aimer mieux que quiconque, tu sais m'écouter et me comprendre comme peu le savent, c'est avec ta générosité et ta tendresse habituelles que tu recevras cet enfant et saches, précieuse amie, que c'est déjà beaucoup.

Amitiés, J.

 
At 8:21 p.m., Anonymous Anonyme said...

Tes craintes sont toutes à faite normales. Par contre, ne t'en fait pas. La nature est bien faite. Tu le verras toi-même. C'est dont vrai que les priorités changent à l'arrivé de nos petits et aussi, curieusement, si tu ne le fais pas de ton propre chef, le petit se chargera de te ralentir au point de pouvoir respirer comme tu ne l'auras sûrement jamais fait auparavant. Vive le congé de maternité pour apprivoiser ce nouveau mode de vie...

Ta soeur G

 

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