orphelins de l'Éden

12.10.2008

le plus beau cadeau de Noël

Ça y est, nous le savons pour sûr maintenant, nous sommes fertiles, capable, en tant que couple, d'enfanter. La confirmation nous a été donnée après que j'aie éclaté en sanglots, étendue sur la table, les pieds dans les étriers, les jambes écartées, un tube se rendant jusqu'à mon utérus. Le médecin a pressé quatre fois sur le piston de la seringue pleine du liquide bleu qui lui permettrait, par échographie, de constater si mes trompes étaient débloquées. La sensation du flot remontant le courant était insoutenable. Quatre fois. Le médecin a été surpris de ma réaction. Mal à l'aise, il a tenté comme il a pu de me calmer, mais c'est la main de M. sur mon front qui a tiré le mal. Puis, il a dit: "Tout est beau" et la pression pas possible dans mon bas ventre a cessé. Quelques minutes plus tard, l'infirmière a pénétré le bureau avec une copie des résultats du spermogramme que M. avait passé et qui semble-t-il avait été égaré. Comme je l'avais pressenti, une erreur s'était glissée dans l'épellation de son nom de famille et les secrétaires de la clinique qui communiquaient avec les préposées de l'hôpital n'avaient pas pensé chercher le dossier avec le numéro d'assurance maladie. Quoi qu'il en soit, l'infirmière plus perspicace a remis le document au médecin qui a son tour nous a rendu le "tout est beau" là aussi. Une fois ces réponses obtenues, le médecin a commencé à nous expliquer qu'à ce stade, nous pourrions commencer le traitement hormonal qui ferait que je multi-ovulerais pendant quelques mois. Je l'ai interrompu gentiment pour lui dire que non merci, pas pour l'instant docteur, nous savons que nous pouvons enfanter naturellement, reste plus qu'à être patients. Un peu surpris, il a respecté notre décision et nous avons quitté la clinique dans la tempête.

Puisque je travaille de soir cette semaine, nous avons dîné et je suis allée au boulot après notre rendez-vous. La douleur dans le bas ventre s'étant résorbée, je croyais que ça irait. Mais voilà qu'à 17 h 30, mon plexus est secoué de frissons qui ne veulent pas se calmer malgré la deuxième veste que j'enfile et le foulard autour de mon cou. Je crois que les symptômes de grippe apparus la veille viennent de ressurgir malgré ma cure à l'echinacea. Je quitte donc le onzième à 18 h et je me lance dans la gueule du loup.

Gueule du loup parce que la tempête de cet après-midi se poursuit et que la ville est complètement paralysée. Les automobilistes forment des files qui n'en finissent plus et avancent au millimètre à l'heure. Je réalise à quel point c'est vrai lorsque, assise sur un banc dans un autobus, nous prenons une heure pour nous rendre là où habituellement il nous en prend un gros cinq minutes. Malgré la chaleur dans l'engin, je porte ma tuque, encore fiévreuse. Je sens mes cernes se creuser à chaque minute qui passe. Je n'arrive pas à me concentrer sur ma lecture et je ne suis pas assez confortablement installée pour me laisser aller au sommeil.

Mon regard flotte sur les passagers autour de moi. Les appareils électroniques apparaissent et disparaissent des mains. Les cellulaires sonnent, les IPods s'allument, les IPhones se manipulent, les consoles de jeu portatives dépannent. L'ère technologique à son meilleur. Mais une jeune femme lit un livre à l'arrière de l'autobus. Son titre et la couverture bleu royal accroche mon oeil. Le visage angélique de la jeune femme aussi. Parmi tous les voyageurs aux traits tirés, son teint de pêche surprend.

Après plus d'une heure dans l'autobus avançant à pas de tortue, la femme en diagonale de moi nous annonce qu'elle ne se sent pas bien du tout. Sa voisine lui tend un sac de plastique et je fais ouvrir la fenêtre par ma voisine. La jeune femme en face de moi, la voisine de la femme nauséeuse, cherche des Gravol dans son sac qui n'en contient plus apparemment. La femme vomit un peu. Je lui tend un mouchoir après demandé à l'ensemble des passagers près de nous si quelqu'un aurait un peu d'eau s'il vous plaît. Personne n'en a. Dommage, ça lui aurait fait du bien de pouvoir s'éponger le front. Mais l'air froid la calme et elle s'écrase contre la vitre pour somnoler. À un moment, elle ressurgit et nous annonce qu'elle va mieux, s'est passé. Ma voisine tente de refermer la vitre qui ne veut plus glisser jusqu'au bout. De toute manière, l'air frais éveille les esprits confinés à cet espace contraignant.

