orphelins de l'Éden

11.11.2008

volontarisme

Ce matin, en écoutant la radio parlée, j'ai entendu un documentariste qui, ayant travaillé sur le sujet de la Première Guerre Mondiale, aussi connue sous le nom de la Guerre des Guerres, disait ne pas arriver à imaginer ce que ce fut d'être dans les tranchées alors, maintenant, jamais. Jour de l'Armistice. Il y a quatre-vingt-dix ans le clairon sonnait la fin de quatre années de bouleversement planétaire. Le monde venait de conclure un acte collectif qui avait uni et déchiré tout à la fois des nations. Pour la première fois, les ravages des armées avaient affectés de nombreux joueurs, simultanément. Peut-être un premier soubresaut de mondialisation.

Deux décennies plus tard, le bal des horreurs repris de plus belle, pour plus longtemps cette fois-là, avec des camps de concentration et une Allemagne menée par une ambition diabolique. Hier, jour précédent celui de l'Armistice donc, c'était celui de la commémoration de la Krystallnatch. Un bien triste 70e anniversaire. Je l'ai su parce que Cht., mon amie-collègue, se rendait à une conférence portant sur ce sujet en soirée où une amie de sa mère, une survivante de l'Holocauste, allait faire un témoignage. En faisant des recherches, je suis surprise d'apprendre que cette nuit fatidique, qui a officiellement estampillé le peuple juif d'une étoile de David indélébile pendant les sept années qui l'ont suivie, a eu lieu en 1938, avant le début de la Deuxième Guerre Mondiale. Les Juifs avaient commencé à sentir l'oppression à partir de 1933, année de l'arrivée des nazis au pouvoir, avec le sinistre Hitler pour chef.

Histoire quand tu nous tiens et que tu nous rappelles la noirceur qui peut parfois s'emparer de la nature humaine, à nous d'écouter pour que jamais ne se répète ces violences devenues réalité, elles que l'on croirait pourtant inimaginables.

Dans mon salon ce matin, après l'extrait de radio rapporté ci-haut, je me suis installée devant mon petit écran pour compléter le visionnement d'un film qui n'est pas passé par les salles de cinéma de la région tant il n'a pas fait de bruit ici. Intitulé An american crime, je l'avais loué parce que les deux protagonistes principales sont des actrices de bon calibre et que je croyais que M. aurait de la facilité à suivre le fil en version originale. Parce que monsieur parfait son anglais grâce à des sessions ciné, avec sous-titres. Quoi qu'il en soit, il n'a pas du tout embarqué dans l'histoire pourtant basée sur un fait réel survenu à Indianapolis en 1965. Alors ce matin, j'ai repris à partir de là où nous nous étions rendus et malgré une réalisation de teneur télévisuelle plutôt que cinématographique, les images atroces m'ont suivie une bonne partie de la matinée ensuite. L'actrice personnifiant la jeune adolescente qui a été torturée à mort par une femme et ses enfants est la narratrice de la trame du film et à la toute fin, elle dit quelque chose à propos du fait qu'il paraît que Dieu a toujours un plan. Cette jeune martyr conclut en demandant, dans ce cas, le sien, celui d'un meurtre lent et abominable, quel était-il?

Dans le cas des guerres, dans le cas des génocides, dans le cas des famines, dans le cas des politicailleries qui sacrifient des peuples entiers, dans le cas de viols, dans le cas de mensonges, dans les cas de jalousies, es-tu là Dieu? J'ai pour mon dire que dieu est un mot que nous utilisons pour désigner le Tout. Dieu est aussi cette synergie qui coule entre toutes choses pour les unir. Dieu nous laisse vivre librement, chaque spécimen de chaque espèce. Dieu nous donne cela en même temps qu'il nous emprisonne par la génétique et l'environnement. Pire, Dieu nous remet une volonté. Il nous remet les clefs de nos choix. Oui ou non. Dans le film, il y a une scène troublante où le jeune garçon de la maisonnée ramène d'autres adolescents pour leur montrer la jeune prisonnière prostrée dans son sous-sol. Le jeune garçon qui devait avoir autour de sept ans tout au plus brûle la jeune adolescente avec une cigarette et offre à une jeune fille présente de faire de même. La jeune fille se soumet à la pression du groupe et perpétue elle aussi un acte condamnable. Lorsque certains jeunes ayant pris part aux nombreuses sessions de torture de la martyr ont été par la suite interrogés par le procureur avec la simple question: "Why did you do it?", ils ont tous répondu: "I don't know."

Chacun est responsable dans son rapport à Dieu.