orphelins de l'Éden

3.11.2009

visiteur

Une pareille coïncidence ne s'invente pas.

Hier, sur mon heure de dîner, je décide d'opter pour mon itinéraire qui me fait grimper dans les rues déroulant leur asphalte à flanc du Mont-Royal. Ainsi, je déambule à bon rythme sur les trottoirs posés au pied des demeures cossues de Westmount et à un moment, j'entends le fameux cri d'un cardinal, une mélodie saccadée que M. m'a appris à reconnaître parmi tous les autres chants pour identifier notre oiseau mythique par oreille d'abord, ce qui nous permet ensuite de le chercher des yeux en suivant l'intensité sonore de son appel pour fouiller du regard les ramages des arbres pointant vers les cieux. Alors je fige et je cherche, mais j'entends que l'oiseau est plus haut, beaucoup plus haut que là où je me trouve. J'en déduis qu'il est sans doute perché dans un de ces arbres tout au sommet de cette pente abrupte sur laquelle une école privée a été édifiée. La cour de celle-ci est entourée de végétaux impressionnants de taille gigantesque et pour les atteindre, je devrais escalader une paroi glissante, lavée par le ruissellement du printemps. Aussi, la mélodie saccadée s'éloigne, se déplace loin de mon regard, qui ne cesse de scruter les airs, à l'affût d'un jet rouge qui fendrait le vent. Mon excitation d'apercevoir mon premier complice totémique de l'année 2009 se dissout avec déception et je poursuis mon petit bonhomme de chemin avec petit être dans la bedaine, à qui je promets une prochaine rencontre avec l'esprit du cardinal, notre protecteur depuis notre arrivée au paradis.

Un bond de quelques heures plus tard.

M. et moi sommes debout à l'îlot, affairés à préparer le maffé du souper. À un moment, M. me dit de regarder combien la couleur de l'oiseau est vive et là, j'aperçois un cardinal mâle perché sur la clôture, dans le coin de notre cour. Juste au dessus de lui, dans l'arbre qui pousse derrière le cabanon de notre voisin en diagonale, une femelle au plumage couleur sable l'accompagne. Un couple est là, par un 10 mars, bizarrement date d'anniversaire du mariage de mes parents remontant à il y a 36 ans. Nos premiers cardinaux de l'année viennent nous visiter à deux pour en plus rester là pendant une bonne vingtaine de minutes. Je les observe tiquer nerveusement leurs crêtes à chaque bruit étranger, leurs becs d'un orange vif dans la grisaille du jour déclinant traçant une trajectoire rappelant celle des lucioles la nuit tombée.

L'esprit de l'oiseau mythique est venu te saluer petit être. Lui qui veille sur le paradis avait entendu entre les branches que tu t'étais enfin manifesté. Maintenant, qu'il a constaté le bonheur de notre foyer, il reviendra s'assurer de ton évolution, j'en suis persuadée. Déjà, je suis honorée par ce coucou hâtif et je lui rends grâce. Sa mystérieuse protection opère. Et peut-être que l'esprit de l'oiseau était accompagné de celui de mon père. Parce que je sais que tu as quelque chose à voir avec cette grossesse papa. Je le sais parce que tes trois filles sont toutes tombées enceinte de leur premier enfant autour de la date d'anniversaire de ton décès, à cinq ans d'intervale, du quinzième anniversaire de ta mort au vingtième. Bien sûr, cette date filrte avec la St-Valentin, mais j'ai compris que c'était plutôt toi qui voulait nous livrer le plus beau cadeau de nos vies. Est-ce que l'esprit du cardinal c'est toi depuis le début?