orphelins de l'Éden

11.08.2008

explorations aléatoires

Mercredi dernier, en marchant dans les rues cossues avec Cht., mon amie-collègue, elle m'a raconté un de ses rêves qui s'est avéré étrangement branché sur notre réalité. De cette confidence, que nous avons un peu cherché à démêler, je lui ai dit que les miens, bien qu'ils soient de visiteurs réguliers, ne passent pratiquement jamais dans le moulinet de cet exercice d'interprétation.

Je me souviens qu'à quelques reprises pendant ma formation universitaire, je me suis amusée à isoler certains composants de mes songes et d'aller lire la rubrique s'y rattachant dans un dictionnaire des symboles, juste pour voir ce que la psyché collective de notre espèce avait accumulé comme informations par rapport à cet élément en particulier. Je me souviens aussi d'un film que nous avions regardé dans le cadre d'un de mes cours au cégep. C'était un vieux long métrage en noir et blanc, à l'image sautant par moments, à la bande-son craquant comme du popcorn éclatant à d'autres. Sur l'écran un homme incarnait Sigmund Freud, ce père de la psychanalyse qui a dit que le "rêve est la voie royale de l'inconscient". Je me souviens d'une jeune femme blonde et pulpeuse qui incarnait le rôle d'une de ses premières patientes et qui, allongée sur le canapé, lui racontait un de ses rêves: elle était au pied d'une tour s'érigeant dans un ciel terrible. Freud y voyait un parallèle à faire avec son rapport de femme au phallus. Wow.

Je sais bien qu'il y avait des subtilités que j'oublie et je sais bien que la psychanalyse est une science humaine des plus sérieusement balisées, mais puisque les rêves sont supposés révéler ce que notre autocensure oppresse à journée longue, n'est-il pas plus intéressant de les accueillir selon nos propres modes d'appréhension, en tant que personne aux premières loges pour procéder à l'interprétation du message distordu qu'ils nous livrent? Évidemment, comme pour la psychothérapie, de mettre en paroles tout ce qui court dans notre cabosse pour l'expliquer à un être détaché et professionnel, ça peut porter fruit simplement parce que nous procédons ainsi à une structuration des données et qui dit structure, dit facilité à départir le bon grain de l'ivraie.

Tout ça pour dire que ce matin, quand j'ai ouvert définitivement les yeux à 7 h 18, je sortais tout juste d'un rêve qui m'a ramené à mon enfance et à mon adolescence. Bien sûr, parce qu'on parle de rêve, cet enfance et cette adolescence visités n'étaient pas calqués à la lettre sur la réalité telle que vécue par moi. En gros, dans ce rêve long, je mettais la main sur une boîte de souvenirs. Tiens, tiens en écrivant, en mettant en paroles donc, je viens de faire le lien avec le fait que dans le livre que je lis ces jours-ci, The Cloister Walk de Kathleen Norris, il y a un passage où elle parle d'une boîte de souvenirs. Bon poursuivons. Dans cette boîte, il y avait des photographies qui se transformaient en vidéos. J'y revoyais mes trois meilleures amies de mon époque au secondaire, ma mère dans les allées d'une épicerie et à la fin, je remportais un prix toute petite, peut-être à l'échelle de mes sept ans, pour avoir respecté la hiérarchie et contribuer à améliorer la performance globale de mon équipe dans un contexte de jeu du genre Génies en herbe. Tiens, tiens, en écrivant, en mettant en paroles un nouveau passage de mon rêve donc, je fais le lien avec des conversations auxquelles j'ai participé hier au onzième, où nous venons d'apprendre que notre grand patron ne reviendra plus. En parlant avec des collègues, j'en suis revenue à cette idée que dans notre milieu de travail, l'initiative et le leadership naturels sont des qualités qui dérangent. Le statu quo est un état pépère que certains n'apprécient pas de perdre par la venue d'individus qui proposent de nouvelles façons de faire, un nouveau regard, peu importe que ça soit pour le mieux. Certains ont tellement peur du changement qu'ils figent leur potentiel d'être humain à un niveau qu'ils pourraient facilement dépasser si seulement ils avaient le courage de voir plus grand que leurs petits nombrils.

Je n'ai jamais participé à un jeu du genre Génies en herbe. La seule chose qui pourrait coller à ce prix dans ma vie de fillette, c'est le rôle qu'on m'a attribué dans un camp d'été, un soir initiatique, vers la fin de nos deux semaines passées là. Ce nuit-là, les moniteurs nous avaient tous réunis autour d'un grand tas de bois érigé en forme de tipi. Par groupes d'âge, nous étions supposés suivre un parcours dans la forêt, dans une noirceur terrifiante. Les moniteurs m'ont désigné à la tête de mon groupuscule sous prétexte que j'étais une bonne meneuse, pleine de courage. Sur quoi s'étaient-ils basé pour arrêter leur choix sur moi, je n'en ai aucune idée. Je crois que c'est un peu au hasard vraiment parce que tout ce que je me souviens de moi à cet âge-là, c'est de mon silence observateur et contemplatif. Quoi qu'il en soit, je me suis retrouvée dans ce rôle de guide et je me souviens que j'ai dû rassurer mes compères qui éclataient en sanglots sous le stress de l'épreuve. Nous avions une corde qui nous servait de voie à ne pas lâcher d'entre nos mains et sur le parcours, des moniteurs étaient déguisés en chamans. Je me souviens qu'un d'eux a même dû retirer sa coiffe pour rassurer une jeune fille qui était tétanisée par l'effroi.

Un prix pour avoir respecté la hiérarchie et contribuer à améliorer la performance globale de mon équipe? Décidément, mon inconscient a plus d'ambitions que moi ces jours-ci. Moi, je suis amplement satisfaite avec l'idée de faire de mon mieux pour contribuer à l'ensemble, sans tomber dans le piège de ne plus me réaliser par le dépassement. Au fond, mon ambition, c'est de devenir meilleure que ce j'étais la veille selon ce que je comprends de ce qui propulse vers ce lieu ultime où il fait bon de vivre au quotidien, à chaque respiration et battement de coeur. Et si le onzième est sur mon parcours, qu'il est mon atelier d'apprentissage, c'est parce qu'il recèle des défis à ma mesure, au même titre que ma relation avec M., que mes relations avec ma famille, que tous ces gens réunis matin et soir dans l'autobus qui me voyage. Rien n'est laissé au hasard. À part peut-être l'agencement que notre inconscient choisi pour s'exprimer en rêves et des décisions de moniteurs dans un camp d'été.

1 Comments:

At 3:41 p.m., Anonymous Anonyme said...

Les rêves sont super intéressants, fascinants.

Dans un cours de psycho, la prof nous avait fait mettre un réveil matin (pour une période d'une semaine) au milieu de notre nuit, et quand ça sonnait, on notait tous nos rêves sur un bout de papier à côté. Le matin, au réveil, on ne s'en souvenait pas du tout. Ensuite, à la lecture de ce papier, tout nous revenait...

 

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