orphelins de l'Éden

12.20.2008

so-so-so-solidarité

Dans le froid du jour, nous nous sommes promenés à bord de Jasmine la Fit d'un bout à l'autre de St-Hubert-on-the-beach pour faire une partie de nos achats de Noël. L'échange de cadeaux qui aura lieu le 25 dans ma famille est chose réglée. M. et moi avons chacun réussi à mettre la main sur quelque chose de pratique oscillant entre 20 et 30 dollars qui peut convenir autant à ma grand-maman qu'à mon beau-frère. Pas évident. Vraiment pas. Mais enfin, nous avons arrêté nos choix et demain, je mettrai le tout sous emballage.

Du côté du noyau maternel de la famille de M. nous avons aussi opté pour un échange. Cet après-midi même, nous avons pigé le nom de la personne à qui nous devons trouvé le quelque chose souhaité en respectant les suggestions faites par chacun. Du côté du noyau paternel de la famille de M., nous avons convenu de la date de rencontre pour célébrer à l'heure du souper aujourd'hui, mais pour les cadeaux, aucune décision de groupe n'a été prise. M. a dit à son père que pour lui et moi, rien n'est nécessaire et en retour, nous leur avons demandé à lui et sa conjointe ce qu'ils désireraient recevoir. Son père a répondu qu'ils y penseraient.

Noël ne devrait pas être ce temps de l'année où nous partons en direction des magasins en pestant. Vendredi dernier, à la fin de notre quart de travail, Al., mon collègue, s'est vêtu en marmonnant de faibles jurons, évidemment contrarié, parce qu'il devait affronter les foules du Carrefour Laval à la recherche des cadeaux qu'il compte donner au moment des célébrations. En blague à demi fondée sur une vérité, je lui ai dit que ses étrennes seraient contaminées par son déplaisir. Triste, surtout lorsque l'on sait qu'au fond, offrir est censé être un plaisir.

Mais Al. n'est pas différent de la plupart d'entre nous. Noël est associé à cette obligation sociale qui dit qu'il faut des cadeaux. Heureusement, cette fête est célébrée en famille et chaque cellule peut choisir de faire les choses à sa façon. Dans ma famille par exemple, nous faisons des échanges à des montants raisonnables depuis quelques années déjà et nous ne souffrons aucunement de n'ouvrir qu'un seul petit quelque chose. Dans d'autres familles, chaque membre choisi de verser une somme qu'il aurait consacré à l'achat de cadeaux à un organisme de charité. Les cadeaux ne sont pas une mauvaise idée en soi. Cependant, ils ne doivent pas angoisser les individus ou pourrir l'esprit des fêtes. Parce que cet esprit des fêtes doit justement réunir les gens, les rapprocher, les détendre pour les mener aux rires, aux réjouissances, au tissage de bons moments qui se transformeront en bons souvenirs. Le cadeau ultime du temps des fêtes, c'est ce merveilleux prétexte de nous voir, de partager une boustifaille élaborée en commun, de regarder les flocons tomber en ressassant nos histoires de famille. À notre époque de poules à la tête coupée où le temps de qualité est une denrée rare, pourquoi ne pas réaliser que l'existence de ce moment d'arrêt forcé est une bénédiction en soi?