orphelins de l'Éden

3.21.2009

boucle

Il y avait des jours et des jours que la gelée n'avait recouvert le sol au petit matin. À mon lever il y a quelques minutes dans le paradis, il faisait frisquet, surtout que nous avons coupé le chauffage depuis que la température oscille autour du zéro degré. Je crois bien qu'il faudra rallumer les calorifères, histoire de briser cet air froid qui court dans toutes les pièces. M. me dira que le soleil chauffe la maison, ce qui n'est pas faux, mais je lui répondrai qu'aujourd'hui, le soleil est d'hiver plus que de printemps, malgré que cette saison du dégel nous soit arrivée hier.

Alors aujourd'hui, nous sommes le 21. Amusante coïncidence, il y a un an jour pour jour, ma soeur G. et son amoureux Rb. nous annonçaient à M. et moi leur grossesse. Parce que ça tournait autour de la Pâques l'an dernier, j'étais allée chercher des cocos de chocolat artisanaux pour leur visite. Je me disais qu'elle était soit enceinte ou soit qu'ils venaient pour nous offrir les bons voeux de la Pâques. Bien sûr, bien que nous soyons respectueux de cette tradition familiale de nous réunir pour la fête de la résurrection autour d'un bon repas, mon petit doigt me disait plus que c'était l'option A qui s'avérerait la bonne. G. et Rb. étaient resplendissants de bonheur lorsqu'ils nous ont livrés leur beau message de nouveaux parents. J'ai tenu pendant un gros quinze minutes avant d'éclater en sanglots au moment où, lorsque nous étions attablés, G. disait à quel point elle avait voulu venir nous l'annoncer en premier puisque nous essayions depuis plus longtemps qu'eux, sans succès alors. J'ai pleuré et je me suis sentie moche, tellement moche. Comme pour me faire apprendre la leçon du bonheur pour autrui sur ma tristesse individuelle, le bon Dieu m'a alors imposé une foule d'autres situations similaires, où j'ai appris de nouvelles grossesses dans des circonstances de mauvais timing, très souvent le jour même de mon premier jour de menstruation, ou parfois deux nouvelles de passage de la cigogne dans un même jour.

Mais je m'égare et je me répète comme un vieux disque qui saute. L'amusante coïncidence mentionnée ci-haut, c'est qu'aujourd'hui 21 mars, M. et moi allons garder monsieur Lc., un an jour pour jour après avoir su qu'il s'en venait parmi nous. Ma soeur G. a organisé un souper de fête d'amis pour son amoureux dans un restaurant et nous avons accepté de prendre soin de leur bébé pendant cette soirée. Nous lui donnerons son bain et la bouteille pleine de lait que sa maman a tiré avant son dodo. Je l'emmailloterai comme G. me l'a montré quand je suis allée voir la routine jeudi soir dernier. Un peu de pratique comme dirait ma soeur B.

Oui, un peu de pratique. Dans un an, nous serons ceux qui devront vivre tous les ajustements à faire qui viendront avec la venue de petit être. Ajustement de notre perception individualiste de notre existence, ajustement dans notre conception de la vie de couple jusqu'à maintenant, ajustement de notre sommeil, de notre quotidien, heure par heure, ajustement de notre sens profond de la valeur de la vie, ajustement de nos connaissances. Évidemment, que la fatigue accompagne cette concentration élevée de tune-up pareil à ces moments où nous devons apprendre l'ABC d'un nouveau milieu de travail ou de nouvelles notions à l'école. La tête comme un melon d'eau. À la différence qu'avoir un enfant, c'est le beau important et le plus beau métier du monde. À partir de là, l'engagement est total et les fruits mûriront littéralement sous nos yeux avant de choir au pied de l'arbre des années et des années plus tard afin de redonner à la Terre leur propre semence. D'ici là, nous veillerons du mieux que nous le pourrons.