orphelins de l'Éden

11.17.2008

petit monde

Samedi dernier, il y a deux jours donc, M. et moi sommes allés nous asseoir sur les chaises de coiffeuses que nous ne connaissions pas avant. C'est que notre Ml. chérie est disparue tout à coup, emportant ses ciseaux dans sa contrée natale, beaucoup plus au nord de la province. Nous retrouvant sans maître ciseleur, nous avons laissé le hasard nous mener à ce salon de Brossard.

Pendant que j'attendais que la chaise de la coiffeuse qui s'occuperait de moi se libère, je zieutais l'environnement. Une véritable ruche. Une majorité de miss s'activant pareilles aux ouvrières dans leurs rayons. Elles étaient environ une douzaine de coiffeuses, avec autant de clients, sans parler des coloristes, réceptionnistes, esthéticiennes.

Dans ce tourbillon de mouvements, je remarquai une cliente qui venait tout juste de se faire donner la dernière touche par la professionnelle épiant sa réaction. La femme au nez busqué et à la chevelure noire striée de mèches caramels empoigna à pleines mains ses boucles et souleva comme pour leur donner du volume, volume qu'elles avaient déjà. Après un regard amouraché à l'intention de sa propre personne à l'estime cajolée, elle remercia sa coiffeuse et se dirigea à la caisse pour faire sonner sa monnaie, satisfaite.

Cette femme, je l'ai revue ce matin. J'attendais sur le quai à Bonaventure et elle est apparue de l'autre côté. Je l'ai reconnue, elle, son nez busqué, ses cheveux noirs et caramels, gonflés à la perfection. Même à habiter sur la Rive Sud depuis un an et demi, il m'arrive encore de croiser de ces inconnus qui s'imposent à mon attention.

Un jour je comprendrai peut-être en quoi ces glitchs temporels ne sont autre chose que simple clin d'oeil amusant. Comme si la vie tenait à s'imposer, malgré tout. Pour dire que ces moments de contact me retiennent. Pour ne pas que je devienne tout à fait zombie.