Quand j'ai demandé pour de l'eau, j'ai remarqué qu'une femme à la chevelure blanche se tenait debout dans l'allée depuis plus d'une heure, alors, je lui cède mon siège. Je me tiens debout pour la traversée du pont Champlain qui prend presque une demi-heure. De mon côté, la fièvre semble être tombée. Enfin, nous émergeons sur la rive-sud et les passagers commencent à vider l'appareil, arrêt après arrêt. Un arrêt avant le mien, la vieille dame à qui j'avais cédé mon siège passe près de moi pour descendre, mais s'arrête pour me remercier. C'est bien peu. Et puis, mon tour vient, mais avant je demande à la femme nauséeuse si ça ira. Oui qu'elle me répond du bout des lèvres.

J'arrive au paradis à 20 h 30, deux heures après avoir embarqué dans l'autobus. M. est installé sur le divan avec Nougat roulée en boule sur lui. Il vient de pelleter l'entrée. À présent, il pleut à l'extérieur et ce matin, nous nous sommes réveillés dans l'univers d'un palais de glace où Jasmine la Fit était un beau carrosse figé. L'hiver pour de vrai cette fois et je sens qu'un enfant s'installera dans moi au printemps.

6 Comments:

At 11:00 a.m., Anonymous Anonyme said...

Je comprends ta décision de ne pas vouloir de médication et de laisser la nature faire son travail pour avoir un enfant mais je t'annonce que An. et moi avons passé par le même chemin que toi et M. pour avoir C-A, notre premier garçon.(spermogramme, tests après tests etc.) Après avoir découvert que mes cycles étaient irréguliers et que je ne saurais jamais quand c'était le temps de... nous avons finalement opté pour le Sérophen, un médicament qui fixe l'ovulation. La femme doit le prendre à des journées précises et ça donne une chance à la nature si on veut. Il n'a suffi que d'une seule dose pour finalement tomber enceinte.
Je sais que ça peut paraître "forcer la chose" mais des fois ça enlève une pression pour l'enfantement.
Voilà ma chère. Je pense à vous !

Caro de la r-nord :-)

 
At 1:22 p.m., Blogger Ludivine said...

Merci Caro de la r-nord, merci de penser à nous. Merci aussi de cette confiance nécessaire à livrer une telle confidence. Dans mon cas, mes cycles sont réguliers, 28 à 30 jours, donc la médication viendrait pour multiplier les ovules. Comme je l'ai dit, nous nous laissons encore quelques mois, surtout que maintenant, nous détenons de gros morceaux à notre puzzle. Merci encore.

 
At 8:49 p.m., Blogger Isabelle said...

Cool! Plein de bonnes nouvelles en même temps. Ce sera une grosse année encore une fois. Take care. D.

 
At 10:24 a.m., Anonymous Anonyme said...

Comme je suis heureuse et confiante pour vous! Chère Ludivine, n'oublie pas que ton prénom est une partie de ton destin ; il contient une bombe de lumière, le fameux "lumen" de la persévérance du coeur et de toute la reconnaissance qui bientôt va irradier ton être lorsque cette lumière s'installera au creux de ton ventre.
Le jour viendra chère amie, je n'en doute pas...
Je t'aime, J.

 
At 9:41 p.m., Anonymous Anonyme said...

Ziwi se joint à ceux qui t'aiment et te dit qu'elle aussi est très heureuse de cette nouvelle =)
Je n'ai aucune ombre de doute en ce qui concerne votre bonheur prochain, et entre temps, la détente et l'appréciation de la vie que vous pouvez savourer. Tout simplement.

 
At 3:42 p.m., Anonymous Anonyme said...

Hey j'arrive en ville ma belle !
J'ai pas tout lu mais j'ai lu l'essentiel c'est vraiment une bonne nouvelle !!!!!!

Bon allez maintenant, relaxe vous pouvez le faire, reste à la nature de décider quand et comment !!

Gros becs on se reparle + cette semaine

 

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