unicité commune
Le paradis est sous la brume opaque et laiteuse de ce samedi matin humide et crachotant. Nougat le gros chat est roulée en boule compacte sur son fauteuil à côté de moi. M. court encore dans ses rêves. Le déshumidificateur ronronne en bas et le ventilateur de mon portable vient enfin de se taire. Mes doigts qui suivent les mots qui s'alignent et le craquement de ma chaise pivotante sont les bruits qui trahissent ma matérialité. Je suis dans la pièce orange. Je blogue. Pour tous ceux que ça pourrait intéresser.
Il est précisément 8 h 46 dans le coin droit de mon écran et je n'ai pas encore enfourné mes rôties sur lesquelles j'étendrai une mince couche de confitures fraises-choco que j'ai mitonnées mardi dernier. Je déjeunerai en tête-à-tête avec mon amoureux et je lui raconterai que dans mon dernier rêve, il était question d'un ours et d'une grenouille domestiqués traités pour les puces avec un insecticide vert fluorescent par trop toxique, d'une réunion dans un amphithéâtre avec des gens que je ne connais pas du tout dans le cadre de mon travail et du déchaussement de toutes mes dents du côté gauche. Plutôt, je devrais lui résumer les nouvelles de la scène musicale locale que j'ai lues avant de m'installer ici. Ce serait plus cohérent.
Justement, M. m'a avoué avant-hier soir pendant que nous nous brossions les dents et passions la soie, qu'il avait de plus en plus de difficulté à me lire, que mes longs messages le faisaient décrocher quand l'ensemble partait dans toutes les directions. M. est mon baromètre. Lui qui ne lit un livre complet qu'une fois l'an, pendant ses vacances, est plutôt du genre à parcourir des articles du web et de la documentation reliée à son boulot. Alors s'il me conseille de poursuivre sur un chemin plus léger, j'en prends compte. Étrangement, il est un peu mon imprésario, surtout dans cette aventure dans la blogosphère, considérant qu'il en est l'instigateur.
C'est M. qui, il y a maintenant plus de deux ans, m'a gentiment conseillé de tenter l'expérience. Il me voyait sombrer dans le découragement d'attendre les lettres des éditeurs qui, lorsqu'elles arrivaient enfin au bout de nombreux mois, bien que parfois truffées de mots d'encouragement, ne m'annonçaient jamais le fameux oui, votre manuscrit sera publié. M. lisait deux, trois blogues à l'époque depuis quelques semaines et parce que c'était la "hype" du moment, les auteurs de certains d'entre eux avaient été courtisés par un éditeur, le Septentrion, et des quotidiens, comme Le Journal de Montréal entre autres. Je me suis dit pourquoi pas.
Au début, je n'y croyais pas vraiment. Dans cet océan infini de lieux virtuels, comment est-ce que le mien arriverait à retenir l'attention? Une fois passé ce défaitisme, le goût des mots l'a emporté. Installée devant l'écran, j'ai rédigé un premier message sans trop savoir où tout ça me mènerait. Mon style a d'ailleurs changé. Grâce à cet exercice d'écriture trihebdomadaire en moyenne, j'ai fait ce qu'il faut faire pour progresser avec les mots: j'ai écrit, beaucoup.
Par mes mots, je revois mon cheminement et aucune photographie ne pourrait en faire autant. Je me souviens qu'au cours de mes premiers mois à bloguer, j'ai eu une autre phase de découragement. Les commentaires laissés étaient de plus en plus rares et je désespérais. M. a eu l'idée de remédier à la situation en greffant le parasite localisateur. Depuis, même si aucun de vous n'a envie de laisser une trace de son passage, je sais que vous êtes venus quand même.
Plus ça va, plus je réalise que je suis beaucoup plus vulnérable que je ne pense que je le suis. Bien que le fait d'écrire est intrinsèque à ma nature, je vous attends. Bien que le fait d'accomplir le meilleur travail que je ne le peux au onzième soit intrinsèque à ma nature, j'ai peur que la sauce ne prenne pas. Bien que j'essaie d'être une soeur et une fille présente et attentionnée, je n'y arrive pas toujours et je déçois. Bien que je souhaite un amour fort auprès de M., je peine parfois, consumée par mon individualisme. Bien que j'espère Dieu, je suis souvent trop égocentrique. Je t'entends déjà M-H me dire que je suis humaine, que tout ça est bien normal. Oui, bien normal, je suis bien normale. C'est sans doute la constatation ultime à laquelle orphelins de l'Éden m'aura guidée.
3 Comments:
toi et moi, les deux, tout le monde, on est humain.
Jamais j'aurais osé le dire mais je vais devoir te dire que je suis de même avis que M.
Au bout de 3-4 paragraphes de questionnement intense, je saute des lignes, j'essaie de rester concentrée.. mais.... pas évident !
C'est que t'en a des choses à nous dire ma chère ! Et de plus en plus poussées, moi j'avoue que je ne suis pas aussi cérébrale que toi.. et donc je décroche souvent..
Ça n'empêche pas le fait que ce que je lis m'intéresse beaucoup ! Simplement, j'ai le déficit d'attention un peu atteint je crois hihihi
Bon samedi !
M-H
Chère bloggueuse,
On est toujours là mais parfois, ziwi ne laisse pas des messages faute de temps, ou par choix - genre, pour ne pas alourdir le contenu, ou parce que ça touche trop fort une corde chez elle.
Justement, suite à la belle, triste entrée "Volontarisme", je dirai qu'un énorme nombre de juifs, suite à l'Holocauste (et évidemment survivants, ou descendants de survivants), sont devenus profondément athés, se demandant justement qu'il ne pouvait pas y avoir un dieu qui laisserait tout ça se produire sous ses yeux sans intervenir.
Et justement hier soir, ma mère et son mari Jy. ont soupé avec 2 familles iraniennes arrivées au Québec dans les 8 dernières années tout au plus, qui se sont pronfondément éloignés de la religion, dégoutés par les magouilles politiques ainsi que la manipulation et l'opression qu'exercent les "mollahs" chez eux.
Les croyants disent que Dieu a toujours un plan, et que celui-ci est plus grand/global que les vies individuelles.
Reste que c'est toujours très dur de vivre la méchanceté.
Tu es LA MEILLEURE petite soeur au monde. Sache que tu ne me decois pas et ton coeur est gros comme la terre entiere. Ton album de photo est ds mon salon et je le regarde 2-3 fois par jour, cadeau de ma petite soeur bien aimee...
Je t'aime et a bientot,
Bxo
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