orphelins de l'Éden

2.10.2008

interaction interpersonnelle

Hier, nous avons passé plusieurs heures à l'extérieur, à courir en bottes d'un bout à l'autre d'une patinoire raboteuse, dans un parc immense du quartier Pointe St-Charles. Nous étions réunis là pour le trentième anniversaire de Ps., notre ancien voisin. Monsieur adore le hockey voyez-vous alors pour se célébrer il s'est dit quoi de mieux que de jouer avec mes proches une partie improvisée? Et, comme cela, nous nous sommes dirigés vers l'ovale de glace, bâtons à l'épaule, pantalons de neige pour certains, caisses de bières au poing pour d'autres.

Là, tous les calibres se sont confondus dans une première partie affrontant deux équipes établies par la pile de bâtons départie en deux autres piles de nombre égal à gauche et à droite. Tradition de ruelle. Parmi les joueurs, l'âge variait de 3 à 68 ans, de Jl., filleul de Ps. et fils de Pr., son cousin, à F., notre autre ancien voisin. Après plus de quinze minutes de courses ping pong d'un but à l'autre, F. s'est fait plaqué par un participant qui n'a pas réalisé l'âge vulnérable de ce joueur coiffé de sa toque de fourrure. La chute fût brutale, mais c'est surtout le coup de bâton sur le tibia qui n'a pas fait du bien. Une prune bleue verte a poussé en quelques minutes avec en son centre une hémorragie sous-cutanée. F. a eu le bon réflexe de mettre du froid sur la blessure en compactant un peu de neige en boule. J'ai emprunté un cellulaire pour contacter Info-Santé, juste pour faire sûr. L'infirmière a confirmé que le froid, c'était la meilleure chose à faire, combiné à l'élévation du membre, ce que j'avais déjà recommandé à l'éclopé. Ma formation de secouriste m'engage à m'assurer de faire de mon mieux lors d'incidents de la sorte. Disons que ça, additionné à mon côté maternel, ça me rend un peu gaga. Passons.

Les vrais de vrais ont joué pour une autre heure et demie. Quelques fois, lorsque les poumons brûlaient, des pauses s'imposaient et les joueurs en profitaient pour faire le plein d'énergie en sirotant une bonne bière appuyé sur la bande. Tout cet après-midi-là aurait pu prendre place à n'importe quelle époque du 20e siècle. Rituel culturel.





À la toute fin, à la tombée du jour, nous n'étions plus qu'une dizaine et nous avons eu une brève discussion à propos de l'euthanasie. Je crois que c'est de parler de F., de ses 68 ans bien portés, qui nous mené à parler de la vieillesse puis de la mort, de la nôtre qui viendrait éventuellement malgré le développement des technologies qui fait déjà tout pour la repousser, comme si on pouvait empêcher le cours naturel des choses. Après nous être entendus sur le fait que nous allions devoir aborder ce débat social le plus tôt possible compte tenu de la population vieillissante, nous avons nettoyé notre passage en ramassant les bâtons, les bouteilles, les sacs de platisque. Ni vu ni connu.

Arrivés à la maison, les enfants de 9 mois à 11 ans étaient accompagnés de leur parenté. F., qui était rentré avec un groupe plus tôt, s'était entretenu de la Barbade avec la tante de Ps. venue chercher ses petits-enfants pour la soirée. M. et Sm., notre autre ancien voisin, sont partis chercher du vin pendant que F. et moi avons discuté tranquillement de Pr., son amoureuse dont la mémoire flanche de plus en plus souvent, de façon inquiétante. F. se préoccupe d'elle avec tout l'amour qu'il peut et laissez-moi vous dire que c'est beaucoup.

Après quelques tranches de pizza végé englouties, j'ai parlé bébés avec An. et MP, respectivement amie et soeur de Ps. An. m'a montré les couches lavables que sa petite poupée de porcelaine porte et MP nous a expliqué comment elle a dû se faire provoquer lors de ses deux accouchements. L'autre soeur de Ps., AM portait un t-shirt de chez Belle et Rebelle, une boutique située sur la rue St-Hubert où sont vendus des vêtements équitables, de tissus biologiques ou de designers Québécois. Elle m'a expliqué qu'elle adore cette boutique, que j'ai visitée à deux reprises seulement, et qu'elle porte souvent des vêtements dénichés là-bas. Elle en fait souvent la promotion. Je lui dis qu'il faut des gens comme elle pour influencer positivement les autres dans leurs choix. Action, réaction. Pendant ces brèves conversations disparates et d'autres, le téléviseur était allumé pour permettre aux intéressés de poursuivre la journée hockey en regardant le match opposant les Habs aux Sénateurs qui n'en ont fait qu'une bouchée.

M. et moi avons quitté avec F. qui voulait rentrer tôt. Dans la voiture, il nous expliqua que pour lui, les bébés, la télé, les réunions familiales, c'était épuisant bien qu'il était heureux de l'invitation de Ps. et J., son amoureuse. Nous sommes montés à son appartement prendre un verre avant de reprendre la route direction le paradis. C'est moi qui aie conduit Jasmine la Fit à bon port. M. et moi nous sommes endormis collés, épuisés d'une belle fatigue.

Socialiser autour de bonnes valeurs, ça recharge les batteries et ça hausse d'un cran l'espoir en la race humaine. Rien de moins.